Rue du Ruage

La rue du Ruage doit son nom à un ancien ruisseau ou ru qui la traversait.

On peut en effet noter qu'elle est exactement dans l'alignement d'un sentier qui la prolongeait jadis dans sa partie supérieure, du mur qui ceinture le cimetière, d'un puits situé dans le jardin du presbytère et de la rue qui descend vers la scierie, voisine de la mare qui alimentait la brasserie.


La rue est presque uniquement construite du seul côté nord, les façades des maisons étant ainsi orientée au sud. L'autre côté de la rue est donc principalement réservé aux jardins partiellement clôturés aujourd'hui par un mur peu esthétique.

Les différentes constructions de cette rue datent, avec leurs dépendances, du XIXe siècle. Les volumes contigus, souvent transformés, sont couverts de toitures qui s'étagent successivement selon la pente du terrain.

La rue du Ruage dans les années 1950.

La rue du Ruage dans les années 1960 (habitations disparues en 1996).

N°6.

La façade de cette habitation, complété par une grange, a été complètement modifiée aux XXe et XXIe siècles par le percement de baie horizontales et par la rénovation de la façade, ce qui lui a fait perdre tout cachet d'authenticité.

A gauche de la grange un sentier mène au lieu-dit Falize et permettait jadis aux ouvriers carriers habitant le village de se rendre aux carrières de Vodelée en prenant un raccourci à travers les pâtures dont les clôtures étaient munies de tourniquets.

A droite de l'habitation, un sentier prolonge la rue du Ruage et rejoignait un autre sentier qui marquait la limite des jardins.

N°7.

Cette maison avec étable date de la première moitié du XIXème siècle. Le logis possède deux niveaux à une travée. On notera que la porte de l'étable sous fenil, aujourd'hui murée, était jumelée avec la porte du logis (cachée par un bac à fleur sur la photo ci-dessous). A droite de la façade, une autre porte donnait jadis accès à un second corps de logis.

Cette habitation possédait un jardin situé en face, de l'autre côté de la rue.

N°8.

La façade du corps de logis et de l'étable sous fenil de cette fermette ont été profondément modifiés au XXème siècle, notamment par le percement de baies horizontales et d'une porte de garage.

Cette habitation était jadis constituée d'un corps de logis à gauche et d'une étable sous fenil à droite. La porte du logis et celle de l'étable étaient jumelées et leurs linteaux, situés à même hauteur, se prolongeaient par celui de la fenêtre de l'étable au-dessus de laquelle se trouvait la baie du fenil. A gauche de la porte d'entrée, la fenêtre du logis possédait un linteau rehaussé par rapport à la porte d'entrée. L'étage, assez haut, était éclairé par un baie située au-dessus de la porte d'entrée du logis.

A gauche du logis, légèrement en retrait, la grange et l'étable qui y est adjointe ont été rehaussés postérieurement en brique. La façade a ensuite été remodelée en 2001 pour y aménager l'entrée principale de l'habitation. On peut comparer ici l'aspect différent d'une maçonnerie en moellons assisés avec la maçonnerie plus rustique de la maison voisine du n°7.

N°9.

Comme sa voisine, cette habitation est également constituée d'un corps de logis et d'une étable sous fenil dont les portes sont jumelées. Les baies du corps de logis ont été modifiées.

N°10 et 11 (disparues en 1996).

Les habitations n°10 et 11 ont aujourd'hui disparu suite à leur abandon. Complètement ruiné, le n°11 s'est effondré en août 1996, provoquant des dégât au n°12 de la rue Sainte Colombe. La démolition du n°11 a entraîné, pour des raisons de sécurité, la démolition du n°10, lui aussi abandonné.

La rue du Ruage en septembre 1996, avant la démolition des deux maisons.

N°10.

Le n°10 était constitué d'un corps de logis avec étable sous fenil. Lors de la démolition des n°10 et 11, le mur mitoyen entre les deux habitations se révéla être constitué d'un simple colombage.

Mur de refend entre les n°10 et 11 de la rue du Ruage en 1996, lors de la démolition des immeubles.

Le rue du Ruage au début des années 1980.

Les n° 10 et 11 de la rue du Ruage en septembre 1996.

N°11.

Le n°11 était constitué, de gauche à droite, d'une étable sous fenil, d'un logis d'une seule travée avec étage sous gouttière assez réduit et d'une grange avec arc en anse de panier.

Le mur séparant la grange et le logis, comme les murs intérieurs de l'habitation, étaient constitué de colombages et de torchis.

