1870 - Guerres prusiennes

Le 19 juillet 1870, la France déclara la guerre à la Prusse en prétextant la candidature d'un prince allemand au trône d'Espagne. La France avait en effet refusé la candidature de Léopold de Hohenzollern. Bismark donna un sens outrageux à la dépêche dans laquelle Guillaume Ier refusait de reçevoir une seconde fois l'ambassadeur français. Face à cet affront, Napoléon III déclara la guerre à la Prusse, appuyé par les hommes politiques extrémistes.

Le 2 août, en présence de Napoléon III et de son fils, l'armée française emporte une victoire à Sarrebruck, mais les défaites françaises suivirent et le militaire Bazaine dû se réfugier à Metz en attendant son armée du Rhin et celle venant de Châlons avec Napoléon III. Celui-ci, cerné par l'armée prussienne à Sedan, se vit obligé de capituler le 2 septembre et, fait prisonnier, fut exilé en Allemagne.

Le 4 septembre, la IIIème République était proclamée à Paris.

Pendant ce conflit, voisin de nos frontières, l'armée belge fut mise sur pied de guerre car on craignait une invasion des belligérants. Les troupes s'échelonnèrent de Dinant à Virton en s'établissant par exemple à Beauraing. Les troupes françaises et allemandes se concentrèrent sur Metz et Sedan et l'affrontement a lieu à Bazeilles avec une défaite cuisante des Français malgré l'admiration du roi Guillaume Ier devant les charges de la cavalerie française.

L'empereur Napoléon III ayant été fait prisonnier et l'armée française ayant dû se rendre, un grand nombre de soldats français franchirent la frontière belge afin d'échapper à la captivité et plusieurs d'entre eux se réfugièrent par exemple à Carlsbourg et Beauraing, parfois mêlés à des prisonniers allemands.

Le village de Soulme se trouva donc dans l'obligation d'héberger des soldats belges. Un document de septembre 1870, dressé par la commune, témoigne que ceux-ci logèrent pratiquement dans toutes les maisons du villages du 4 au 9 septembre 1870, soit pratiquement une semaine.

Visiblement, leur séjour fut prolongé d'une journée car l'ordre de la commune fut renouvelé le 9 septembre 1870. D'après le relevé de la commune, il semble que certains militaires quittèrent probablement les lieux alors que de nouveaux arrivants étaient hébergés chez d'autres villageois.

On notera que les premiers ordres communaux sont manuscripts et ne précisent pas le nombre de jours d'hébergement. Les second billets sont imprimés et ne font allusion qu'à une seule nuit. On peut en conclure que l'organisation de cet hébergement s'était donc un peu améliorée.

Les soldats sont arrivés le 4 septembre 1870. La plupart sont partis le 8 et d'autres, pour certains arrivés sans doute un peu plus tard, sont restés jusqu'au 9 septembre 1870. On totalise donc plus de 750 nuitées du 4 au 9 septembre, soit environ 125 soldats logés dans le village, ce qui représente environ la moitié de la population de Soulme à cette époque, ce qui n'est certainement pas négligeable. Il y avait en effet 278 habitants en 1857 et 266 en 1890.

La plupart de ces militaires étaient rarement seuls et certains soulmois en hébergèrent jusqu'à huit! Ce fut notamment le cas d' Emile Wauthier, meunier au moulin de Presles.

Non seulement, les soulmois durent leur fournir un logement, mais ils devaient aussi les nourrir et soigner leurs chevaux! Certains se firent même voiturer depuis ou jusqu'à Couvin!... Heureusement, les habitants qui accueillirent ces militaires furent indemnisés par la commune sur base de 1,25 franc par nuitée et par militaire.

Ce sont les comptes communaux ainsi établis qui témoignent de cet épisode qui marqua certainement l'histoire du village, même si cet événement n'est pas resté gravé dans la mémoire collective.

Relevé des indemnités versées par la commune pour l'ébergement des militaires.

Ordre du 4 septembre 1870 de la commune à Joseph Hubert pour loger deux soldats avec nourriture.

Ordre du 4 septembre 1870 de la commune à Emile Wauthier, meunier, pour loger trois soldats avec nourriture. C'est probablement le nom des militaires qui figure en marge de ce document.

Ordre du 4 septembre 1870 de la commune à François Pirlot pour loger un soldat avec cheval et nourriture.

Ordre du 9 septembre 1870 de la commune à Alexandre Penasse pour loger 6 militaires une nuit avec nourriture.

Ordre du 9 septembre 1870 de la commune à Emile Wauthier, meunier à Praile, pour loger huit militaires pour une nuit avec nourriture.

Ordre du 9 septembre 1870 de la commune à Joseph Hubert pour loger quatre militaires pour une nuit avec nourriture.

Quittance de Dieudonné Wauthier pour l'hébergement de militaires.

Le service militaire devait être très rude au 19ème siècle. Le document suivant en témoigne. C'est le congé définitif, pour expiration de service, de Léonard Joseph Soumoy qui a servi en qualité de canonnier de première classe et a reçu un certificat de bonne conduite. Le sieur Soumoy était né en 1849 et était marié au moment où ce congé définitif lui a été accordé officiellement par ce document daté et 1876 et sans doute assez tardif.

Ecrit en tout petit dans les colonnes "Etat de services" et "Campagnes, blessures et actions d'éclat", on peut en effet lire que Léonard Joseph Soumoy a été incorporé comme substituant d'Augustin Wauthier, milicien de la levée de 1866, celui-ci ayant sorti le n°1 du tirage de cette année. Léonard Joseph Soumoy a sans doute été rémunéré par la famille d'Augustin Wauthier, comme il était souvent pratiqué à cette époque lors des tirages au sort de militaires. Le dit Soumoy a presté son service militaire pendant 4 ans et 5 mois et a donc participé, à la fin de son service, à la campagne de 1870.

Soulme 1876 - Congé militaire.pdf

Plus d'info:

https://guerre-1870-1871.blog4ever.com/articles/historique
https://fr.wikipedia.org/wiki/Belgique_dans_la_guerre_franco-prussienne