De Sisteron à Grasse
16 au 28 Juin 2019
16 au 28 Juin 2019
Veillée d'armes chez nos désormais bons amis du Mas du Figuier (Nadine et Samyr) sur les hauteurs de Sisteron, vrais psyqués du New Age, tout en générosité, tactiles à souhait (Kiki nous manque), bons cuisiniers, et tutti quanti...
Demain, on attaque la rando proprement dite.
Forts de l'expérience de l'an passé où nous arrivâmes même à boire la bière sans alcool proposée parce que nous avions vraiment soif, cette fois, nous fîmes un arrêt logistique autant que stratégique dans un bar de Sisteron.
Cohabitation avec un groupe bien féminisé en stage d'on ne sait quoi, au Mas, où il est question de trip au son d'un tambour indien....rien de méchant, tout plein d'amour dans l'air visiblement.
Bon. Pas grand-chose d'autre à raconter ce soir de pleine lune superbe
C'est parti. Départ de Sisteron pour cette première étape dans le désert du 04.
Peu de villages, juste quelques maisons plus ou moins bancales et souvent désertes au long du chemin.
On va devoir s'habituer à la chaleur, brutale et soudaine pour des belfortains tout juste sortis des frimas de l'hiver.
Rencontre improbable avec 2 dames suisses féministes arborant le tee-shirt de l'incroyable grève des femmes helvètes du 14 Juin...bien rigolotes .
Puis, cheminement avec un couple de pélerins chtis en chemin entre Compostelle et Rome... 53 jours déjà derrière eux, mais encore 2 mois à venir sur la Via Domitia ! A côté d'eux, on fait petits bras.
On bien rigolé à les entendre parler comme dans un film de Dany Boon.
On a quitté nos Chtis à St Geniez : ils continuaient vers le nord par la Via Domitia vers Rome, et nous vers le sud, vers la mer.
On n'a pas tout compris de leur langue vernaculaire proche du haut-picard, mais on a compris qu'ils tiraient la "carette", qu'ils trempaient le Maroille dans le café noir coupé à la chicorée. Des gens bien distrayants, finalement.
Etape bien longue et crevante en raison de la chaleur, de la pente, et d'une interminable crête toute en galets ronds et poudingue du tertiaire. Incroyable de trouver ainsi en altitude des traces d'érosion de violents torrents puis du passage du rabot des glaciers aujourd'hui disparus.
Bonne récupération au camping de Thoard, au milieu de nulle part mais bien approvisionné... même en génépi du patron et en pression locale. Piscine, apéro, cabanes et bungalows bien sympas.
Au fait, on doit rectifier une croyance infondée : il n'y a pas de caserne célèbre et très demandée à Thoard, car c'est faux que tous "cons-servent-à-thoard".
A demain pour un nouvel épisode des seniors en goguette.
Encore une étape dans le désert des Alpes de Haute Provence : pas une maison, pas un champs habité sur le parcours entre Thoard et les abords de Digne par le col de la Croix.
Mais un régal de chemin, quasiment vosgien en sous-bois et une géologie à l'honneur. On est dans le Géoparc de Haute Provence, fiché à l'Unesco depuis 2002. Le chemin se termine à la fameuse "Dalle aux Ammonites " de Digne, renommée "Dalle aux Moniques" par l'ami Daniel pas vraiment au top en matière de cailloux et fossiles.
Peut-on imaginer une dalle en pente de 320 m2, couvertes de 1500 monstres escargots marins au nom imprononçable qui sommeillent là gentiment depuis le Jurassique inférieur il y a 200 millions d'années ? Eh bien ça existe dans le coin, c'est protégé, et c'est une curiosité géologique rare.
Un bus local fut le bienvenu pour éviter quelques kms de goudron vers la ville.
On est dignement logés à Digne, à L’hôtel de l'Aiglon où l'esprit d'Albert et celui de Napo règnent.
Ah ! C'était une bien grosse, ce jour, entre Digne et Tartonne : 1300 m dénivelé et 23 kms... un peu atténuée par l'emploi d'un bus du centre-ville aux thermes, au fond de la vallée.
En quittant le patron de l'Aiglon au petit matin, on a eu droit "avé l'accent" aux tirades de Raimu : la fille du puisatier, la pomponnette, Marius, etc...