Cette fermette était séparée de la grange du n° 12 de la rue Sainte Colombe par une petite ruelle permettant d'accéder aux jardins.

Le n°11 de la rue du Ruage à la fin des année 1980 et vers 1995.

Démolition des n°10 et 11 de la rue du Ruage en octobre 1996.

La rue du Ruage en 1997, après la démolition des n°10 et 11.

Vers l'Avenir - Vendredi 30 août 1996.

C'est le pignon droit de la maison en ruine qui s'est écroulé. En s'effondrant, il a percé la toiture de l'habitation voisine.

SOULME - Une maison abandonnée s'effondre.

Grosse frayeur au centre de Soulme jeudi matin. Le pignon d'une maison délabrée, rue du Ruage, s'est effondré sur la grange, heureusement inoccupée, de l'habitation voisine. Les dégâts pourraient s'élever à près d'un million de francs. Le bourgmestre de Doische, André Belot, met en cause la lenteur des procédures administratives de démolition.

Le vente et la forte pluie qui régnaient sur le pays, jeudi, ont eu raison de l'habitation délabrée, au n°11 de la rue du Ruage, en plein centre de Soulme.

Peu après 12h 15, le pignon droit de cette ruine s'est soudainement écroulé. L'incident n'aurait eu aucune conséquence si une partie du mur n'avait traversé le toit de la grange de l'habitation contigüe, au n°12 de la rue Sainte Colombe. Cette maison est occupée par Mme Lambert et ses enfants.

Sous le poids des blocs de pierre, la toiture de la grange s'est à son tour effondrée, laissant entrevoir une large portion de ciel. On frémit à l'idée que les enfants de Mme Lambert aient pu se trouver dans la grange au moment de l'effondrement.

Adeptes de courses de mobylettes et de motos, les jeunes gens y ont installé un atelier de répération. S'ils avaient été présents, ils auraient reçu plusieurs centaines de kilos de cailloux et autres débris sur la tête!

Le chien sous les décombres.

En revanche, le chien de la famille a eu moins de chance.

Abrité de la pluie dans la grange, il a été complètement recouvert par les gravats. Les ouvriers communaux de Doische appelés à Soulme ont heureusement pu le dégager à temps.

La pauvre bête est indemne. Les dégâts sont toutefois considérables chez Mme Lambert: plusieurs motos et mobylettes ainsi que divers outils ont été endommagés par l'éboulement. La toiture arrière est à refaire. le préjudice pourait s'élever à près d'un million.

Présents peu après l'écroulement de la bâtisse, le bourgmestre André Belot et l'échevin Adelin Defoin ont pris les mesures nécessaires pour assurer la sécurité de la population. Dans un premier temps, la police de Doische a placé une déviation pour fermer la rue du Ruage.

Puis des ouvriers communaux, équipés d'un tracto-pelle, ont abttu ce qui restait du pignon branlant.

Une opération menée avec prudence tant l'ensemble du "bâtiment" est instable.

Vient alors le temps des questions. Comment un tel chancre a-t-il pu subsister au centre de Soumme et constituer un péril pour la population? "Nous essayons de régler ce problème depuis des années, se plaint le bourgmestre Belot. Cette maison est abandonnée depuis 1991. Il y a un an, nous avons mis en demeure la propriétaire, Mme Renson, de Namur, de restaurer son bien. Mais rien n'a été fait!"

L'Urbanisme débordé.

Dans ces conditions, la commune de Doische a entamé la préocédure de démolition. Mais il s'agit d'un parcours du combattant! C'est qu'il faut l'accord du conseil communal, de la Députation permanente de la province et enfin de l'Urbanisme.

"Nous avions émis notre arrêté de démolition la 3 juin et nous avions l'accord de la députation, s'énerve le mayeur de Doische. Mais nous attendons toujours l'autorisation de l'Urbanisme. Avant la démolition, le bâtiment doit être examiné par un architecte du service, mais il est débordé. Dernièrement, l'Urbanisme nous avait écrit qu'il avait jusqu'au 20 septembre pour statuer."

Le problème est que la maison n'a pas attendu cette date pour s'effondrer! Las des lenteurs administratives, le bourgmestre a décidé de prendre le taureau par les cornes. Devant le danger représenté par la ruine, il va procéder dans les plus brefs délais à son abattage.

