1943 - Interdiction de la fête nationale

En juillet 1943, les bourgmestres de la Province de Namur reçurent, par l'intermédiaire du Gouvernement provincial, copie de la circulaire émanant du commandant militaire pour la Belgique et le nord de la France et contenant les mesures prises par l'occupant en vue de la célébration de la fête nationale du 21 juillet.

Bruxelles, le 14 juillet 1943,

Au Comité des secrétaires Généraux.


Monsieur le Secrétaire Général,


De même que les années précédentes, les circonstances actuelles ne permettent pas cette année-ci de célébrer, comme en temps de paix, le 21 juillet comme Fête Nationale.

C'est pourquoi les mesures suivantes prises les années antérieures devront être maintenues pour cette journée.

1) Il est permis de célébrer dans les églises des services religieux avec Te Deum, en respectant les formes en usage jusqu'à présent. Cette autorisation ne vaut que pour autant que soient prises les mesures tendant à éviter en toutes circonstances de donner un caractère démonstratif à l'ordonnance et à la célébration des services religieux. Les sonneries solennelles des cloches d'église sont interdites. La participation de délégations de sociétés, surtout d'associations de combattants avec drapeaux est défendue. Il faut prendre les mesures pour éviter que des manifestations ne se produisent en dehors des églises à l'issue du service religieux.

2) Les cortèges, les réunions ainsi que les manifestations publiques de toute nature, en vue de célébrer la Fête nationale, comme par exemple les concerts sur la place publique, sont défendus sans exception. Il faut aussi sévir immédiatement contre toute attitude provocatrice de personnes isolées.

3) Le port d'insignes des défendu, même s'ils sont encore autorisés par l'ordonnance du 31 janvier 1941 concernant le port des insignes et le pavoisement. Seul est autorisé le port d'insignes de Service et d'emploi dans leur forme habituelle, ainsi que le port, sans ostentation, de décorations et de distinctions décernées officiellement. En outre, il est défendu de déposer des fleurs et des couronnes à l'occasion de la Fête Nationale.

4) Il n'est pas permis de retarder l'heure de fermeture au delà de celle actuellement en vigueur.

5) Il est interdit de chômer le 21 juillet. Comme l'autorité occupante a décrété que ce jour n'est pas un jour férié, il n'y a pas lieu de payer de supplément de jour férié pour le travail accompli le 21 juillet. En revanche, il n'y a pas d'objection à la fermeture des écoles, mais il est défendu d'organiser des festivités scolaires.

J'invite MM. les Secrétaires Généraux à prendre les mesures nécessaires pour que, avant tout, la population ait connaissance, par une communication adéquate, des prescriptions à observer et pour que les organes de la sûreté belge reçoive les instructions nécessaires pour en assurer la surveillance. Il est sans doute superflu de vous faire remarquer qu'un abus de l'attitude conciliante dont l'autorité occupante témoigne à nouveau à l'occasion du 21 juillet, entraînerait la défense totale de célébrer à l'avenir la Fête Nationale.

Je vous prie de faire connaître aussitôt que possible les dispositions qui auront été prises.


(s) Reeder.

Soulme 1943 - Fête nationale.pdf