Une opération d'urgence avait du être tentée la veille pour sécuriser une chaussure à Gérard dont la semelle pourtant fraîchement refaite avait envie de se faire la malle. Il fallut ensuite consolider avec une colle appropriée achetée à Digne. Finalement, le sauvetage s'est bien passé et la semelle a tenu... au moins la journée. A suivre...
Après la "Dalle aux Moniques" de la veille et ses -200 millions d'années, nous fîmes un grand saut dans le temps pour tâtonner les -147 millions d'années du Jurassique Supérieur en passant la Barre des Dourbes au Pas de Labaud, une très longue falaise, rare en France, en calcaire marin tithonique. Déception d'Alain B de n'y avoir pas trouvé l'ombre du moindre fossile....à part les seniors ambulants du CAF. Pourtant, un océan capricieux régnait dans le coin il y a longtemps et aurait du y déposer des bébêtes.
Puis nous eûmes à traverser une longue zone de schistes marneux d'un paysage lunaire, les robines.
Un dernier mouvement bien plus récent, au Crétacé Supérieur (vers -37 millions d'années, autant dire hier) a contribué à fermer cette vallée située au-dessus de Barrème.
Gîte des Robines confortable avec bière à la pression, loin de tout : c'est tout ce dont on pouvait rêver sur notre long trajet vers le Sud.
Nuit paisible dans ce gîte discret des Robines au cours de laquelle, cependant, certains du groupe ont clairement entendu le loup hurler et les chiens de la contrée lui répondre rageusement. Faut dire que les loups sévissent régulièrement dans le coin et que,il y a quelques jours de ça, une biquette s'est encore fait croquer par la bête.
Pour cette 5ème étape ( 20 km ; +800 m entre Tartonne et Thorame Haute), on a changé de stratégie. Afin de moins souffrir de la chaleur en pleine journée, on s'est levés à 5:00 pour partir à 6:00 et profiter ainsi de la fraîcheur du petit matin, d'autant que les 3 premières heures étaient annoncées "droit dans le pentu".
Excellent choix qui nous a permis de boucler l'étape dans de bonnes conditions vers 12:30 à la terrasse de l'unique "bistrot de pays" de Thorame Haute pour l'aïoli du jour et le petit rosé frais qui va bien avec.
Alors, forts de cette excellente initiative horaire, on a décidé de tenter désormais : lever 4:00, pour départ 5:00. (Jean-Paul qui nous rejoint bientôt, tu vois ce qui t'attend....)
Taxi collectif organisé à la sortie de l'auberge pour nous monter dormir à la Colle St Michel.
Sentier toujours dans le calcaire fortement plissé, explosé, érodé. Toujours pas de fossiles en vue, malgré un terrain qui devrait s'y prêter. Jour de fleurs étonnantes pour la région : ancolies, pivoines officinales, valériane, ...
Notre Gégé était dans un grand jour et continue à marquer des points de jour en jour pour le futur challenge des égarements de seniors. D'abord, on a du tous contribuer à quatre pattes à chercher, puis heureusement retrouver dans l'herbe d'un lieu de pause ses lunettes de vue. Puis, partis dans le taxi collectif, il a fallu faire demi-tour pour aller récupérer ses lunettes de soleil oubliées sur la terrasse du bistrot.
Tout va bien dans cette célèbre (très localement) et confidentielle station de ski de fond ouverte en gros de Février à Février les bonnes années. Farniente de fin d'après-midi pour chacun.
Trop forts ces seniors... qui parviennent à se jouer de la météo pour rejoindre Annot depuis la Colle St Michel.
Étape de crête sous le soleil du matin, mais avec la menace d'un épisode orageux en milieu de journée. Donc, tout s'organisa pour atteindre un gîte / resto d'altitude vers midi, avant de descendre en vallée vers Annot. Nous y fûmes vers midi, et le temps d'une bière bien au sec, l'orage creva le ciel et fut d'une rare violence avec vent et grêle.
Puis le temps du déjeuner, la pluie cessa, le soleil revint et vint le moment, pour certains de se faire descendre au village par un jeune randonneur de passage avec une auto, pour d'autres de descendre à pied en tentant d’éviter de rouler sur les billes de grêle résiduelle.
Hébergement dans un camping sympa. Attente fébrile de Martine, Alain T, Jean-Paul, Albert attendus avec le monstre camping-car des Tritter. Enfin ils arrivèrent en temps voulu pour l'apéro d'accueil (avec les breuvages et grignotis apportés par eux-mêmes).
