Camille MILLET, le Lilasien BÉATIFIÉ
GÉNÉALOGIE
Camille Paul Lucien MILLET °19220220 Vertus/marne +19450415 flossenburg/allemagne
arbre familial geneanet (racinesdu93): gw.geneanet.org
fiche memoiredeshommes
Béatification des BIENHEUREUX & Canonisation des SAINTS
La Béatification désigne l'acte de l'autorité pontificale par lequel une personne défunte est mise au rang des bienheureux.
Un bienheureux est béatifié: personne dont les mérites et les vertus ont été reconnus par l'Église. Un saint est canonisé.
Il arrive néanmoins que des bienheureux soient ensuite canonisés, de nombreuses années après, voire des centaines d'années.
1922-1945 CHRONO des LIEUX & ÉTAPES dans la vie de Camille MILLET
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1922-1925 Vertus
0>3ans
cf sa naissance 20févr1922 (2°sur5 = 4 garçons 1 fille)
1925-1929 Les Lilas - 61 r de noisy
3ans>7ans
cf naissance son petit frère Jean (3°sur5) en 1925
cf recensement 1926
école des garçons= av waldeck rousseau, construite en 1905
Pierre Piquet = curé des Lilas 1926-1950
Eugène Decros = maire des Lilas 1902-1938
1929-1942 Ivry - 173 route stratégique (rue Marcel Hartman today)
7ans>20ans
cf HBM du "bastion" au 173, réservées aux familles nombreuses, construit en 1929 videos 1929-1953: une fraternité extraordinaire au «173» 8m11s 1930-1970 c'était la cité Hartmann 7m46s photos francearchives.gouv.fr
cf recensement Ivry 1931
1934-1938 colo de vacances du château de Sauveboeuf à Abas 24290, 30km à l'ouest de Brive la Gaillarde wiki gmaps
12ans>16ans
cf affiche du 22avril1989
journals.openedition.org Forts et casernes, écoles et châteaux ou établissements religieux se reconvertissent en colonies. Le cas d’Ivry-sur-Seine est particulièrement représentatif de ces nombreux réemplois d’édifices, facilités par le réseau de relations confessionnelles. L’abbé Joseph Galpin, curé d’Ivry-sur-Seine, remplace la villa savoyarde de « La Belle Étoile », à Mercury-Gemilly en Savoie, occupée de 1912 à 1932, par deux autres demeures prêtées par des âmes charitables. Le couvent des Sœurs de Saint-Vincent-de-Paul de Saint-Flour dans le Cantal accueille les filles tandis que les garçons sont hébergés au château de Sauveboeuf en Dordogne, propriété de la famille Oberkampf.
autre colo d'Ivry= les Mathes sur la côte Atlantique, installée à l'été 1929 leparisien =avenue de la Résinerie distance sauveboeuf / les mathes
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1942-1943 STO-Ordonnance Kaltenbrunner- Mission Saint Paul
Les prisonniers de guerre étaient théoriquement sous la convention de Genève, qui leur assurait le droit à avoir des aumôniers. Mais parmi les Français, environ 300 000 jeunes se sont retrouvés avec un statut particulier définis par l'occupant avec le régime de Vivhy: envoyés en Allemagne comme ouvriers, dans le cadre du STO (Service du Travail Obligatoire), ces jeunes entre 19 et 25 ans sont engagés pour au moins deux ans afin de contribuer à l’effort de guerre, en particulier dans la métallurgie. Ils reçoivent symboliquement un salaire et ont droit à 2 semaines de vacances par an. Toutefois il était hors de question de leur donner une assistance spirituelle car ils n’étaient pas protégés par la convention de Genève.
Des évêques français, en particulier Emmanuel Suhard, cardinal et archevêque de Paris (1874-1949), et l’abbé Jean Rodhain, initiateur du Secours catholique, ont porté le souci de ces jeunes. Dès 1942, le cardinal demande aux autorités françaises et allemandes l’apport des "secours religieux aux travailleurs français en Allemagne"; mais en vain.
Ils mettent alors sur pied la “Mission saint Paul”, consistant à envoyer des prêtres, des séminaristes, des religieux, des militants de l’Action catholique, des scouts, pour aller exercer un apostolat auprès des jeunes ouvriers déportés. Ces volontaires savaient en partant qu’ils y allaient pour un apostolat clandestin, sans aucune protection.
3 décembre 1943 Ordonnance Kaltenbrunner, un décret de persécution, demande l’élimination de tous ceux qui menaient une activité religieuse auprès des jeunes travailleurs civils français. À partir de ce moment-là, tout ce que ces missionnaires font est passible de la peine de mort. On considérait leurs activités comme anti-allemandes – alors qu’il s’agissait uniquement de venir en aide à ces ouvriers de diverses manières, apportant les sacrements, encourageant les uns, soutenant les autres. C’est pourquoi on parle du “martyre de l’apostolat”. diocese64.org
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1942-1944 Erfurt - Land de Thuringe
20ans>22ans
cœur vert de l'Allemagne, Erfurt=capitale
19avril1944 son arrestation à Erfurt
1944 Gotha, Thuringe - prison
22ans
22avr1944-15avr1945 enfermé à la prison de Gotha, avec 11 compagnons jocistes, scouts, séminaristes, un prêtre
Flossenbürg, Bavière - camp de concentration
interné
12oct1944
1944 Zwickau, Saxe - camp de concentration annexe de Flossenbürg (150km au nord) wiki
22ans
oct1944 forçat
Sous le nazisme, un camp annexe du camp de concentration de Flossenbürg est établi en août 1944 près des 3 usines Auto Union AG (siège social de Horch, usine de la Dorotheenstrasse et usine Audi) pour la production de véhicules de la Wehrmacht, d'avions et de torpilles. Il peut recevoir environ 3.000 travailleurs forcés: détenus des camps de concentration et prisonniers de guerre
1944 Berlin - tribunal
25sept1944 verdict condamnation pour atteinte à la sureté de l'état allemand
1945 Flossenbürg, Bavière - camp de concentration (Schutzhaftlager) wiki construit en Bavière en 1938. 96.000 prisonniers y transitent, dont 30.000 trouvent la mort.