Par la même occasion, la maison voisine, le n°10, subira le même sort. Propriété en indivision, elle aussi menace de s'écrouler, d'autant que le peu de soutien apporté par la ruine voisine n'existera plus. Pour le bourgmestre de Doische, la sécurité des citoyens prime avant l'administration! Qui pourrait lui en tenir rigueur?

Jean-Luc HENRARD.

Nouvelle Gazette - Journal de Charleroi - Vendredi 30 août 1996.

A l'aide d'une pelle mécanique, les ouvriers communaux ont détruit les restes du pignon branlant.

Soulme - Vent de pluie - Une maison s'effondre.

Il était aux environs de midi hier, quand le pignon d'une maison vétuste et d'ailleurs en voie de démolition s'est effondré. Les pierres, dans leur chute, ont provoqué d'importants dégâts à la grange d'une maison voisine.

Soulme, dans l'entité de Doische, est un charmant petit village, d'ailleurs repris dans la liste des "plus beaux villages de Wallonie". Et il est vrai que ces maisons de pierre ne manquent pas de charme...

Certaines de ces bâtisses sont très vétustes et, pour peu qu'elles ne soient pas entretenues, en arrivent à constituer une menace pour la sécurité et ce, malgré la vigilance de l'administration communale qui, au besoin, entreprend les procédures pour que les bâtiments soient restaurés ou, en finale, démolis.

Et c'est précisément ce qui s'est passé ce jeudi vers midi. A la rue du Ruage, au centre du village, le pignon de la maison n°11, appartenant à une Mme Renson, domiciliée rue Joseph Arnould, 6 à Namur, a du s'incliner face à la force des vents et des ardeurs de la pluie.

Une grande partie des pierres de ce pignon sont tombées sur le toit d'une grange contigüe, partie de la maison de Mme Lambert, rue Ste-Colombe, 12. Cette grange, transformée en garage et remise, contenait de nombreux objets, du matériel, ainsi que des véhicules de valeur, notamment des motos de cross et des mobylettes de compétition. Tous ces dégâts peuvent être estimés à plus d'un million de Frs.

Fort heureusement, il n'y avait personne dans cette grange au moment des faits. Par contre, le chien de Mme Lambert s'y trouvait. Il a été enseveli sous de gros blocs de pierre et on se demande comment il a pu réchapper de cette situation, indemne, après avoir été dégagé par les ouvriers communaux.

"Une vieille histoire"

La chute du pignon de cette vieille maison n'a pas vraiment étonné le bourgmestre Belot, ni les échevins Defoin et Brasseur, qui se sont rendus sur place.

Le N°11 de la rue du Ruage était inoccupé depuis plusieurs années. L'administration communale, constatant l'insalubrité du bâtiment et la menace de chute qu'il présentait, avait entamé des procédures dont l'issue devait être la démolition non seulement de cette maison n°11, mais aussi du bâtiment n°10, lui aussi en piteux état et de propriétaires "non connus": ce dernier immeuble est en effet en indivision.

Sur la porte du n°10 et sur celle du n°11, des avis officiels, datés respectivement du 5 août 96 et du 3 juin 96, témoignent de la volonté des administrateurs communaux de voir aboutir cette procédure visant à la démolition des immeubles concernés. Concernant la maison dont le pignon s'est effondré, l'avis précise que la propriétaire "n'a pas réagi et n'a même pas pris la peine de prendre son pli recommandé", pli qui lui avait été adressé en date du 8 mai 1995.

La Députation Permanente a fait savoir qu'elle ne s'opposait pas à la démolition. Par contre, l'avis de l'urbanisme était toujours attendu hier. Mais compte tenu des circonstances, le bourgmestre Belot pourrait ne pas attendre cet avis et faire procéder à la démolition des bâtiments.

En attendant, le quartier a été interdit à la circulation routière et des ouvriers communaux ont fait tomber ce qui constituaiet une menace immédiate.

B. Theis.

Soulme 1996 - Effondrement maison Ruage.pdf

Vers l'Avenir - 9 janvier 1997

Tribunal civil de Dinant

La commune de Doische condamnée pour la maison effondrée à Soulme.

Le tribunal des référés civils de Dinant a condamné la commune de Doische, dans l'affaire de la maison effondrée de Soulme. La commune de Doische devra débourser 400.000 F, comme première indemnisation de la voisine, victime de la situation.

Parce qu'elle a manqué de diligence dans un problème de maison d'un des administrés qui menaçait ruine, la commune de Doische vient d'être condamnée par le tribunal des référés civils de Dinant.

