1548-1566 - Les cours de justice.

La cour de justice St-Jean-Baptiste de l'abbé de Florennes.

L'abbé de Florennes jouissait à Soulme des droits de haute, moyenne et basse justice et pouvait donc y nommer une cour de justice.

La haute cour de justice St-Jean-Baptiste, qui siégea plusieurs fois à Soulme, pouvait juger toutes les causes criminelles suite à des meurtres, duels, blessures, révoltes ou batailles et pouvait infliger des peines telles qu'amendes, confiscations, châtiments corporels, prison et mort.

Le seigneur de Florennes venait parfois lui-même assister à ces procès. La rue qui monte à l'église de Soulme, aujourd'hui dénommée rue Sainte Colombe, était jadis appelée "el voye du seigneur", ce qui semble attester de son passage pour aller présider les plaids généraux et la cour de justice qui se tenait devant l'église.

Aux fins de rendre cette haute justice, l'abbé de Florennes, par un acte du 16 novembre 1550, décida de planter à Soulme une "estache avec carcan"

... une estache avec carcan pour punir les mavais gerchons.

(AEN Abbaye de Florennes, n°6, f°111)

Un modèle de carcan en bois tel celui qui devait exister à Soulme au XVIème siècle.

Les causes de moyenne et basse justice relèvent de simple police et est exercée par les membres de la cour, c'est-à-dire les échevins, et plus spécialement le sergent.

Le droit de haute justice était très important pour l'abbaye de Florennes. Ce droit avait déjà été confirmé le 20 novembre 1540 lorsqu'un manant fut condamné pour avoir abattu un arbre dans les bois de Soulme. Ayant ainsi attenté aux droits seigneuriaux, il dut réparation envers l'abbé. Cette décision, enregistrée par l'échevinage de Soulme, fut précieusement conservée dans les archives abbatiales car il constituait un important titre de souveraineté.

Le droit de haute justice de Florennes fut renouvelé le 26 avril 1667 et fut gardé jusqu'à la fin de l'Ancien Régime.

La cour de justice Ste-Marie de l'abbé de Waulsort et d'Hastière.

Depuis 1363, les possessions de l'abbaye d'Hastière et de Waulsort étaient déjà importantes dans le village de Soulme. Un record daté du 27 février 1548 précise les droits dont l'abbé de Waulsort jouit à Soulme. En conséquence, cet abbé a donc cru bon de nommer sa cour de justice Ste-Marie, jugeante à Soulme.

Sieur abbé à cause de lesd églises et covers si est vray si treffoncier de lad courte Ste Marie si longue et large quelle se contient y constituant et créant mayeur et exchevins et quante pardevant icelle at liu vendage ou transport y est fait et argent en yste se les deniers seigneuriaux n'appartenant au dit Sr abbé de Walsort et Hastire.

(AEN Cartulaire de waulsort, T.33, f°214)

Comme on le voit, les mayeurs et échevins, siégeant en la cour foncière Ste-Marie, étaient chargés de récolter les redevances annuelles, payées en deniers à l'abbé de Waulsort et d'Hastière et recognitives d'une tenure.

Plusieurs habitants de Soulme devaient le cens à l'abbé de Waulsort. Certains, par héritage, lui payaient notamment un pouillon ou un stird'avoine. Il s'agit de Bauduin et Henry Malcor, Jehan Baillereau, Jacqmar Andry, Bauduin le Scailteur, Lambert Jamart, Lambert et Michel Coliche, Servais Baudry, Johan Shoan et Domp Jehan Doret, religieux et procureur de l'abbaye de Florennes. Il est cependant stipulé

... que les articles de ce record ne doivent jamais porter préjudice à l'abbé de Florinnes qui en raison de sadite Eglise est vray seigneur possesseur haulte moyenne et basse haulteur et Sgrie de Soulme et y créant y constituant maïeur et échevin.

(AEN Cartulaire de Waulsort T.33, f°1 à 6)

D'autre part, un document figurant dans les archives de Florennes stipule

... qu'autre seigneur que l'église n'a jamais créé les mayeurs, justiciers et sergeans pour officier de tous cas de haulteur quoy qu'il y ait une cour de tenans establye par le monastère de Hastyr.

(AEN Cartulaire de Waulsort, T.33, n°1, f°69)

La cour de justice établie par l'abbé de Waulsort et d'Hastière semble avoir été assez discrète à Soulme. Néanmoins, cette discrétion n'empêcha pas certaines rivalités avec l'abbé de Florennes et certains accords furent parfois nécessaires. Ce fut le cas, par exemple, le 19 avril 1566, lorsque les terres des "longues voies" ou "longues raies" furent transférées au profit de l'abbaye de Florennes.