23ans
+15avril1945= 8 jours avant la libération du camp par les américains ( 90e div d'infant 3e armée) le 23 avril
1945 Ivry - messe
8sept1945 service en sa mémoire église saint pierre-saint paul d'Ivry
cf faire part
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1982-2025 CHRONO de 40 ans à 80 après, jusqu'à la béatification de Camille MILLET
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1982 - Mgr Charles Molette, découvre la cause en voulant fêter les 40 ans de son séminaire.
1986 - Livre de Charles Molette de "A propos de quelques cas chez les jeunes du STO, de résistance spirituelle jusqu'au martyre" >> 02oct1986, 27p
1986 - Lettres d'Erfurt de Camille Millet, jusqu'à son arrestation = du 23déc1942 au 19 avril1945 21p
1986 - Lettres et Témoignages de Camille Millet: de Gotha 1944 Flossenburg - Zwickau - Flossenburg 1944-1945 13p
1988 - Ouverture de la Cause de béatification
1989 - Livre "Mission en Thuringe, au temps du nazisme" de Paul Beschet, éditions à pleine vie, jan 1989
1989 - Témoignages 3p
1989 - Ivry: Messe anniversaire des 44ans du décès d Camille Millet>> 22avril1989
Camille MILET ou la foi exterminée Le samedi 22 avril, nous étions nombreux à célébrer en l'église Saint-Pierre-SaintPaul, l'anniversaire de la mort de Camille Millet, jeune jociste ivryen, mort en 1945 dans un camp d'extermination nazi. Camille travaillait à la maison Chambost à Ivry, comme horticulteur, c'est pour remplacer un père de famille requis dans son entreprise par le S.T.O. qu'il avait accepté de partir en Allemagne : « Je pars à ta place, car moi, je suis célibataire ». Point de départ d'un autre projet : celui d'aider les jeunes requis comme lui à vivre courageusement et dignement leur condition de travailleur en Allemagne. Dans la province de Thuringe, tout au long de l'anné e 1943, il s'efforce, et avec succès , de les rassembler autour de l'idéal jociste. Il prend des risques car les réunions , cercles et rencontres qu'il organise sont interdites. « A nous de prendre exemple sur le Christ, écrit-il , et de ne pas regarder à la dépens e pour la construction d'un monde plus beau ». Mais la bête nazie veille. Camille est arrêté . Il est condamné sous l'inculpation d'avoir « par son action catholique auprès des français du S.T.O. attenté à la sûret é de l'Etat allemand ». Avec plusieurs de ses compagnons, militants comme lui, il est déport é au camp de concentration de Flossenburg où , en quelques mois, il meurt de mauvais traitements et d'épuisement .
L'assemblé qui célébrait le souvenir de Camille regroupait dans la même émotion sa famille d'abord, frères , sœur et neveux ; des copains et voisins de son domicile, le 173 route stratégique (qui porte aujourd'hui le nom de Marcel Hartmann, cet autre héros des heures noires) ; beaucoup d'anciens de la JOC et du patronage, venus de loin pour beaucoup d'entre eux ; des jeunes de la JOC d'aujourd'hui, heureux de prendre conscience de leurs racines. La municipalité avait tenu à participer à ce rassemblement par la diffusion d'affiches pour l'annoncer et par la présence de Christiane Rasse, adjointe au maire. A travers chants, prières et témoignages , ce fut un de ces moments forts et précieux où se réalise l'unité des cœur s dans le souvenir de ceux qui ont su se battre pour elle. Christine Thomas.
1991 A propos de béatification, bulletin n°35 des archives des églises de France p42sur50, 106 rue du bac paris7 aaef-asso.fr
A propos de l'attitude des martyrs: les Carmélites de Compiègne, étant accusées de fanatisme", ont demandé des explications à Fouquier-Tinville qui leur répondit "J'entends (par fanatisme) votre attachement à des croyances puériles, vos sottes pratiques de religion". Les sœurs ont reconnu dans cette explication qu'elles étaient condamnées pour leur fidélité au Christ.
De même, dans la prison de Gotha, le 25 septembre 1944, les responsables de l'action catholique organisée dans la Thuringe, arrêtés par la Gestapo, ont chacun reçu leur mandat d'internement dont le motif était ainsi libellé "Par son action catholique auprès de ses camarades français, pendant son service du travail obligatoire, a été un danger pour l'Etat et le peuple allemand." Le lendemain, l'un d'entre eux, Camille Millet, jociste d'Ivry, écrivait : "Tous nous sommes contents du motif. Nous sommes confiants en Dieu. Depuis que nous sommes prisonniers du Christ, jamais il ne nous a abandonnés, et continuellement la Divine Providence se révèle à nous pour nous soutenir. Il n'y a pas de raison que ça ne continue pas si nous sommes toujours prisonniers pour lui. Alors notre moral ne peut qu'être bon." Quelques jours plus tard, c'était le départ en camp de concentration de toute l'équipe de ces responsables de l'apostolat organisé, et la mort pour huit d'entre eux.