Nous y avons déjà largement fait écho: à Soulme, rue Sainte Colombe, une maison en ruines appartenant à une habitante de Flawinne, menaçait depuis plusieurs années la maison voisine, appartenant à Mme Christiane Lambert.

L'effondrement redouté se produisit en août 1996, la veille du jour où la commune avait décidé de faire entrer un bulldozer en action. Et les menaces d'effondrement de la maison voisine se précipitèrent, au point ue les experts l'estimèrent inhabitable. Selon eux, la vie de son habitante était en danger, et elle fut donc contrainte de trouver un autre logement, à Corenne.

Le déménagement forcé, et la somme importante des travaux à engager pour préserver son immeuble, mit la situation financière de Mme Lambert en difficulté. Ce qui l'amena à envisager une action en justice.

C'est la formule du "référé provision" qui fut lancée par son avocat, Me D. Remy, contre la propriétaire de l'immeuble vooisin, et, chose plus rare, contre la commune de Doische. L'affaire fut plaidée à la mi-décembre, au tribunal civil de Dinant devant le président Francis.

Devoir communal: veiller à la sécurité.

L'avocat invoquait en efet le devoir de toute commune de veiller à la sécurité de ses habitants, ce qui n'avait pas été le cas, estimait-il.

La propriétaire de l'immeuble effondré faisait défaut à l'audience des référés. La commune de Doische, elle, par la voix de Me Wéry, y avait répliqué à l'accusation de négligence, soulignant qu'elle avait lancé plusieurs mises en demeure à la propriétaire négligente, depuis 1990. Mais celle-ci faisait la sourde orielle.

Dans son ordonnance, le président Francis fait droit aux réclamations de la voisine forcée de déménager. Il admet le caractère urgent de la demande de la provision formulée pour engager les travaux de consolidation, principalement en fonction de la situation matérielle précaire de la plaignante.

Le juge estime qu'il y a bien eu "manque de diligence de la part de la propriétaire de l'immeuble voisin effondré et de la commune, dans des mesures qu'il appartiendra au juge du fond d'apprécier". Ces termes de droit signifient que c'est un autre juge qui devra examiner plus tard tout le litige civil, et évaluer les responsabilités respectives.

En conclusion, la propriétaire de Flawinne, qui ne donne plus signe de vie, et la commune sont solidairement condamnées à payer, comme provision (première avance) une somme de 400.000 F. Plus un supplément de 29.803 F réclamés comme dépens.

L'ordonnance rendue pourrait maintenant être attaquée en appel, mais cette nouvelle procédure ne suspendrait pas l'obligation pour la commune de payer les 400.000F. Il semble en revanche évident que les autorités communales vont tout faire pour récupérer les débours de la caisse communale auprès de la propriétaire de l'immeuble laissé à l'abandon, et cause de tous lesmaux.

P.B.

Le Soir - Jeudi 9 janvier 1997.

L'effondrement d'un immeuble en ruines avait lésés un voisin.

Doische versera une provision à un habitant.

Le 31 décembre dernier, lors d'une audience extraordinaire, le tribunal de référts de Dinanr a rendu un jugement inhabituel condamnant l'administration communale de Doische à verser à un préjudicié une somme de 400.000 francs à titre de provision, en réparation d'un dommage causé par une tierce personne.

A la fin du mois d'août dernier, un immeuble en ruine situé à Soulme, entité de Doische, s'effondrait, occasionnant de graves dégâts à la maison contigüe, la rendant inhabitable à tel point que les experts avaient ordonné à son propriétaire de quitter la maison. Si la responsabilité du propriétaire du bâtiment en ruine a été mise en cause, il en a été de même pour celle de l'administration communale, cette dernière étant chargée d'assurer la sécurité publique sur l'ensemble de son territoire.

Pour ces raisons et à cause de sa situation financière modeste, le propriétaire malchanceux a entamé une procédure assez rare de "référé-provision", une procédure qui ne peut avoir de réalité que s'il y a urgence et si le droit du préjudicié n'est pas contestable. En la matière, le droit du préjudicié n'étant pas contestable, le tribunal a estimé que l'urgence résultait essentiellement de la situation matérielle précaire du demandeur qui ne pouvait pas faire face à ses obligations, à savoir entreprendre la réparation dans l'immédiat de sa maison.

la provision qui devra lui être versée a été fixée à la somme de 400.000 francs. Toutefois si la commune de Doische devra avancer cette somme, elle pourra bien sûr la réclamer auprès du "fauteur", à savoir le propriétaire du bâtiment qui s'est effondré.

B.