Voirie et usoirs

La voirie.

L'implantation actuelle des voiries et des constructions est typique de la fin du XVIIIe siècle qui vit se développer un réseau de rues en plan varié, les siècles suivants voyant apparaître la création des hameaux suivie d'une faible extension le long des chemins. Ce fut d'ailleurs le cas à Soulme où le hameau de La Champelle (Les Strépys) se développa bien avant l'apparition, au XXe siècle, de quelques constructions plus modernes à proximité du village.

Le hameau de la Champelle, le long de la route de Biesmes.

Le village s'est étendu le long des voiries existantes mais a néanmoins gardé son caractère uniforme.

Les usoirs.

Presque chaque ferme possède son usoir, bande de terrain où s'implantent le fumier, accumulé dans une cavité entourée d'un muret, la fosse à purin, la réserve de bois et où s'entassent les machines et les outils agricoles. Parfois, cet usoir se trouve de l'autre côté de la rue lorsque celui-ci n'est pas occupé par une habitation.

L'usoir est une surface de terrain qui établit la transition entre le domaine public et le domaine privé. Son statut juridique peu d'ailleurs varier d'un endroit à l'autre, tantôt terrain privé à usage semi-public, tantôt terrain communal à usage semi-privé. D'un point de vue cadastral, un usoir peut d'ailleurs être composé de différentes parcelles ayant des statuts juridiques différents.

L'usoir servait jadis pour les tâches quotidiennes ou pour l'entreposage du matériel agricole.

Devant l'ancienne brasserie communale, l'usoir comportait jadis une marre (à l'emplacement du macadam sur la photo).

Le devant-de-porte qui servait au stationnement des véhicules agricoles était d'ordinaire recouvert de pavés ou de dalles de calcaire. La déclivité du terrain nécessitait parfois la construction de murets de soutènement.

Traditionnellement, un banc était également posé le long de la façade orientée au sud ou au soleil couchant: le jardin d'agrément étant inexistant, c'était le lieu privilégié de repos des personnes âgées ou du fermier à la fin de sa journée de labeur. Parfois ce banc était improvisé, une auge en pierre ou un muret pouvant très souvent remplir la même fonction, mais devenant néanmoins un lieu privilégié pour la conversation.

Lorsque les rues n'étaient pas revêtues et que les bordures n'existaient pas, la limite entre la voirie et les usoirs était très diffuse, créant parfois des conflits de voisinage dûs à des problèmes de circulation ou d'occupation du sol. La modernisation des voiries a souvent réduit la largeur de ses usoirs qui, avec la disparition des fermes, sont devenus des lieux de stationnement pour les voitures.

Séparé de la voirie par une bordure et revêtu de macadam, l'usoir est devenu aujourd'hui une zone de parking.

Le Batty constituait jadis, au sud de l'église, une placette communale destinée aux activités communes de villageois: battage des moissons et kermesse annuelle par exemple. Aujourd'hui, cet espace est réduit à une large rue bordée de marronniers et servant souvent au stationnement des voitures.

Le Batty sert de place communale et d'usoir collectif.

La transformation des maisons en secondes résidences a également privilégié la transformation de l'usoir en zone de jeux, de repos et de délassement. Peu à peu, les usoirs ont été de plus en plus fréquemment clôturés afin de préserver l'intimité familiale et éviter les conflits de voisinage.

Les terrains communaux et les espaces collectifs étant ainsi privatisés, le domaine public se trouve de plus en plus souvent réduit à la largeur de la voirie et supprimant parfois même le trottoir. Il y a lieu de noter que les particuliers occupant ainsi un terrain communal ne pourront, trente ans plus tard, se prévaloir du droit de préemption trentenaire, celui-ci n'étant pas d'application en ce qui concerne le domaine public.

L'usoir est aujourd'hui souvent minéralisé, privatisé et utilisé pour l'agrément floral.