Veillée d'armes animée pour les nouveaux arrivants. Demain sera un autre jour vers la cité médiévale d'Entrevaux.
Journée émotions entre Annot et Entrevaux. Encore un itinéraire sauvage de pleine nature qui monte et qui descend.
On quitte le grès de la cluse d'Annot (très ponctuel) pour retrouver le calcaire quasi permanent depuis Sisteron. Émotion esthétique de trouver quelques rares et magnifiques lys pompones.
Sans voir une âme à la montée on arrive en altitude, à 8 km du premier bled de la vallée, auprès d'une antique chapelle... et certainement plus de 300 personnes, jeunes ou vieilles venues à pied y célébrer le saint local Jean Baptiste. La docte confrérie des Jeanistes, en grand appareil, y a monté le buste du saint, à dos d'homme, y chante les louanges au saint, y boit des coups.
Ils redescendront le saint en procession en soirée pour le remiser jusqu'à l'année prochaine dans la cathédrale d'Entrevaux. On les y accueillera vers 22 heures ....
Nouvelle émotion en arrivant à Entrevaux sur le Var : le gîte communal loué et dont on nous avait confié le code d'entrée se trouve être squatté par des individus plus que douteux et dans un état déplorable0. Impossible d'y dormir....tentatives pour chercher un autre hébergement pour 9 un dimanche soir....et finalement on terminera dans 2 chalets d'un joli camping en amont du village.
Tout va bien malgré ces péripéties imprévues : on dormira donc le long du Var, sous les remparts de Vauban, ...et on aura une explication avec l'office du tourisme communal lundi matin.
Entrevaux au petit matin est un peu plus calme que la soirée précédente qui s'est terminée fort tard à la cathédrale avec le cortège de la confrérie des Jeanistes chargés de remettre le saint J B dans sa boîte avec orgue, chants, volée de cloches, hommages divers. Poignant tout ça en pleine nuit...
Chacun a su retrouver le chemin du camping, finalement, mais on ne commentera pas les diverses stratégies développées....
Donc, ce jour, nouvelle étape de pleine nature entre Entrevaux et le minuscule village d'Amirat dans le 06. Juste un petit col routier accessible en auto qui croisait notre chemin vers midi et qui fut l'occasion pour Alain T et son monstrueux camping-car de nous retrouver à midi. Prouesse d'expert de la conduite de gros gabarits capable de passer au millimètre entre les murs et dans certains virages : bravo Alain T !
Le lieu de rendez-vous fut idyllique : une pelouse bien taillée, de l'ombre sous les tilleuls et les châtaigniers devant un bloc isolé constitué du château local + l'église + la mairie de cette commune. Déjeuner confortable et sieste réparatrice car il restait encore à monter et descendre.
Belle rencontre avec le maire local heureux de nous présenter son patrimoine. Merci Mr le Maire, la plus haute autorité du coin (près de 900m d'altitude tout de même et 87 administrés) !
Gîte communal sérieux cette fois. Ce sera l'occasion d'un concert improvisé avec le support de la guitare d'Albert hébergée dans le camping-car Tritter.
Il restera une petite besogne à accomplir à Martine, l'unique élément féminin du groupe : évaluer et noter les beaux torses brillants de ces messieurs bien mis en valeur par la mâle sueur expurgée à la montée vers le col du Castelet-Saint-Cassien.
Calor ! Calor !... On n'a pas vraiment eu froid encore aujourd'hui !...
Dure étape mais nature splendide avec 2 lignes de crête à franchir entre Amirat et Aiglun.
Des milliers de papillons sur le chemin dont la funeste pyrale du buis dont les ravages sont bien visibles par endroits.
Rares villages, pas d'option pour retrouver le camping-car à midi dont le conducteur expert a bien misèré pour monter son gros camion au chausse-pied sous les tunnels vers le village final. Il a même fallu demander au maire les outils et l'autorisation de démonter des bittes de protection à l'entrée du village pour y glisser le méga véhicule des Tritter.
Le torrent local, l'Esteron, haut lieu du canyoning, était trop tentant pour certains... qui ont été y tremper leurs fesses dans les bouillons et marmites d'une eau turquoise....mais a posteriori, ils reconnaissent que le prix du plaisir fut pour chacun un cul râpé au final.