1992 - Ivry : messe anniversaire des 47 ans du décès de Camille Millet, église Saint-Pierre Saint-Paul. Evocation de la belle figure du Jociste ivryen , mort en déportation le 15 avril 1945, ainsi que des nombreuses victimes ivryennes du nazisme et à leur héroïque sacrifice . La famille et les amis de Camille se retrouvent à 16h00 dans la salle située face à l'entrée de l'église calameo.com >> sam25avr1992 18h30
1998 - la cause des 50 martyrs devient officielle, avec Mgr Nolette comme postulateur, jusqu’à sa mort, en 2013
2017 - Mgr Maurice de Germiny reprend le dossier de la cause de béatification. Archevêque émérite de Blois, il a été choisi par le cardinal André Vingt-Trois, alors archevêque de Paris.
2018 - Clôture de l'enquête diocésaine
2025 - Mgr Bernard Ardiora, est le postulateur, ancien président du Comité pontifical des sciences historiques. Figure de référence dans la postulation de causes françaises, en particulier celles de Charles de Foucauld, de Robert Schuman et d’autres personnalités du catholicisme français. Pour ces causes, il coordonne la recherche historique, la collecte de témoignages, l’analyse des documents et la préparation des dossiers remis au Dicastère pour les causes des saints. Son rôle est de garantir la solidité historique et théologique du dossier, d’articuler la dimension spirituelle de leur témoignage avec le contexte historique de la persécution, et de présenter cette cause au niveau romain pour la reconnaissance du martyre et la béatification.
2025 - Reconnaissance du martyre de 50 Français tués en haine de leur foi sous le régime nazi en 1944 et 1945 = décret du dicastère des Causes des saints signé par le pape Léon XIV, ouvrant la voie à leur béatification>> 20juin2025
La lettre apostolique du pape Léon XIV officialise la proclamation des bienheureux et fixe également leur mémoire liturgique au 5 mai. Le Saint-Père a ainsi reconnu officiellement le martyre de ces cinquante témoins de la foi : « Nous décidons, par Notre Autorité Apostolique, que les Vénérables Serviteurs de Dieu Raymond Cayré, Gérard Martin Cendrier, Roger Vallée, Jean Mestre, et leurs quarante-six compagnons, martyrs, qui ne craignirent pas d’offrir leurs propres vies jusqu’à l’effusion du sang pour apporter le témoignage de la consolation et du réconfort de l’Évangile, soient désormais appelés Bienheureux. »
2025 - Paris Saint-Séverin : veillée de prière organisée ven12déc2025, à l’église Saint-Séverin (1, rue des Prêtres Saint-Séverin, Paris 5e), de 20h à 22h, pour tous ceux qui, faute de place, ne purent pas participer à la béatification des 50 martyrs de l’Action catholique du lendemain, à la cathédrale Notre-Dame de Paris. article 20250728 rennes.catholique.fr
2025 - Paris ND : messe de béatification des 50 martyrs de l'apostolat en haine de la foi= 80 ans après leur mort en 1944 et 1945 de ces prêtres, religieux, séminaristes et fidèles laïcs. Le cardinal Jean-Claude Hollerich, archevêque de Luxembourg, préside l’événement (uniquement sur invitation). A suivre sur KTO télévision>> sam13dec2025 14h30
diocèse https://dioceseparis.fr/messe-de-beatification-de-raymond.html
en direct sur KTO https://youtu.be/J84PttYMh1k
2025 - les Lilas : messe d'action de grâce pour la béatification du jeune Lilasien martyr du nazisme Camille Millet, également messe des familles du catéchisme préparée avec les enfants. notredame-lilas agenda>> dim14dec2025 10h30
La CROIX d'IMMORTELLES
article 20250728 rennes.catholique.fr photo de la croix rennes-catholique.fr
Lors de la veillée de prière à Saint Séverin-Paris, ven12déc2025, présentation de la « Croix d’immortelles », devant laquelle sept de ces martyrs ont prié avec le bienheureux Marcel Callo dans la prison allemande de Gotha, en 1944, juste avant d’être déportés dans différents camps de concentration : Camille Millet, qui fabriqua la croix en question, Henri Marrannes, Roger et André Vallée, Jean Tinturier, Louis Pourtois et Marcel Carrier. Ramenée en France à la Libération, cet objet insigne a été confectionné avec ces fleurs qu’on appelle « immortelles », cueillies dans une ferme où les prisonniers allaient travailler pendant la journée. Il s’agit de l’une des rares traces matérielles du martyre des 50 bienheureux dont les corps ne sont, pour la plupart, jamais revenus.
https://resistchretfmorin.wordpress.com/la-croix-dimmortelles/
Historique En Août 1944, Marcel et ses compagnons furent réunis dans une grande cellule, appelée Die Kirche, depuis qu’un pasteur protestant était venu y prêcher pour des détenus dans le passé. Fernand raconta à son retour : « Un jour que nous travaillions chez un maraîcher horticulteur, du nom de Klug, je crois, Camille cueillit une poignée d’immortelles qu’il réussit, malgré les fouilles, à rentrer à la prison ». Camille les tressa en forme de croix. L’abbé Lecoq la suspendit au mur de leur cellule. » Il la bénit. Chaque soir, ils priaient devant elle, et, mystère total, aucun garde, aucun nazi, n’y toucha… »
Devant cette croix fleurie, œuvre de Camille Millet, ont prié ensemble à la prison de Gotha : Paul Beshet, Marcel Callo, Marcel Carrier, Jean Lecoq, René Le Tonqueze, Henri Marranes, Camille Millet, Fernand Morin, Louis Pourtois (resté dans une cellule au rez-de chaussée mais en union de prière avec eux), Jean Tinturier, André Vallée, Roger Vallée, avant d’être dispersés en divers camps de concentration d’où reviendront seulement 4 rescapés, Paul Beshet, Jean Lecoq, René Le Tonqueze, Fernand Morin. Fin septembre 1944, l’abbé Lecoq confia à Fernand son ultime recommandation : « Tâche de la faire passer en France, ce sera un souvenir pour nous tous, lors de notre retour ». Ils partirent à onze le lendemain pour les camps de concentration, sauf Fernand arrivé plus tard. Fernand réussit à la sortir de la prison, dissimulée sous sa chemise, le lendemain du départ de ses compagnons en camp de concentration.
