Nous étions 10 “Séniors qui en veulent encore”, prêts à en découdre avec le Mont EMILIUS ( 3560 m ) en empruntant la via ferrata de l’arête Ouest qui démarre au bivouac du col CARREL ( 2852 m ).
Tout avait bien commencé par une descente de 350 m en partant du refuge d’ARBOLLE puis une remontée de 700 m avec une belle cadence jusqu’au col pré-cité, et avec une météo très favorable.
C’était une première pour notre “bon docteur”, que de cheminer sur une via ferrata mais avec les bons conseils et la patience de Jeannot et Alain qui l’ont accompagné jusqu’au sommet, le maniement des longes a été rapidement assimilé et tous les Séniors se retrouvaient pour le passage du pont népalais avec une meute de “paparazzis” ( normal, nous étions en Italie ) , puis pour une pause casse-croûte vers 3300 m avant d’attaquer la partie finale plus raide qui mène au sommet au sommet et où l’altitude commence à se faire sentir.
Arrivées échelonnées au sommet, entre 13h30 et 14h15, le temps pour certains d’admirer le paysage et tous les sommets environnants du Grand Paradis dont la POINTE-ROUSSE ( 3636 m ) gravie l’avant-veille, le Mont-Blanc et toutes les montagnes du Valais, sans oublier de jeter un regard sur la ville d’Aoste située 3000 m plus bas.
Rapide case-croûte, quelques dévotions à la vierge située au sommet ( cela n’a pas servi à grand chose.. ), et c’est la descente par la voie normale, qui est un amoncèlement de blocs de toutes tailles, avec parfois des blocs instables ou des gravillons qui roulent, et un cheminement qui n’est pas toujours évident.
Juste après le col des 3 capucins ( 3241m ), les blocs sont encore plus chaotiques et c’est dans cet enchevêtrement qu’Alain a perdu l’équilibre sans raison connue mais a fait un “roulé-boulé” magistral le faisant atterrir environ 4 mètres plus bas au milieu de gros blocs.
Grosse frayeur et angoisse pour Florence juste derrière lui, impressionnée par l’ampleur de la cabriole, mais surtout par la perte de connaissance temporaire d’Alain, puis de sa reprise de conscience confuse...
Rapide inventaire : tous les membres répondent mais douleur dans l’haine droite, les cervicales ne semblent pas atteintes, le casque est enfoncé à l’AR gauche et Alain chancèle quand il est debout...de plus, il a un énorme trou de mémoire et ne se souvient ni de sa chute, ni de la course de la journée et répète en boucle les mêmes propos.
Décision est rapidement prise d’appeler les secours. L’hélico est présent sur site dans les 10 minutes et compte tenu de la pente c’est par hélitreuillage que le médecin et les secouristes nous rejoignent, évaluent les dommages et évacuent Alain sur une civière direction l’Hôpital régional d’Aoste.
La descente se poursuit ( encore 700 m à descendre ), tout le monde plutôt déconfis et inquiets, et avec prudence car le terrain est un champ de cailloux jusqu’au “lac gelé” où Christiane ( qui n’avait pas fait la via-ferrata ) nous avait attendu en vain et qui s’inquiétait à la fois du retard et du passage de l’hélico...
Vu l’heure tardive, et de la fatigue de tout le monde ( 1400 m de D+ et D- dans des conditions difficiles ), on décide de rester la nuit au refuge d’Arbolle, avant de redescendre le lendemain en vallée et retrouver Alain à l’hôpital.
C’est au service Neurologie que nous le retrouvons avec assez bon moral, ayant apparemment retrouvé toutes ses facultés de raisonnement mais pas la mémoire ni de la course de la veille, ni de l’accident, ni de l’évacuation en hélicoptère...
Le médecin du service rencontré par Jean-Pierre indique une fissuration ilio-pubienne et un petit épanchement sanguin sur le lobe frontal gauche.
Evidemment, pas question de quitter l’hôpital dans ces conditions car après un tel choc, il y a lieu de maintenir Alain en observation et en position allongée vu la fissuration du bassin, et il va ainsi pouvoir profiter quelques jours du charme des infirmières italiennes et approfondir son italien...
En tout cas, nous avons eu tous une grosse frayeur et particulièrement Florence qui a vu la chute, et plusieurs éléments ont certainement permis de minimiser les conséquences de ce vol plané : la grosse corde dans le sac à dos qui a du amortir l’atterrissage sur le dos, le casque qui a éviter un traumatisme crânien bien plus grave, et aussi la constitution d’Alain qui est un “costaud” ..???
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