Encore un minuscule village et une auberge à l'accueil charmant. Une nuit réparatrice s'annonce...
Encore 2 étapes et Grasse, objectif final de la rando sera atteint. Aujourd'hui ce fut un chemin bien raide et toujours dans une chaleur accablante entre Ayglun et Gréolières.
Petit retour en arrière pour illustrer à quel point nous avons frôlé la déshydratation hier en arrivant à l'auberge de Aiglun : la facture mentionne 15 litres de bière, pratiquement la même quantité d'eau gazeuse et coca, sans compter toute l'eau de source locale ingurgitée avant le repas du soir.
Donc ce jour commence par une descente au fond du vallon, avant + 1000 m de montée vers une petite station de ski locale....où on s'est juste un peu détournés du chemin pour suivre l'appel des parasols indiquant qu'un bar était ouvert. Sage décision pour une bonne réhydratation utile en milieu de journée. Pour le reste, on a plutôt passé du temps à chercher la moindre tache d'ombre et s'y réfugier un court instant.
Dernier repas du groupe au complet dans un sympathique resto de Gréolières puisque les Tritter nous quitteront au matin du dernier tronçon .
Pour demain, nous décidons de partir très tôt, vers 6:30, car l'étape sera longue, pentue, et la chaleur persistante.
Et voilà, la boucle est bouclée.
Les Tritter + Jean-Paul sont repartis au matin pour Belfort. Les autres ont poursuivi jusqu'à Grasse, 3 en transport en commun, et les 5 autres ont fait l’étape convenue de Gréolières à Grasse....mais dans des conditions de chaleur véritablement difficiles.
Il a fallu boire beaucoup d'eau (hé oui, un peu de bière aussi, mais pas que...). Un peu de "jardinage" parfois pour ajuster l'itinéraire sur ce GR au balisage parfois fantaisiste, un bus dans la banlieue de Grasse pour joindre le petit hôtel du centre ville et s’économiser dans cette zone urbanisée, surchauffée, et sans intérêt.
Aujourd'hui on a pu ajouter une rencontre avec 2 maires de petits villages à notre collection (5 au total) ; tous des édiles sympathiques et dévoués .
Lever tôt et départ tôt pour éviter la chaleur, mais rien n'y fit : dès 9 ou 10 heures du matin, ça plombe dur dans le coin, malgré l'altitude (on est passés par deux cols vers 1200 / 1300 m avant de plonger sur Grasse.
Bel itinéraire, atmosphère "caussarde" comme dans le karstique des Causses des Cévennes avec avens, dolines, forêts plutôt maigres, brebis et patous protecteurs ou agressifs.
Première bière dans un minuscule village du plateau (Caussols justement nommé) et la bonne surprise d'y trouver une belle auberge design et fréquentée en lieu et place de l'antique auberge "chez Papy" encore nommée sur les cartes.
Faut dire que le nouvel établissement a des parrains de renom puisqu'il fut inauguré il y a peu par (entre autres) le maire d'Antibes, Jean Leonetti, auteur de la loi éponyme sur la gestion des fins de vie, et son altesse sérénissime Albert 2 de Monaco, voisin influant.
Une bien belle gamine au bar sirotait quelques pastis en fumant un tabac douteux ; les suppositions les plus folles et les fantasmes les plus débridés se sont exprimés à son sujet, jusqu'à ce qu'on apprenne de cette charmante personne qu'elle était la bergère du Causse local, descendue boire un coup en pleine journée pendant que les patous suffisent à gérer les ovins, heure où les bestioles sont un peu en léthargie et où le risque-loup est quasi nul. Bravo la fille !
Miracle du relief karstique également que de trouver sous une roche une ouverture abritant un mini-lac d'eau propre et fraîche accessible, comme quoi tout ne s'infiltre pas à l'infini dans ce calcaire particulier. Le plateau est aussi équipé de nombreux télescopes (observatoire de la côte d'Azur bourré de technologies). Enfin on voit la mer depuis les hauteurs de Grasse.
Demain sera consacré à la remontée en bus de ligne sur Sisteron pour y récupérer le minibus du club, puis au retour sur Belfort. Ainsi se termine la traversée du Grand Arc Alpin Français attaquée il y a 2 ans à Chamonix et qui nous a poussés jusqu'à Grasse via Les Aravis, Chambéry, Grenoble, Le Vercors, Sisteron, puis Grasse.