Le printemps est encore hésitant, avec ses bourgeons à peine débourrés, des jeunes asperges qui pointent timidement leurs têtes dans des jardins avec une belle terre fine, du blé d’hiver qui commence à se développer , etc... et voilà une horde de 17 Séniors du CAF de Belfort, bruyants et délurés, qui arpentent ce jeudi 16 avril 2015, les chemins environnants MONTAGNEY dans le Doubs (village natal de Pascale et de sa sœur Annie), en couvrant par leurs jacassements joyeux et incessants le charmant gazouillis des oiseaux .... Ah les boulets !!!
Mais “boulets”, c’était le fil rouge de ce parcours guidé et brillamment commenté par Annie, pour nous faire découvrir :
les vestiges de l’activité sidérurgique historique de cette région de la vallée de l’Ognon qui avait du minerai de fer, du charbon de bois grâce à ses forêts environnantes et la force motrice avec la rivière l’Ognon, et donc l’implantation au 18 è siècle de hauts fourneaux dédiés principalement à la coulée de gueuses ( ne pas confondre avec la “Gueuse Lambic” ) et la fabrication de boulets de canons sur les ordres du ministre Colbert....Notre géologue Alain, n’a pas manqué de nous renseigner sur toutes les subtilités du diagramme fer-carbone.
les lieux de l’enfance de Pascale, avec le village de MONTAGNEY, les rues et les ruines du château de ROUGEMONT, chef lieu où elles a suivi sa scolarité, les berges de l’Ognon avec “le sentier du renard”, ses lieux de baignade et les plus lubriques du groupe l’imaginaient déjà nue sur la plage de MONTAGNEY...
C’était une belle ballade d’environ 20 km, au parcours varié franchissant l’Ognon par 2 fois, avec des belles haltes comme à l’église Ste Hilaire, le cimetière militaire, la montée vers le château de Rougemont, le pique-nique dans la prairie du Montaucivey dominant le village de Rougemont et le retour par les bois envahis de buis, des champs vallonnés, le sentier sauvage le long de l’Ognon et le bassin de retenue devant la Forge.
Puis visite très intéressante :
du Haut-Fourneau, un des derniers encore visible dans la région grâce à l’implication de la famille de Pascale et de l’Association de sauvegarde
du petit musée attenant
de la centrale hydraulique privée de 400 KW
de la collection de fourneaux en fonte
Enfin, le pot de l’amitié pour conclure cette belle journée entre copains Séniors du CAF, avec un temps frisquet au départ, puis un soleil bienveillant avant de retrouver un peu de crachin en fin de journée et un retour express avec le minibus...
Bravo et merci à Pascale, sa sœur Annie et Pimpant...
Je me suis fait un petit plaisir d'étudiant en recherchant un peu de doc sur l'histoire des hauts-fourneaux et de la production de fonte, dont la technologie n'a pas évolué vraiment depuis l'époque de Montagney.
J'en reviens toujours pas d'avoir appris qu'on comptait 70 H F en Franche Comté au 18 ème siècle et plein de coins où on pouvait trouver un peu de minerai...et pour finir c'est le manque de bois qui a fini par tuer l'activité. La houille (du moins sous forme de coke) a progressivement remplacé le charbon de bois tout au long du 19 è siècle et a permis de booster la production industrielle.
Voici le meilleur site pas trop savant que j'ai sélectionné pour vous : Haut Fourneau
C'est très complet, écrit par un sénior spécialiste et passionné.
Faites défiler et regardez juste les images si vous le voulez.
Quelques comparaisons :
Le H F de Montagney pouvait produire 100 kg / jour de fonte ; au plus fort de sa productivité le H F 4 de Dunkerque produisait dans les années 80....environ 9000 T / jour !....presque 100 000 fois plus.
La techno n'a pas vraiment évolué, certes, mais la taille des fours (toujours plus ou moins en forme de bouteilles ventrues a évolué comme suit : 41 m3 de capacité chez Schneider au Creusot en 1784, 141 m3 en 1839 en Angleterre ; 4617 m3 à Fukuyama au Japon en 1973 (et 4000 m3 à Dunkerque à la même époque), puis le record actuel de 6000 m3 chez Posco en Corée du Sud !
J'avais souvenir que les H F de Lorraine pouvaient mesurer une cinquantaine de mètres de haut... eh bien le HF 4 de Dunkerque mesure 93 m de haut avec sa tripaille supérieure pour gérer les gaz.
Pour revenir à l'histoire plus ancienne, le document qui suit (assez long mais plein de photos intéressantes) fait le tour de France de la métallurgie de la fonte et des forges : La Grande Forge
On y apprend qu'il y avait 380 H F du genre "Montagney" répartis sur tout le territoire juste avant la Révolution pour une production annuelle de l'ordre de 100 000 tonnes.
On y parle d'ailleurs de Montagney au chapitre consacré à la région Est, vers la fin du document.
Concernant la géologie et la minéralogie des minerais francs-comtois, vous saurez tout en parcourant ce bouquin (un peu ardu, j'en conviens, mais tellement documenté !) : 70 hauts fourneaux en franche comté
On y apprend plein de choses sur les différents minerais tels que présentés à Montagney (oolitique, pisolitique, ou filon comme à Montbozon).
pages 20 à 24, vous trouverez mention de Lepuy, Giromagny, Auxelles-Haut, les rives de l'Ognon.
page 29, on apprend que le minerai de Rougemontot serait principalement de type "Aalénien supérieur" (ça nous fait une belle jambe mais ça en jette, et ça veut dire aussi que notre région a été bien remuée depuis le jurassique pour les tripes de la Terre viennent recracher en surface ces innombrables nodules d'oxydes métalliques qui ont fait le bonheur des mineurs et forgerons locaux).
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