César à Vodecée?

Avant la conquête romaine.

Vers 125 avant J.-C., les Romains s'installèrent dans le midi de la France et, à partir de cette date, firent des incursions de plus en plus fréquentes vers le nord de la Gaule.

A la demande des Sénaques et des Eduens, Jules César intervint dans la région d'Autun pour repousser une migration des Helvètes au-delà du Rhin. Pour des raisons de prestige politique, César transforma rapidement cette campagne de libération en occupation de la Gaule, ce qui provoqua la révolte des Belges dont le tempérament héroïque était déjà légendaire.

Avant que les Romains n'occupent la Gaule, les Rèmes occupaient l'Entre-Sambre-et-Meuse jusqu'à Mézières. Ils s'allièrent rapidement avec César afin d'échapper à la tutelle des Suessions qui occupent la zone en-dessous de l'Aisne. Peuple allié et ami de Rome, ils sont gratifiés d'une exemption d'impôts. La région devint donc très prospère lors de l'occupation romaine.

Il est parfois difficile de s'y retrouver dans la localisation précise des peuplades qui occupent la Gaule et dans La Guerre des Gaules de Jules César, véritable livre de propagande écrit - évidemment - à son avantage. Les habitants de nos régions sont, selon les circonstances, parfois qualifiés de Gaulois, parfois de Germains et parfois de Belges... Ce qui est certain, c'est que César nomme quelques héros belges qui portent des noms bien celtiques: Boduognatus et Vertico chez les Nerviens, Ambiorix et Catuvolcus chez les Eburons, Cingetorix et Indutiomarus chez les Trévires. Boduognat est né sur le sol "français", Ambiorix sur le sol "hollandais" et Indutiomar sur le sol "allemand", ce qui fait bien d'eux de véritables belges...

Progression des armées de Jules César en -57, lors de la guerre des Gaules avec le lieu présumé des grandes batailles. (Les Romains en Wallonie - Sous la direction de Raymond Brulet - Editions Racine - 2008)

César serait passé à Vodecée en -57 avant j.-C....

Lors de la conquête de la Gaule par les Romains, la rapidité de déplacement des troupes romaines possédant un train d'équipage important prouve l'existence d'un réseau de routes gauloises relativement bien développé qui permit aux troupes romaines de se déplacer rapidement entre les différents chefs-lieux.

Selon certains historiens, en -57 Jules César serait passé avec son armée sur le plateau de Philippeville près de Vodecée sur le trajet Vernand (près de St-Quentin) - Vodecée - Namur. Mais il est très difficile de déterminer le territoire occupé par les tribus de l'époque et les lieux des combats décrits par Jules César dans ses mémoires de "La Guerre des Gaules".

Le trajet hypothétique des armées de Jules César de la région de St-Quentin vers Namur pour rencontrer les troupes belges à la bataille de la Sabis les aurait fait passer par Vodecée.

La bataille de la Sabris pourrait s'être déroulée sur les bord de la Sambre au nord de Thuin.

La première bataille remportée par les Romains a lieu dans la vallée de l'Aisne, dans la commune actuelle de Berry-au-Bac. César se dirige ensuite vers les territoires Nerviens pour lutter contre une coalition des Viromanduens, des Aduatuques, des Atrébates et des Nerviens. Certains le voient donc passer à Vermand, près de Saint-Quentin, capitale des Viromanduens.

La bataille de la Sabis se déroule ensuite: c'est la deuxième victoire des troupes romaines contre le Belges. Mais le lieu de son déroulement pose problème car certains pensent qu'elle s'est déroulée à Saulzoir, dans la vallée de la Selle, un affluent de l'Escaut, juste à la frontière du territoire nervien et situé sur la future chaussée romaine d'Amiens à Bavay. D'autres sites répondaient aussi à la description de Jules César: le site de Hautmont près de Maubeuge (hypothèse développée par Napoléon III dans ses études césariennes), La Buissière, Hantes-Wihéries, Presles...

Depuis 2012, les archéologues et les historiens semblent plutôt situer le déroulement de cette bataille dans la vallée de la Sambre, au nord de Thuin, dans le Bois du Courriau, étant donné l'importance de l'oppidum du Bois du Grand Bon Dieu et la présence de projectiles métalliques romains prouvant l'attaque de ce lieu.

Les armées romaines se déplacent ensuite vers les territoires occupés par les Aduatiques qui seront finalement entièrement soumis après quelques péripéties. Lors de cette bataille, les Aduatiques se sont réfugiés dans leur oppidum qui est souvent localisé sur la Meuse à Namur ou à Huy.

Les Aduatiques (on dit aussi Aduatuques et Atuatuques) occupaient probablement l'Entre-Sambre-et-Meuse jusqu'à cette date. Leur localisation est incertaine, mais ils devaient sans doute se situer entre les Nerviens et les Eburons. Ils n'avaient aucune monnaie, utilisant sans doute la monnaie frappée par leurs voisins, les Nerviens. On a cependant mis à jour des trésors monétaires cachés lors de l'invasion romaine à Thuin, Fraire et Philippeville.

Après, leur défaite, le nom des Aduatiques et des Eburons a complètement disparu, ce qui laisse supposer que leur population a été presque complètement décimée. Tongres a été créée par le romain Agrippa vers -20 avant J.-C. et sa réorganisation du territoire a permi aux Nerviens, Ménapiens, Trévires et Rèmes de donner leur nom à certaines cités, ce qui témoigne de la soumission de ces tribus aux Romains.

Actuellement, il y a donc tout lieu de supposer que la bataille de la Sabis s'est déroulée dans la vallée de la Sambre et que les troupes romaines se sont ensuite déplacées vers son confluent avec la Meuse. Sachant que les troupes se déplacent plutôt sur les plateaux que dans les vallées pour des raisons évidentes de sécurité et afin d'utiliser le réseau des voies gauloises existantes, on peut évidemment supposer qu'elles passent par le plateau qui sépare les deux vallées et donc par l'actuel plateau de Philippeville.

C'est sur ce plateau où serait passé Jules César, près du village actuel de Vodelée, que sera fondée la ville de LOMACUS, centre du PAGUS LOMACENSIS. La ville sera ensuite remplacée par une zone d'exploitation du fer avant de disparaître complètement au IIIème siècle de notre ère. Le village d'Echerennes s'édifiera juste à côté pour disparaître ensuite au profit de la forteresse de Philippeville. Le village de Vodecée se construira aussi juste à côté.

La conquête de la Gaule et l'assimilation de la civilisation romaine se fit d'autant plus facilement que les Romains n'imposèrent jamais leur culture par la force aux populations des territoires conquis. Les traditions locales, les cultes gaulois et même l'organisation territoriale et politique furent en effet maintenus et peu à peu transformés pour être adaptés à la civilisation romaine.

Pour en savoir plus:

La conquête romaine des territoires belges:

https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_des_Gaules#Ann%C3%A9e_57_av._J.-C._:_soumission_de_la_Gaule_belgique

https://fr.wikipedia.org/wiki/Commentaires_sur_la_Guerre_des_Gaules#Livre_II_(57)

Thuin - Le Bois du Grand Bondieu:

https://www.telesambre.be/thuin-les-romains-ont-attaque-les-gaulois-dans-le-bois-du-grand-bon-dieu

Références:

  • Jules César: La Guerre des Gaules: livre II - 1-33 - Bataille de l'Aisne et bataille de la Sabis

  • Les Romains en Wallonie - Sous la direction de Raymond Brulet - Editions Racine - 2008