Comment cette croix, symbole religieux de la foi qui les animait tous, a-t-elle pu arriver en France ?
Une grande solidarité des prisonniers de guerre entourait l’abbé Lecoq, leur ancien aumônier devenu celui des Travailleurs forcés. L’ ingéniosité de l’un d’eux va accomplir ce petit miracle ! Fernand réussit à la confier à un prisonnier de guerre breton à l’insu de ses gardiens. Il le croisa ce jour-là dans la ferme où il était parti travailler avec une colonne de bagnards. Le prisonnier de guerre l’enfouit dans ses affaires jusqu’au jour de la libération, en 1945. Les troupes américaines de Libération distribuèrent, à leur arrivée, des boites de biscuits américains au camp des prisonniers de guerre, basé à Gotha dans un « Stalag ». Ce prisonnier de guerre disposa soigneusement la croix dans une boîte en carton de biscuits américains vide. De retour chez lui, en France, près de Saint-Malo, il se rendit auprès de l’abbé Lecoq, devenu curé de St Marc Le blanc dans la même région de Bretagne. Il lui confia la croix qui représentait la foi qui unissait le groupe. L’abbé Lecoq la conserva précieusement sa vie durant au fond d’une armoire. A cette époque, il craignait qu’elle soit détournée de son sens et ne représente plus la foi qui animait le groupe. Pour lui qui avait été l’aumônier du groupe, un des martyrs mis en avant au détriment des autres aurait consisté à actionner les ressorts d’un culte de la personnalité, exactement ce contre quoi ils avaient combattu en restant unis dans la foi. Après la mort de l’abbé Lecoq, Fernand en devint le dépositaire. Après la béatification de Marcel Callo en 1987, Fernand décida de la montrer au public, convaincu que la béatification de Marcel entraînerait un jour celle des autres. « Marcel n’aurait pas été béatifié, on nous aurait jamais crus« , avait-il coutume de dire.
En 2013, Fernand, interviewé par une journaliste, est pris en photo pour un journal. Tenant cette croix d’immortelles sur les genoux, il interpelle le lecteur avec ces seuls mots : « Comment voulez-vous qu’on puisse raconter ? ».
Postérité Le grand drame des martyrs chrétiens morts dans les camps de concentration nazis, c’est d’avoir subi l’infamie de la disparition de toutes traces de leur existence, enlevant aux familles la possibilité de faire leur deuil autour d’un corps, ou d’une « relique objet », ayant touché l’un d’eux en particulier. Le jour de l’inauguration d’une salle « Marcel Callo » dans les locaux de sa paroisse, Fernand Morin, compagnon de cellule de Marcel Callo et survivant du camp de Buchenwald, résuma ainsi « ce deuil sans deuil » : « Dire que mes compagnons sont tous partis en fumée dans les fours crématoires ».
La seule « relique » qui nous est parvenue de leur montée en Sainteté, avant le départ dans les camps des douze compagnons, dont huit sont morts martyrs pour leur foi, reste donc ce fragile bouquet de fleurs d’immortelles séchées en forme de Croix. Elle les rassemble tous, puisque qu’aucun d’eux ne peut s’approprier la prière de tous. En 2014, l’existence de ce bouquet de fleurs séchées, assemblées en forme de Croix depuis Août 1944, a abouti à la publication de l’ouvrage « Résistances chrétiennes dans l’Allemagne nazie…. » par Dominique Morin, éd. Karthala. La force symbolique que cette croix véhicule, exigeait de restituer au public l’ensemble de l’histoire religieuse méconnue de la seconde guerre mondiale qui lui est associée. Le dépôt de cette croix auprès de l’ Eglise Catholique, en France, fut accompagné de toutes les preuves de sa traçabilité depuis l’Allemagne. La croix d’immortelles et ses preuves sont maintenant conservées dans de bonnes conditions de préservation sous la responsabilité du diocèse de Rennes.
Recueillement Elle aurait dû disparaître depuis longtemps. C’est omettre la capacité de ces fleurs à sécher sur leur tige, à l’abri de la lumière et de l’humidité, d’où leur nom. Ne pourrait-on se souvenir qu’une des vertus d’une variété de fleur d’immortelle, l’Hélichryse italienne, est censée apaiser les bleus de l’âme ? L’exemple de leur résistance, jusqu’au martyre pour huit d’entre eux, à maintenir l’amour de Dieu et des autres dans leur vie, suscite une joie de communion à des valeurs d’amitié et de partage fraternels, bien au delà des vicissitudes matérielles et des manipulations qui dégradent la dignité humaine. A leur suite, la prière devant une photo de cette croix d’immortelles nous fait participer à la communion de prière qui les unissait tous. Comme pour eux, les fruits qui en résultent ne nous appartiennent pas, mais nous amènent à vivre la joie du Christ dans nos vies. Le Bienheureux Marcel Callo écrivait à Marguerite, sa fiancée, le 19 mars 1944, un an jour pour jour avant sa mort au camp de Mauthausen : « Heureusement que le Christ est avec moi. Et vos bonnes prières par Son intermédiaire m’apportent le précieux réconfort qui me soutient « . Le croyant en prière devant cette croix ne pourrait-il pas voir dans sa vie se tresser une dynamique de rencontres en Christ pour continuer à aimer ?
