L'idée de ce beau chemin historique à travers Causses, Cirques, Vallées profondes avait été initiée par notre ami Jean-Pierre R.
Prévu en 2024, puis annulé en raison d'un sérieux épisode cévenol annoncé, il avait été reporté pour 5 participants en 2025, mais notre Jean-Pierre s'est trouvé bien diminué par un problème de santé sérieux et il a fallu reprendre l'affaire aux mêmes dates en reconfigurant l'équipe mais en respectant les points d'hébergement sélectionnés.
Ainsi, 4 compères et une commère ont pris le Chemin : Daniel L, Joseph G, Michel B, Maryse C, et Alain B.
Ce Chemin part normalement de l'Aubrac pour terminer à St Guilhem le Désert, mais nous l'avons pris en route, à la jonction des Gorges du Tarn et de la Jonte.
Daniel qui ne laisse rien au hasard a revu les étapes manifestement parfois trop longues pour nos vieilles pattes, et il a même été décidé de prendre une fois l'unique bus local sur quelques kms, et une autre fois un taxi, également pour rapprocher un poil. Nous choisissons également de marcher léger et de faire transporter nous gros bagages chaque jour de A à B par la "Malle Postale".
Cool, car en voiture confortable. Petit hôtel et resto chez Alex dans ce minuscule village au fond des Gorges du Tarn. Le passage classique par St Enimie n'a pas pu être conservé en raison d'éboulements récents sur le chemin amont.
Les choses sérieuses commencent sous la pluie (ce sera la seule fois où nous serons un peu mouillés). La montée sur le Causse Méjean est raide. Puis ça festonne entre corniches du Tarn et corniches de la Jonte au travers de curieux monuments de calcaire dolomitique aux formes tarabiscotées. On verra nos premiers vautours très présents dans le coin pour nettoyer des charognes locales. Merveilleux gîte du Kazalas à Hielzas. On aura à cuisiner à partir de produits locaux trouvés à la fromagerie bistrot épicerie, unique commerce du coin. Les massives maisons caussenardes animent le paysage.
Impossible d'éviter la visite du merveilleux Aven Armand, perdu sur le Causse, tout près du village de Hielzas. Bon moment et 1er choc esthétique du séjour.
Puis il faut cavaler vers Meyrueis en Lozère où on a négocié un taxi dans la gorge de la Jonte pour nous remonter de quelques kms à la limite du Gard, cette fois.
Nuit à Camprieu dans un centre de vacances désert et un peu triste, témoin d'une époque où le tourisme été hiver devait être florissant. On est au pied de l'Aigoual.
En fait, on avait repéré le passage de l'unique bus local qu'on a pris le matin sur quelques kms pour attaquer à Espérou sur les pentes de l'Aigoual. Grand bien nous a pris d'accepter ce petit raccourci car ce fut une bien longue étape gardoise. C'est une étape de causse et surtout de forêt qui nous fera traverser la bourgade du Vigan pourtant sous préfecture du Gard. hébergement dans un magnifique relais de Poste de 1610 aux murs épais comme ça. Joseph ne se tient plus de découvrir tant de beaux arbres remarquables. On ne s'arrêtera pas à l'Abîme de Bramabiau, n'ayant pas compris qu'il s'agissait d'un effondrement connu et si remarquable avec une puissante cascade.
Journée en plein Causse. On y voit des avens, des lavognes, une glacière naturelle, et des mégalithes. Pour le remarquable et confidentiel Dolmen de Prunares, il a fallu un détour dans les hautes herbes d'un petit km, et subir les invectives de Daniel, pas vraiment motivé par le néolithique et les "tas de cailloux", le mécréant. Mais ça valait bien le détour. On est sur le petit Causse de Blandas. On s'arrêtera d'ailleurs pour déjeuner sous les tilleuls du village de Blandas. Puis ce sera l'approche du Cirque de Navacelles : nouveau choc esthétique depuis les belvédères aménagés au bord du vide : ce village de Navacelles niché le long d'un méandre de la Vis abandonné il y a 6000 ans est pure merveille. Ames sensibles, pieds pas trop sûrs et fragiles des pattes s'abstenir car la descente peut être une réelle difficulté pour certains. tout s'est bien passé néanmoins pour nous. Gîte agréable dans un cadre vraiment local et très ancien au fond du cirque.
C'est qu'il faut bien remonter dans l'Hérault cette fois et sur le Causse méridional du Larzac. Ce sera le Chemin du Facteur, finalement assez roulant même si bien raide. Puis un agréable parcours sur le Causse jusqu'à la Vacquerie et le charmant gîte du jovial Jean-Louis, militant patrimonial connu du coin. Excellent resto du soir au "Café du Larzac".
Des creux, des bosses pour aller passer au sommet du Pic St Baudille d'où le paysage est magnifique à 360 degrés. On y distingue de là-haut le Pic St Loup, la gorge et attaque du cirque de l'Infernet, la mer, le Salagou, Montpeyroux et ses désormais célèbres vignobles. Le passage par le Cirque de l'Infernet qui ferme le cul de sac de St Guilhem sera le 3ème choc esthétique du séjour : incroyables falaises karstiques et chemin digne des randonnées du vertige que nous pratiquons parfois en Chartreuse ou Vercors. Arriver un dimanche après-midi à St Guilhem pourrait faire gerber les solitaires contemplatifs que nous sommes devenus tant la foule y est dense, mais heureusement le village se vide dès 18 heures, et nous avons eu le privilège de pouvoir visiter l'abbaye de Gellone, son cloître, son musée, sans déranger les quelques carmélites qui y tiennent encore offices silencieux. Encore un grand moment paisible et beau. Nuit à la taverne locale près de l'immense platane de la place du village, vieux de 170 ans ; cette taverne est tenue par une sympathique équipe d'africains plus ou moins rastas, dont la plantureuse patronne est vêtue d'un magnifique et authentique boubou d'Afrique de l'Ouest ... très couleur locale.
Ce sera d'abord 2 bonnes heures de trajet par le minibus de la "Malle Postale" au travers des Causses et ses très rares villages pour rejoindre la voiture au Rozier. Puis retour tranquille sur Belfort avec l'auto de Joseph après un dernier repas sur une terrasse près de la Jonte.
Chacun rentre heureux, un peu plus cultivé, et sans bobo majeur.