Cloches

Les grands événements du village ont toujours été signalés par le son des cloches. Les auvents du clocher, situés au nord et au sud, sont dirigés vers les habitations et les champs afin que les cloches soient entendues sur toute l'étendue du village. Les deux auvents étaient jadis de taille identique, mais celui du sud a été réduit à sa plus simple expression.

Selon la tradition, lors de la Révolution Française, les cloches de l'église auraient été cachées dans une crevasse rocheuse peu profonde située dans le "pré au gouffre". On ne les aurait malheureusement jamais retrouvées. Le thème folklorique des cloches englouties est largement répandu et est souvent combiné avec d'autres légendes.

Marque sur la charpente du clocher figurant les initiales A - H.

Cloche de 1833.

En 1833, une nouvelle cloche pesant 700 livres fut placée au jubé pour la somme de 1.330,35 fr. Elle devait être entendue de tout le village. Elle est actuellement toujours en place. Décorée de bandes horizontales simples et, dans sa partie inférieure, d'un Christ en croix et d'une Vierge portant l'enfant Jésus, elle porte le texte suivant:

FONDUE EN 1833 PAR LAINVILLE FRERES

J'APPARTIENS A LA COMMUNE DE SOULME

Cloche "Marie-Joséphine" de 1899.

En 1899, le Conseil de la Fabrique d'église décida de placer une nouvelle cloche en bronze de 738 kg. et sonnant le fa dièse. Elle fut fondue par les établissements A.Causard, successeur de G.Slegers-Causard à Tellin, dans la province de Luxembourg, et portait l'inscription suivante:

JE SUIS DÉDIÉE À STE COLOMBE

JE M'APPELLE MARIE-JOSÉPHINE

J'AI ÉTÉ BAPTISÉE LE 31 JUILLET 1899

PAR MR. LE DOYEN DE FLORENNE

MR L'ABBÉ DOCQ ÉTANT CURÉ

DE LA PAROISSE DE SOULME

Les frais d'acquisition de cette nouvelle cloche ne furent portés en compte qu'en 1901 pour la somme de 2.518,40 fr. Le transport de la cloche et le placement d'une pierre servant de contre-poids coûta 8 fr.

En juillet 1941, l'occupant allemand interrogeait les bourgmestres de la région sur la nature des bâtiments publics. C'est ainsi que les Allemands apprirent que le clocher de Soulme, haut de 15 mètres, renfermait deux cloches en bronze pesant 200 kg., poids sans doute volontairement sous-évalué afin d'éviter la convoitise.

Les cloches de la plupart des églises furent enlevées en 1943 pour pallier au manque de bronze. La cloche de 1899, aujourd'hui disparue, fut donc enlevée le 29 décembre 1943 par les Allemands et, photographiée, elle fut reprise l'année suivante dans l'inventaire de l'Institut du Patrimoine Artistique.

La cloche "Marie-Joséphine" de 1899, telle qu'elle apparaît dans l'inventaire de l'Institut du Patrimoine artistique.

Photo © KIK-IRPA Bruxelles

A la fin des hostilités, un grand nombre de cloches furent retrouvées intactes en Allemagne et rapatriées dans leur paroisse d'origine. Malheureusement, ce ne fut pas le cas à Soulme et, après la guerre, il fallut penser à remplacer la cloche réquisitionnée.

Harry Schuermans, un ancien habitant de Soulme, a participé à l'inventaire des cloches enlevées par les Allemands ainsi qu'à leur récupération après la seconde guerre mondiale. Il a relaté cet épisode de la seconde guerre mondiale dans un documentaire de la RTBF en 1996.

Cloche "Marie" de 1954.

Le placement d'une nouvelle cloche fut décidé en 1948, mais ce n'est qu'en 1954 qu'elle fut bénie par le curé Baudard. Elle fut électrifiée en 1956 pour la somme de 11.500 fr. Cette cloche, toujours en place à côté de celle de 1833, porte le texte suivant:

OFFERTE PAR HONORE CAUSSIN ET JOSEPHINE DELOBBE

MA SOEUR FUT VOLEE LE 29 DECEMBRE 1943

DEDIEE A NOTRE DAME DE BEAURAING

JE M'APPELLE

MARIE

JE CHANTE A NOUVEAU LA GLOIRE DU SEIGNEUR

LES JOIES ET LES DEUILS DE MON PEUPLE

J'AI COMME PARRAIN JOSEPH DELOBBE

ET COMME MARRAINE JOSEPHINE HAMOIR

JE FUS BENITE EN L'ANNEE MARIALE 1954

SOUS LE PASTORAT DE M.L'ABBE BAUDART

FONDEUR G.SLEGERS LE PETIT FILS DE CAUSARD-TELLIN

1985-1986 - Les cloches menacent de tomber...

Une visite inopinée dans le clocher de l'église révèle en 1985 que la charpente supportant la toiture et les cloches est complètement rongée par l'humidité et s'effondre déjà en partie... Le clocher risque donc de tomber...

Les autorités locales et communales sont prévenues, la circulation dans la rue interdite et le culte dans l'église interrompu. Les travaux sont ordonnés rapidement et la poutre en bois défectueuse remplacée par une poutre métallique. Le clocher sera ainsi préservé.

Par la même occasion, on procède au nettoyage du plancher disposés sous les cloches et qui était envahi par la fiente des pigeons. Les abats-sons sont protégés afin que ces oiseaux ne pénètrent plus dans le clocher.

Dans l'arrêté communal du 10 janvier 1986, reproduit ci-dessous, "levant l'interdiction d'actionner les cloches et de célébrer le culte en l'église paroissiale de Soulme", on ne manquera pas de noter que celui-ci fait référence à d'ancienne lois datant de la Révolution Française, plus précisément des 14 décembre 1789, 16 et 24 août 1790. Il ne faut pas oublier que la région de Soulme était annexée à la France en 1795 et que le décret sur les municipalités française s'applique donc. Le second décret stipule, quant à lui, que "les autorités communales ont l'obligation d'assurer la salubrité, la sécurité et la tranquillité des habitants, de satisfaire les besoins vitaux de la collectivité et ceux de la commune et de sauvegardr l'intérêt général."

Soulme 1986 - Cloches.pdf