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Une Croix de 1944 tressée de fleurs d’immortelles, symbole d’une résistance chrétienne non armée
- Août 1944 : fabriquée dans une cellule de prison au sein de l’Allemagne nazie Onze responsables jocistes, regroupés sous l’égide d’une JOC, Jeunesse Ouvrière Chrétienne, clandestine, furent arrêtés à la suite d’un décret nazi de décembre 1943 contre l’Action Catholique au sein des Travailleurs Français sur le territoire de l’Allemagne nazie. Par leurs actions : messes, réunions clandestines, entraide, soutien moral, ils gênaient la propagande nazie mise en œuvre au sein des masses ouvrières. Fernand Morin, jociste, fut arrêté également dans cette rafle. Réunis en août 1944 dans une grande cellule de la prison de Gotha, Thuringe Sud, les prisonniers travaillaient aux champs dans la journée, encadrés par leurs geôliers. Camille Millet, l’un des douze, réussit à rentrer des fleurs d’immortelles sous sa chemise. Une fois dans leur cellule, il en confectionna une croix. Elle fut bénie par l’abbé Lecoq, aumônier du groupe, qui l’accrocha au mur. Devant cette croix, prièrent ensemble : Paul Beschet, Marcel Callo, Marcel Carrier, Jean Lecoq, René Le Tonquèze, Henri Marranes, Camille Millet, Fernand Morin, André Vallée, Roger Vallée. Jean Tinturier les rejoignit. Louis Pourtois, resté dans une cellule au rez-de-chaussée, fut en union de prière avec eux. Ils furent tous les douze dispersés ensuite en divers camps de concentration. Seulement quatre rescapés de ce groupe de Gotha reviendront : Paul Beschet, Jean Lecoq, René Le Tonquèze, Fernand Morin.
- Octobre 1944 : cachée dans les affaires d’un prisonnier de guerre jusqu’à la Libération en 1945 Fin septembre 1944, onze des prisonniers partirent pour les camps de concentration. Arrêté plus tard, Fernand Morin sera transféré en décembre au camp de Buchenwald. Le lendemain du départ de ses compagnons, Fernand réussit à sortir la croix de la prison, dissimulée sous sa chemise. A Gotha existait aussi un Stalag de prisonniers de guerre. Dans la ferme où il était parti travailler avec une colonne de bagnards, Fernand croisa ce jour-là, à l'insu de ses gardiens, un prisonnier de guerre breton. Il réussit à lui confier la croix. De retour au Stalag, le prisonnier de guerre l'enfouit dans ses affaires jusqu'au jour de la libération. A leur arrivée en 1945, les troupes américaines de Libération distribuèrent des boîtes de biscuits américains au camp des prisonniers de guerre basé à Gotha. Le prisonnier de guerre disposa soigneusement la croix dans une boîte en carton de biscuits américains vide et la ramena en France où il habitait, près de Saint-Malo.
- Depuis 1945, parcours de cette croix d’immortelles en France Le prisonnier de guerre apporta à l’abbé Lecoq, rescapé de Dachau, la croix d’immortelles. L’abbé Lecoq, la conserva précieusement sa vie durant au fond d'une armoire. Après la mort de l'abbé Lecoq, Fernand Morin, rescapé de Buchenwald, fut à son tour dépositaire de cette croix. Il décida de la sortir après la béatification de Marcel Callo par le pape Jean-Paul II le 4 octobre 1987. Il en fit une photographie en 1988 avant de la placer dans un coffret transparent. Il la montra et la présenta aux fidèles lors de manifestations religieuses célébrant la béatification de Marcel Callo, en mettantl’accent sur le groupe des prisonniers qui avaient prié avec Marcel Callo ensemble devant cette croix dans la prison de Gotha. Elle est maintenant sous la responsabilité du diocèse de Rennes. - Un symbole de résistance chrétienne non armée pour les générations futures Comme les nazis voulaient effacer toutes traces de résistances après eux, les objets symboles d’une résistance sont très rares, en l’absence des corps des victimes disparues dans l’anonymat des fours crématoires. Ce néant de la mémoire voulu par les bourreaux empêcha le deuil de se faire, faute de corps et faute de lieux pour mettre à distance la souffrance liée à leur disparition et à leur supplice. D’autant plus rare, cette croix offre cependant aux générations futures un objet tangible pour voir et saisir par les sens qu’il a existé une résistance chrétienne non armée. Elle permet à la fois un recueillement et une mise à distance. Elle permet la mise en place d’un acte de civilisation grâce à la mémoire préservée et donne un élan pour l’avenir à travers l’exemple de ces jeunes unis dans la prière dans une résistance chrétienne non armée. Elle symbolise leur résistance qui a coûté la vie à huit d’entre eux. Les survivants en ont maintenu la mémoire de leur vivant. En en entretenant tant la matérialité que la mémoire, les survivants en ont fait un lieu de mémoire. « Cette croix est et restera le symbole de la foi qui nous unissait tous » disait Fernand Morin. Cette croix ne cessera jamais de nous interpeller. Elle fut montrée aux jeunes lors des JMJ, rencontres mondiales de la jeunesse, qui ont eu lieu à Lisbonne en août 2023. Dominique Morin, fille de Fernand Morin
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https://maitron.fr/millet-camille-paul-lucien
Le Maitron - MILLET Camille, Paul, Lucien.
