Le Batty

L'église Sainte-Colombe et l'alignement des marronniers et des tilleuls du Batty.

Le Batty, bordé d'une belle rangée de 7 marronniers et d'un tilleul, longe l'église, le cimetière et le jardin du presbytère. Cette sorte de place communale, qui est actuellement dénommée rue Sainte Colombe, était jadis une sorte de vaste usoir communal, au sol damé ou "battu" (d'où le nom de "Batty"), servant au battage et à l'entreposage occasionnel du matériel agricole.

En sa séance du 19 octobre 1898, le Conseil communal de Soulme décida de "planter sur le Batty des marronniers d'un côté et des épicéas le long des terres". Les épicéas ne semblent pas avoir été jamais plantés. Le 3 juillet 1901, le Bourgmestre et les échevins décideront de "garantir les arbres du Batty avec des pieux et des fils de fer alentour". Ces travaux seront effectués par Joseph Mauclet pour le prix de 4,20 francs. Malheureusement, cette protection ne suffira pas et, le 12 juillet 1903, il sera nécessaire de "planter des épines à l'entour des arbres", sans doute afin de les préserver de la voracité des bestiaux.

En 1930, lors des festivités du centenaire de l'indépendance de la Belgique, un tilleul fut planté dans la rangée des marronniers. Une plantation identique s'effectua d'ailleurs dans de nombreux autres villages lors de ces festivités.

L'ensemble de l'église Sainte-Colombe et de ses abords fut classé comme site, en raison de sa valeur historique et esthétique, par un arrêté royal du 6 février 1979.

Néanmoins, en 1984, malgré le classement du site, les marronniers furent menacés d'un abattage systématique par la commune en raison de leur vétusté et du danger qu'ils représentaient. La Commission des Monuments et Sites donna son autorisation à cet abattage "à condition que ces marronniers soient remplacés par cinq tilleuls et que ces opérations s'effectuent sous la surveillance de l'Administration locale des Eaux et Forêts". Le 26 novembre 1985, l'Exécutif de la Communauté française donna même son accord sur cette décision, mais les habitants de Soulme envoyèrent une pétition à l'administration communale en demandant l'application du Code wallon de l'Aménagement du Territoire qui exige la délivrance d'un permis de bâtir pour la démolition de tout arbre remarquable. En conséquence, le Ministre de l'Aménagement du Territoire, de l'Eau et de la Vie rurale chargea l'Administration de l'Urbanisme de prendre des mesures conservatoires.

Un article de trois colonnes fut publié le jeudi 23 janvier 1986 dans le journal Le Soir sous le titre "Soulme: deux années de lutte et de nombreuses démarches pour sauver six centenaires". Finalement, les marronniers furent sauvés par l'entrepreneur chargé de les abattre... Etant donné le danger présenté par cet abattage à proximité de la cure et de l'église classée, l'entrepreneur refusa d'effectuer le travail. Le montant de l'adjudication s'avérant trop élevé et la commune décida dès lors de procéder à un élagage complet des arbres, ce qui fut dès lors réalisé à la satisfaction de tous les Soulmois.