Symbolique du clocher

Tours et clochers.

A l’origine, dans les plus vieilles églises romanes connues, il n’y avait pas de clocher: les tours n’étaient pas destinées à recevoir des cloches. C’est le cas à Soulme où la tour fut construite au XIe siècle, peut-être avant même que n’existe l’église proprement dite. Elle servait uniquement de tour de guet et de lieu de refuse pour les villageois en cas de conflit.

La tour a un symbolisme solaire qui est en liaison avec celui de l’édifice orienté. C’est un index solaire symbolisant le gnomon primitif destiné à relever sur le sol le parcours primitif du soleil, à déterminer la zone dans laquelle se déplace le point des levers de soleil à l’est, à fixer les moments des solstices et des équinoxes, à déterminer l’espace compris entre le minimum d’hiver et le maximum d’été. C’est l’obélisque des égyptiens, le menhirs des bretons...

Les tours et clochers ont également un symbolisme ascensionnel tout à fait spécifique: ils montent à l’assaut du ciel et sont à l’image de la montagne qui servit de modèle à de nombreuses traditions religieuses: les pyramides d’Egypte, les ziggourat sumériennes et les temples hindous sont des temples-montagnes.

Dans le symbolisme médiéval, la tour est souvent assimilée à la Tour de David, à une image de Marie et de l’Eglise ou parfois au prédicateur ou au prélat qui avertit et instruit les hommes, cette dernière interprétation établissant un lieu évident entre la fonction première de la tour de guet et sa fonction symbolique.

La tour romane de l'église de Soulme, vue du sud.

Les cloches.

Les cloches d’une église possèdent un caractère sacré indéniable. Lors de son placement, lors de son incorporation au domaine sacré, la cloche est considéré comme un néophyte: elle est baptisée (c’est-à-dire purifiée à l’eau), purifiée par l’encens, ointe d’huile, décorée d’une « robe » blanche. Enfin, on lui donne un nom. La cloche n’a donc pas seulement la fonction utilitaire d’appeler les fidèles à l’église, de les avertir d’un danger, de les prévenir d’un événement important, elle a aussi une signification sacrée.

Le son produit par un instrument métallique, souvent en bronze, indique la présence du sacré: que l’on pense notamment au bruit des clochettes lors de l’élévation dans le rite chrétien. Le « bruit sacré » a aussi pour fonction d’effrayer les démons, de repousser les influences néfastes et d’exorciser par ses vertus purificatrices. Par les ondes sonores qu’elle propage, la cloche remplit, purifie et sacralise l’air et l’espace en repoussant les assauts démoniaques loin du temple chrétien et des habitations.

Les cloches étaient souvent gravées de formules de conjuration destinées à repousser les orages jusqu’à ce qu’on se rende compte que les vibrations de l’air qu’elles produisaient avaient plutôt tendance à attirer la foudre. Vu le nombre élevé de sonneurs de cloches foudroyés, il fut bien vite nécessaire d’interdire cette coutume des sonnailles destinées à repousser les orages.

Les grands événements du village ont toujours été signalés par le son des cloches. Les auvents du clocher sont dirigés vers les habitations et les champs afin que les cloches soient entendues sur toute l’étendue de la commune.

L’église de Soulme possède actuellement deux cloches. La première date de 1833, pèse 350 kg. et fut fondue par Lainville Frères. La seconde fut placée en 1943: fondue par G.Slegers, petit-fils de Causard à Tellin, elle s’appelle Marie et est dédiée à Notre Dame de Beauraing. Elle remplace la cloche de 1899, dénommée Marie-Joséphine, enlevée par l’occupant allemand en 1943 et qui était dédiée à sainte Colombe.

A signaler qu'il existe également à Soulme, comme dans certains villages voisins, une tradition de cloches englouties...