Exploitations minières

LES EXPLOITATIONS MINIÈRES.

Outre son intérêt agricole, le sud de l'Entre-Sambre-et-Meuse présentait pour les Romains un intérêt économique et stratégique certain. Cette région possédait en effet de nombreuses exploitations métallurgiques dont les antiques résidus, connus sous le nom de crayats des Sarrasins, comportaient encore un fort pourcentage de minerai de fer et furent exploités jusqu'à la fin du siècle dernier en raison de leur contenance en minerais jusqu'alors négligés: pyrite, oligistine, sidérose, galène, etc...

Rappelons ici que le qualificatif sarrasin (ou sarrazin) est en général attribué erronément par la tradition populaire à tous les monuments ou activités humaines dont l'origine antique inexpliquée était attribuée à des traditions païennes étrangères. Rappelons que l'on trouve aussi dans la région des noms de lieux-dits faisant allusion aux croisettes, lingots de métal ayant la forme d'une croix et servant parfois de monnaie, et aux grujats, autre désignation des crayats, résidus des anciennes forges.

Un crayat de Sarrasin.

Une croisette.

D'importants amas de scories ainsi que des traces de bas-fourneaux pour la fonte de la limonite ont été découverts à maintes reprises dans la région. On découvrit à proximité de nombreux vestiges tels que pièces, statuettes et outils divers. Les principales découvertes de ce type ont été faites dans les communes suivantes:

    • NISMES: anciennes exploitations du Fondry des Chiens et du plateau des Abannets;

    • PETIGNY: Champs des Sarrasins;

    • VODECEE: vestiges d'une douzaine d'habitations avec hypocauste, bas-fourneaux et voie romaine sur un terrain de près de 30 ha.

    • ROSEE: à l'est du village, grande quantité de scories, fourneaux, vestiges d'habitat romain, débris de poteries et de tuiles, tracé de route;

    • MORVILLE: scories de fer, tuiles et poteries romaines au Bois des Dames;

    • MORIALME: nombreux gisements de fer exploités depuis la plus haute antiquité (la Charte Minière de Morialmé date du XIVe siècle et est la plus ancienne du pays);

    • ANTHEE: villa romaine importante et ateliers métallurgiques spécialisés dans l'orfèvrerie;

    • HASTIERE-LAVAUX: amas de scories antiques;

    • NEUVILLE: amas de scories antiques;

    • VILLERS-LE-GAMBON: vestiges du travail du fer, route, cimetière et monnaies gallo-romaines.

Pour des raisons militaires et économiques, l'état romain s'était réservé la propriété de ces gisements. Ceux-ci étaient répartis en concessions à des exploitants constitués par des familles de colons métallurgistes qui possédaient leurs propres bas-fourneaux à proximité de leurs habitations.

La villa située entre Morville et Anthée possédait un atelier d'orfèvrerie et utilisait le minerai exploité partout dans la région.

Dans son livre intitulé "La Meuse et le Pays Mosan en Belgique", paru en 1930, Félix Rousseau donne quelques précisions en ce qui concerne les activités à la villa d'Anthée:

Des ateliers dépendant de la villa d'Anthée, l'une des plus grandes villae signalées en gaule, sont sorties des fibules de bronze ou de laiton, ces broches émaillées ou étamées qui représentent la première industrie d'art qu'ait connue notre pays. Ces cahrmants bijoux, d'une variété infinie de forme et d'une sûreté de main surprenante, ont fait - croit-on - l'objet d'un commerce étendu.

Quelques pages plus loin, Félix Rousseau parle de cette industrie du cuivre jaune ou laiton qu'on désigna plus tard, vers la fin du moyen âge, par le mot de dinanderie et, à propos de Anthée, il ajoute:

Aux premiers siècles de notre ère, l'industrie du cuivre était prospère dans l'Entre-Sambre-et-Meuse; son siège principal de trouvait alors à Anthée. On y fabriquait des pièces de faible dimension et de vente courante comme des statuettes de divinités et des objets de toilette, tels des bracelets, des épingles à cheveux, des fibules et des broches. Bien que destinés à la classe moyenne de la population, ces bijoux de bronze ou de laiton, dont on a retrouvé de nombreux spécimens, sont d'un style et d'une technique remarquables, et on peut prononcer à leur sujet les mots d'industrie d'art.