Né le 20 février 1922 à Vertus (Marne), mort en déportation le 15 avril 1945 au camp de Flossenburg (Allemagne) ; horticulteur ; militant de la JOC à Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne). Fils d’un cuisinier, issu d’une fratrie de cinq enfants, Camille Millet arriva jeune en banlieue parisienne, aux Lilas (Seine, Seine-Saint-Denis) , puis vint habiter en 1929 à Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) dans les HBM du 173 route Stratégique qui étaient réservées aux familles nombreuses aux opinions les plus diverses. Ayant obtenu le Certificat d’études, il entra au cours complémentaire d’Ivry-Centre puis intégra l’école d’horticulture du Breuil de Saint-Mandé (Seine, Val-de-Marne). Issu d’une famille catholique, fréquentant le patronage, après avoir été membre de la Croisade eucharistique, il milita, au cours complémentaire, à la Jeunesse étudiante catholique (JEC) qu’il quitta pour la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC) pendant ses études à l’école du Breuil où il créa une section jociste. Au début de la Seconde Guerre mondiale, ayant terminé ses études, il fut embauché chez un maraicher puis chez Chambost, un horticulteur de la rue de l’Égalité à Ivry-sur-Seine. Il devint responsable en novembre 1940 de la section jociste d’Ivry. Il militait clandestinement, la JOC ayant été interdite. Camille Millet se porta volontaire pour le Service du travail obligatoire (STO) afin d’épargner le départ en Allemagne à un père de famille. Il quitta la France le 21 décembre 1942. Revenu en permission au début de l’été 1943 et en février 1944, il refusa de se soustraire au STO afin de rester avec ses camarades et poursuivre l’action jociste parmi eux. En décembre 1943, « l’action catholique française » parmi les travailleurs fit l’objet d’une note de l’Office central de sécurité du Reich qui préconisait l’emprisonnement des éléments actifs ou la déportation dans le cas d’activités anti-allemandes ou d’espionnage. Ce fut dans ce contexte que Camille Millet fut arrêté le 19 avril 1944 à Erfurt (Allemagne). Emprisonné à Gotha avec ses camarades, Camille Millet fut, comme eux, condamné pour avoir attenté à la « sécurité de l’État allemand ». Déporté au camp de Flossenburg (Allemagne), il y mourut. Son acte de décès porte la mention « Mort pour la France ».
LISTE des 50 martyrs
https://dioceseparis.fr/fideles-jusqu-a-la-mort.html Par Charlotte Reynaud
50 au total= 9 prêtres diocésains, 5 Religieux ( 4 ordre des frères mineurs+1 compagnie de Jésus) 3 Séminaristes 33 Scouts & Membres de l’Action catholique (14 scouts de france + 18 JOC 1??) >> 21 (= 40%) sont morts dans les derniers jours de la guerre= avril-mai-juin 1945
x9 Prêtres diocésains
Abbé Jean Batiffol (✝ 8 mai 1945)
Abbé Raymond Cayré (✝ 22 ou 24 octobre 1944)
Abbé Antoine Charmet (✝ mars ou avril 1945)
Abbé Louis Doumain (✝ 20 décembre 1944)
Abbé René Giraudet (✝ 12 juin 1945)
Abbé Jules Grand (✝ 16 janvier 1945)
Abbé Pierre de Porcaro (✝ 12 mars 1945)
Abbé Maurice Rondeau (✝ 3 mai 1945)
Abbé Pascal Vergez (✝ 12 décembre 1944)
x5 Religieux
F. André Boucher (✝ 15 mars 1945)
F. Gérard Cendrier (✝ 25 janvier 1945)
P. Victor Dillard (✝ 12 janvier 1945)
F. Paul Le Ber (✝ 13 avril 1945)
F. Joseph Paraire (✝ 26 avril 1945)
x3 Séminaristes
Jean Duthu (✝ 13 mai 1945)
Jean Tinturier (✝ 16 mars 1945)
Roger Vallée (✝ 29 octobre 1944)
x33 Scouts et membres de l’Action catholique
Joël Anglès d’Auriac (✝ 10 mars 1944)
Robert Beauvais (✝ 10 janvier 1945)
Jean Bernier (✝ 16 juin 1945)
René Boitier (✝ 29 avril 1945)
Philippe-Maurice Bouchard (✝ 12 avril 1944)
Marcel Carrier (✝ 6 mai 1945)
Jean Chavet (✝ 24 avril 1945)
Lucien Croci (✝ 27 mars 1945)
Alfredo Dall’Oglio (✝ 31 octobre 1944)
Robert Défossez (✝ 17 janvier 1945)
Louis Didion (✝ 16 février 1945)
Henri Euzenat (✝ 25 avril 1945)
Maurice Grandet (✝ 12 octobre 1944)
Claude-Colbert Lebeau (✝ 3 janvier 1945)
Bernard Lemaire (✝ 11 octobre 1944)
Eugène Lemoine (✝ 8 février 1945)
Jean Lépicier (✝ 20 mars 1945)
Raymond Louveaux (✝ 18 avril 1944)
Henri Marrannes (✝ 4 avril 1945)
Jean Mestre (✝ 5 mai 1944)
Camille Millet (✝ 15 avril 1945) <<<
Bernard Morizot (✝ 20 avril 1945)
André Parsy (✝ 26 décembre 1944)
Bernard Perrin (✝ 22 avril 1945)
Jean Perriolat (✝ 14 avril 1945)
René Ponsin (✝ 4 avril 1945)
Louis Pourtois (✝ 20 avril 1945)
Jean Préhu (✝ 27 avril 1945)
Gaston Raoult (✝ 16 janvier 1945)
René Rouzé (✝ 18 février 1945)
Robert Saumont (✝ 9 avril 1945)
Marcel Touquet (✝ 24 février 1945)
André Vallée (✝ 15 février 1945)
A LIRE
"Mission en Thuringe, au temps du nazisme" de Paul Beschet, éditions à pleine vie, jan 1989
Relate la vie et la mort de jeunes chrétiens morts pour leur foi en camp d'extermination nazie. Cinquante prêtres, jocistes, scouts, séminaristes ont été arrêté par la Gestapo et envoyés en camp de concentration où ils sont morts avec comme seul motif invoqué par les Nazis : apostolat catholique auprès des travailleurs immigrés du STO.
