Symbolique des nombres

Harmonie des nombres.

Comme nous l’avons vu précédemment, la géométrie est à la base de la conception de l’architecture sacrée. La géométrie traduit la complexité de l’univers et la difficulté d’appréhender le divin. C’est donc une science sacrée.

La beauté de l’univers est due à une science mathématique, à une combinaison de nombres qui règle sa structure et ses mouvements. La nature est arrangée, dans son ensemble comme dans ses parties, par des nombres qui l’ordonnent.

En construisant l’édifice religieux sur base de cette mathématique, le bâtisseur va tenter de rejoindre l’harmonie divine en donnant une impression de perfection, une ambiance subtile et inexplicable qui feront des édifices religieux les monuments élevés à la gloire divine.

Voici les différentes significations symboliques couramment attribuées aux nombres:

1 - UN.

Le 1 est l’unité et la synthèse; c’est le symbole de l’unique, de Dieu. Représenté par un trait vertical, il représente Dieu qui descend vers l’homme et l’homme qui monte vers Dieu. Le 1 est aussi faiblesse puisqu’il fait fi des différences.

2 - DEUX.

Premier nombre pair, nombre « matrice » (voir le nombre 5), le 2 représente la dualité, la lutte entre le bien et le mal. C’est la dualité du corps et de l’âme, de l’humain et du divin, de l’homme et de la femme, du mâle et de la femelle, de l’est et de l’ouest, de Caïn et Abel, de l’Ancien et du Nouveau Testament.

3 - TROIS.

Premier nombre impair, nombre « mâle » (voir nombre 5), le 3 représente la triade égyptienne père, mère et fils (par exemple Ptah, Sekhmet et Nefertoum), la trinité divine, Dieu le Père, Dieu le Fils et le Saint Esprit. Beaucoup de religion honorent un dieu à la triple personnalité.

Dans les récits et les textes anciens, une durée de 3 jours représente symboliquement un temps court. Le Christ passe trois jours dans son tombeau.

Le 3 se retrouve souvent dans les récits bibliques et dans les édifices religieux: 3 portails d’entrée, 3 nefs, 3 volumes (clocher, nef et choeur).

La Bible se lit suivant trois sens: historique, allégorique et sacré.

4 - QUATRE.

La structure des êtres inorganiques est basée sur des figures régulières résultant du type cubique ou hexagonal. Le 4 représente les 4 points cardinaux et la relation de l’homme avec l’univers (devant, derrière, à gauche, à droite). Il a une signification cosmique.

Ils y a 4 fleuves de la création: le Phison, le Gihon, le Tigre et l’Euphrate qui inondent la terre et régénèrent l’univers. Il y a aussi 4 évangélistes: Mathieu, Marc, Luc et Jean représentés par l’aigle, l’ange, le boeuf et le lion.

5 - CINQ.

Le 5 est un nombre nuptial car il unit le premier nombre pair appelé « matrice » (2) au premier nombre impair appelé « mâle » (3).

C’est aussi le nombre de l’harmonie, de la beauté, en particulier dans le corps humain composé de 5 extrémités (tête, jambes et bras). C’est le chiffre du monde sensible car l’homme possède 5 sens (vue, ouïe, odorat, toucher, goût) et les poissons et volatiles furent créés le 5ème jour.

L’étoile à cinq branches est le symbole de l’amour créateur, de la beauté vivante et harmonieuse: les polygones étoilés livrent des rythmes basés sur le nombre d’or.

La structure des êtres organiques est basée sur une symétrie pentagonale qui révèle un rythme de croissance vivante.

Le 5 est un chiffre mystérieux et secret réservé aux initiés (kabbale).

6 - SIX.

Le 6 représente la puissance du Christ: la création du monde fut réalisée en 6 jours.

666 est le nombre de la Bête (Apocalypse, 13, 11 et 18)

7 - SEPT.

Le 7 est un chiffre qui revient très souvent dans la Bible: les 7 péchés capitaux, les 7 sacrements (baptême, confirmation, eucharistie, pénitence, mariage, sacerdoce, extrême onction), rayonnement des 7 églises de l’Apocalypse. Le 7ème jour de la création est un jour de repos. Souvent, on sacrifie 7 animaux et on fait 7 aspersions de sang.

8 - HUIT.

Le 8 est le symbole de la renaissance par le baptême: les fonts baptismaux sont souvent hexagonaux.

Il y a 8 béatitudes et 8 tons en musique grégorienne.

888 est le chiffre correspondant au nom de Jésus en Grec: le 888 est le résultat de l’addition des six lettres grecques composant le nom IHCOVC avec I(10) + H(8) + C(200) + O(70) + V(400) + C(200) = 888

9 - NEUF.

Le 9 est le nombre de choeurs des anges. C’est la trinité par excellence puisque c’est une multiplication de 3 par lui-même.

10 - DIX.

Le 10 est le nombre même de l’univers composé de la somme des quatre premiers nombres (1+2+3+4=10); c’est la base de la génération de tous les nombres figurés et des accords musicaux essentiels.

Les nombres dans l'église de Soulme.

Pourrait-il exister dans l’église de Soulme une symbolique basée sur les nombres? Comme nous l’avons déjà vu à maintes reprises dans cette étude, les nombres 3 et 4 y apparaissent très souvent.

Il y a en effet, visibles à l’extérieur de l’église:

  • 3 volumes principaux: le choeur, la nef et la tour-clocher,
  • 3 baies sur chacune des façades latérales, décorées dans leur partie supérieure d’un remplage trilobé (le trèfle symbolise la résurrection et est construit sur base du sceau de Salomon aux deux triangles entrelacés),
  • 3 petites baies, aujourd’hui obturées, sur le chevet plat du choeur,
  • 4 côtés aux carrés formant la base de chacun des volumes de l’église.

A l’intérieur de l’édifice, on peut voir également:

  • 3 travées transversales: la nef centrale et ses deux collatéraux (ou bas-côtés),
  • 3 travées longitudinales avec 3 arcs brisés,
  • 3 autels: un autel majeur dans le choeur et deux autels secondaires dans les collatéraux,
  • 4 colonnes aux centre de la nef,
  • 4 demi-colonnes engagées dans les murs aux extrémités de la nef,
  • 4 fenêtres dans le choeur,
  • 4 têtes décorant les fonts baptismaux,
  • 4 feuilles d’eau décorant le piédestal des fonts baptismaux.

Etant donné que l’église est symétrique par rapport à son axe longitudinal, on retrouve également le nombre 2 qui apparaît dans:

  • 2 collatéraux,
  • 2 colonnes de part et d’autre du choeur,
  • 2 travées dans le choeur,
  • 2 cloches.

Fût de colonne à huit côtés.

Dès lors, on retrouve forcément quelques multiples et 3 et de 4:

  • 6 baies dans le nef
  • 8 côtés aux fûts et chapiteaux des colonnes.

L’utilisation des nombres dans l’église de Soulme est donc relativement simpliste, ce qui n’est pas étonnant pour un édifice rural particulièrement modeste, édifié par et pour des gens modestes. Cette utilisation des nombres n’en est pas moins chargée d’une symbolique évidente: le 4 fait référence au carré, forme traditionnellement et symboliquement terrestre, bien adaptée à la rusticité du lieu et de la communauté villageoise; le 3 est le nombre du ciel et de l’âme et représente la divine trinité. On a donc ici l’alliance entre le matérialisme terrestre et l’élévation spirituelle, entre la rusticité campagnarde et la noblesse de l’âme.