1943 : Les Allemands mobilisés partent sur les champs de bataille de Russie. Il faut les remplacer dans les usines. C'est la création du « Service du Travail Obligatoire (S.T.O.), auquel sont astreints des milliers de jeunes gens français. Peu réussissent à échapper à cette contrainte inique en se camouflant. En Allemagne, des jocistes et des scouts prirent en main l'animation de « groupes d'amitiés », des sports et des loisirs dans les camps des travailleurs. Aidés par les aumôniers clandestins et des séminaristes requis pour le S.T.O., ils organisèrent l'Action Catholique, interdite et pourchassée par les nazis. C'est cette action - qui a conduit certains jusqu'au martyr - qui est relatée dans cet ouvrage.
gallica https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3388596m.texteImage p82-91 138-156 etc
amazon https://www.amazon.fr/Mission-Thuringe-Au-temps-nazisme/dp/2708225790#customerReviews
ebook https://fr.shopping.rakuten.com/offer/buy/8842820401/mission-en-thuringe-au-temps-du-nazisme.html
> se le procurer chez Christine Thomas - 11, rue Raspail 80 F. https://www.calameo.com/read/0000081018c0682573776
« Beatification André Boucher [archive] » , sur https://beatification-andre-boucher.jimdosite.com/ [archive] (consulté le 8 octobre 2025)
Priscilia de Selve, « Fidèles jusqu’à la mort [archive] », sur Archidiocèse de Paris, 25 octobre 2018 (consulté le 28 août 2025).
« La vie des 50 Français martyrs du nazisme évoquée par le postulateur de leur cause [archive] », sur Aleteia, 27 juillet 2025 (consulté le 28 août 2025).
Olivier Bonnel, « Le Pape reconnaît le martyre de cinquante Français tués par les nazis [archive] », sur Vatican News, 20 juin 2025 (consulté le 28 août 2025).
« Béatification de Raymond Cayré, Gérard-Martin Cendrier, Roger Vallée, Jean Mestre et de leurs 46 compagnons [archive] », sur Archidiocèse de Paris, 28 août 2025 (consulté le 28 août 2025).
Mgr Bernard Ardiora postulateur de la cause des Martyrs du S.T.O. https://dioceseparis.fr/rencontre-avec-le-postulateur-de.html
Le 20 juin 2025, le pape Léon XIV a signé un décret du dicastère des Causes des saints reconnaissant le martyre de 50 Français morts par haine de leur foi sous le régime nazi en 1944 et 1945. La messe de béatification aura lieu le samedi 13 décembre 2025 à Notre-Dame de Paris. À l’approche de la célébration, Mgr Bernard Ardura, postulateur de leur cause, revient sur leur histoire et leur témoignage.
10 prêtres diocésains 16 religieux 1 jésuite 4 frères franciscains autres= laïcs dont 14 scouts et joc et 1 jec, entre 20 & 45 ans de 30 diocèses diff, répondu à l'appel car suard arch de paris et jean robin fondateur secours catholique, aupès des ouvriers réquisitionnés pour sto (hors protection conv de geneve) +clergé allemand interdit de les rencontrer>> mission saint paul=envoyer prêtres et laics pour les accompagner et les soutenir par apostolat clandestin. 3 dec 1943 tournant de l'ordonnance Kaltenbrunner= chef de la securité du reich allemand= point depart persécution, autorisant arrestation sur dénonciation/ apostolat catholique clandestin. Morts dans diif circonstances= typhus / cond° detentions, massacres par pioches, décapités, convois à l'approche des soviétiques, marches de la mort. 2 étaient fiancés, 1 marié, repartis de permission malgré. le + jeune 20 ans.
Par Charlotte Reynaud https://dioceseparis.fr/fideles-jusqu-a-la-mort.html
Samedi 13 décembre, à 14h30 à Notre- Dame, Raymond Cayré, Gérard Cendrier, Roger Vallée, Jean Mestre et leurs quarante-six compagnons seront béatifiés. Ces quatre noms – qui embrassent symboliquement les cinquante vies des martyrs de l’apostolat –, n’ont pas été choisis au hasard : « Raymond Cayré est prêtre, Gérard Cendrier est religieux, Roger Vallée, séminariste, et Jean Mestre, laïc, souligne Mgr Maurice de Germiny, évêque émérite de Blois et choisi, en 2017, par le cardinal André Vingt- Trois, alors archevêque de Paris, pour reprendre le dossier de cette cause de béatification. Nous voulions manifester, par le nom même de la cause, la présence de ces quatre grandes catégories concernées – prêtres, religieux, séminaristes et laïcs – car c’est véritablement l’une des spécificités de cette histoire. »
Ils étaient en effet neuf prêtres diocésains, un jésuite, quatre religieux, trois séminaristes et trente-trois laïcs, scouts ou membres de la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC) ; cinquante hommes relativement jeunes – de 19 à 49 ans, avec une moyenne d’âge autour de 30 ans – à avoir témoigné de leur foi ardente, jusqu’au don de leur vie, afin d’apporter un soutien religieux aux Français requis pour le Service du travail obligatoire (STO) et laissés dans un grand dénuement moral et spirituel. Parmi les cinquante, certains ont agi par fidélité à leurs engagements, d’autres en réponse à l’appel du cardinal Emmanuel Suhard, archevêque de Paris, et de l’abbé Jean Rodhain, à constituer une aumônerie clandestine, comme au temps de l’Église des catacombes : la Mission Saint-Paul (voir p. 5). « Le nom de la mission rappelle que l’apôtre Paul avait repris son métier d’ouvrier, comme fabricant de tentes, pour ne pas être à la charge des communautés qu’il évangélisait (Ac 18, 3) », souligne Mgr de Germiny, précisant qu’il était demandé aux volontaires de se présenter comme ouvriers.
Quatre-vingts ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, le 20 juin 2025, le décret du dicastère des Causes des saints, reconnaissant le martyre de ces cinquante Français morts en haine de la foi sous le régime nazi, est signé par le pape Léon XIV. Pour¬tant, à la Libération, les témoignages de ceux qui les avaient côtoyés lors du STO ne manquent pas ; la messe de funérailles de l’un des prêtres de la Mission Saint-Paul, l’abbé René Giraudet – qui meurt douze heures seulement après son rapatriement en France, à la Libération – fut même célébrée, le 15 juin 1945, sous le dôme des Invalides, et présidée par le cardinal Suhard. L’annonce de sa mort avait été diffusée par la radio française. Mais le STO a mauvaise presse ; il rappelle trop fortement le régime de Vichy ; la suspicion de collaboration entoure ceux qui ont été requis ; l’opinion publique se concentre davantage sur le retour des déportés et le deuil de ses morts ; il est plus facile de parler de la résistance en actes plutôt que spirituelle. Toutes ces raisons expliquent que le sacrifice de centaines de catholiques – car le nombre de cinquante ne reflète pas la réalité historique, mais plutôt le nombre de dossiers qui ont pu être suffisamment documentés – tombent dans un certain oubli.
« Une, sainte, catholique et apostolique »
Il faut attendre les années 1980 et le travail de Mgr Charles Molette, prêtre du diocèse de Paris, par ailleurs passionné par l’Action catholique ouvrière et étudiante, et fondateur de l’Association des archivistes de l’Église de France. En 1982, il souhaite fêter le 40e anniversaire de sa promotion du Séminaire et s’interroge sur le sort de ses compagnons séminaristes partis en Allemagne. « Il a alors découvert que l’un d’entre eux, Jean Tinturier, s’était mis au service de ses camarades du STO, mais en réseau avec d’autres catholiques, explique Mgr de Germiny. Ses études dans d’autres régions d’Allemagne montrent que ces catholiques engagés travaillaient ensemble et qu’ils étaient soutenus par des prêtres qui les aidaient à prier, célébraient la messe et les entendaient en confession, de manière clandestine. » Mgr Molette se lance alors dans cette cause – ouverte officiellement en 1988 – qui l’occupera jusqu’à sa mort, en 2013, publiant de nombreux ouvrages de référence sur le sujet. Par ses recherches documentaires et historiques et la collecte des témoignages de proches et de survivants, il met à jour le zèle apostolique de ces Français prêts à témoigner de leur amour du Christ jusqu’à la mort. Il montre aussi combien les catholiques français ont pu s’appuyer sur une partie de l’Église allemande, alors que tout contact avec les Français était strictement interdit au clergé par le Reich. « Les prêtres et religieux allemands – notamment les Filles de la Charité, très actives dans ce soutien – ont énormément aidé les jeunes et les prêtres du STO, confirme Mgr de Germiny. Beaucoup sont même morts pour cela. Beau¬coup de prêtres accueillaient leurs confrères de France, ouvraient leur église, fournissaient des hosties… Cela dit quelque chose d’une Église une, sainte, catholique et apostolique. »
« Éclairer, brûler, se consumer à Son service »
Ce qui marque également Mgr de Germiny, c’est leur fidélité et l’importance de la vie sacramentelle de ces jeunes : « Le point commun entre ces prêtres, religieux, séminaristes et laïcs, c’est la fidélité jusqu’au bout à leur baptême et à leur engagement comme scout, jociste ou prêtre. Leur zèle missionnaire était soutenu par une intense vie de prière et la pratique des sacrements, notamment l’eucharistie et la réconciliation. » Quant à leur martyre, les fruits furent multiples, jusque dans la vie de l’Église : « Cette expérience de coopération étroite entre prêtres et laïcs a certainement ouvert et nourri une réflexion qui a ensuite été portée par le Concile Vatican II sur la collaboration prêtre-laïc et sur l’évolution de la liturgie, qu’il fallait exprimer dans une langue compréhensible. Cette période terrible a été aussi source d’un renouvellement de l’Église. »
Ce 13 décembre, alors que les noms des cinquante seront égrenés un à un dans la cathédrale, les fidèles d’aujourd’hui pourront se remémorer la prière de la promesse scoute, bien connue, et cette devise exprimée par Jean Lépicier, martyr et jociste, qu’une poignée d’hommes choisit de vivre fidèlement jusqu’au bout : "Éclairer, brûler, se consumer à Son service"
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