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INVENTEURS LILASIENS - SOURCES

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La Rose et le Lilas: Au XVIIe siècle, Romainville vouait, comme Provins ou Fontenay, un véritable culte à la rose. Chaque fille du village mentionnée honorablement en chaire à Noël, Pâques, l'Ascension, la Pentecôte et la Toussaint plantait un rosier dans le champ communal, au cours d'une fête justement baptisée La Rose nommée. Selon Maurice Alhoy, la plantation crût si rapidement que, vers 1675, on compta plus de cinq mille rosiers portant les noms des vierges sages. Quant à la rose Chevette, cultivée à Bagnolet, elle était un peu romainvilloise puisque son inventeur s'était marié à Romainville. Est-ce Jean Chevet, déjà très âgé à la Révolution, ou son fils André, qui est qualifié d'« horticulteur très dévoué à la cause royale » ?

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Joseph Villiard fabriquait des tuyaux et des jouets en caoutchouc moulé. En 1896, Édouard et Samuel Kalker achètent l'entreprise - au moment où l'ouvrier Maussire met au point un nouveau gadget, la « poire éolienne pour corne avertisseur ». Édouard et Samuel intensifient la production d'ébonite et de stabonite et commercialisent la trompe pour automobiles. Chez Kalker, on gardait toujours la place d'un ouvrier malade, l'absence fût-elle longue. Pendant la Grande Guerre, le directeur Blusset réserva un petit pécule pour ses salariés sous les drapeaux, qui retrouvèrent tous leur emploi à l'armistice. Entre les deux guerres, alors qu'aucune réglementation ne l'y obligeait, le fils d'Édouard, André, fut un des « inventeurs » de la médecine du travail. Il y avait une infirmerie dans l'usine et le personnel y subissait les examens périodiques d'un médecin attaché à l'établissement. On était déjà loin du paternalisme de naguère !...

Produits alimentaires, produits chimiques et médicaments après 1900

En 1905, Collot succède à Kelsen pour la fabrication de l'eau de Seltz et Bigot fonde une fabrique de crème instantanée, avenue Pasteur. Un confiseur en gros est installé rue du Tapis-Vert et l'on relève, dans le Bottin de 1908, le nom d'une entreprise de produits alimentaires sise 42, rue des Bruyères. Toujours les deux fabricants d'élixirs pour potages, Patrelle et Rozière. En 1907, le troisième, Victor Defresne (Pancréatine, Peptone Defresne et Bouillon Defresne) a vendu l'ancienne usine Delepoulle, l'écurie et une maison rue du Garde-Chasse à Paul Macquaire (laboratoires et magasin de produits pharmaceutiques). La Villa Mariani, 199, rue de Paris, avait-elle appartenu à l'inventeur du vin de coca, ou sirop Mariani, avant la fin du siècle dernier ? C'est possible... Quoi qu'il en soit, les laboratoires Macquaire disparaissent en 1925, remplacés par la « Centrale vétérinaire » ou « Labo-Ferme » animée par le futur maire, M. Rabeyrolles (l'Union Chimique des Laboratoires Associés Français, ou « UCLAF », s'installera à Romainville trois ans plus tard. Gaston Roussel et ses collaborateurs y prélèveront, sur les juments gravides, un sérum riche en folliculine).

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La meilleure poire pour cornets avertisseurs, marques Eolien "l'étoile" universellement connue pour sa très longue durée. L'invention de Maussire.

Les ouvriers de chez Kalker en 1912. En melon, M. Maussire, chef de fabrication.

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Clerc cisèle des colliers d'ivoire ou de corne rue Chassagnole, tandis que Gobain y façonne des boules de billard. Même production de bijoux, et de boules (corne et ivoire) chez Baudry, 32, rue Cies Bruyères, et chez Lombard, avenue Pasteur. Le plus célèbre de ces créateurs était le conseiller municipal Fleury-Lourd, 47, rue de l'Avenir. Entre autres « mobiles » et combinaisons dignes d'un physicien alchimiste, l'ingénieux inventeur composa une matière mystérieuse qui allait remplacer l'ivoire. Il l'appela la « lucilithe », du nom de sa fille Lucile. Dans les expositions, l'innovation remporta un grand succès. Pour en démontrer l'incomparable solidité, Fleury-Lourd faisait subir à ses petites créatures d'effroyables sévices... sans qu'il subsiste aucun dommage. Le père de M. Brossard (petit-fils Recoules), mécanicien de précision, fabriquait des moules de cuivre pour les boules de Fleury-Lourd. Jamais il ne connut la formule magique.

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Vers 1932, les « moteurs Bomiet » seront signalés au numéro 81. Auf 53 et 55, rue des Écoles, Christofleau réalise, avant 1907, un nouveau pétrin mécanique. Il possède une belle villa à l'endroit réservé plus tard au gymnase. (L'inventeur se retirera à La Queue-en-Yvelines, où il procédera aux premiers essais de chauffage des cultures par l'électricité.) Courtiole, qui fabrique rue de l'Avenir, vers 1910, des pièces pour pétrins mécaniques, lui doit peut-être sa spécialité. Un peu plus tard, Babey confectionera de la bimbeloterie de métal 18, rue de Bagnolet. Nous l'y retrouvons après la Grande Guerre.

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Hommage au cheval: Le gaz et l'eau, tels sont donc essentiellement les éléments de confort proposés à nos grands-parents. Vers 1880, une seconde vague d'inventions et de progrès techniques allait déferler, bien plus extraordinaire que les précédentes. Les familles ouvrières en profiteront beaucoup plus tard, sauf en matière de transports en commun. Toutefois, à l'aube des temps modernes, il me semble légitime, ici, de rendre justice au cheval, auxiliaire indispensable avant que la vapeur et surtout l'électricité et l'essence de pétrole ne viennent le concurrencer, puis l'éliminer complètement.

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La 'petite reine de fer" - ou la "bécane - devint très vite la plus belle conquête du Lilasien, après la Lilasienne et le cheval, bien entendu. Munie de la chaîne en 1885, elle est dotée du pneu creux par Michelin trois ans plus tard. En cette année 1888, un homme au nom symbolique, Monsieur Sabot, créé 'L'Avenir cycliste des Lilas" (deux ans avant la fondation à Paris du Cyclist's Touring Club). Mai 1891, course Paris-Brest, puis premier Bordeaux-Paris ; mais, chaque année, aux Lilas, on organise une course à l'occasion de la fête communale. Celle de 1895, année de l'invention du pneu démontable, est particulièrement applaudie. Launay, loueur de vélos rue de Romainville vers 1890, recevait quantité d'amateurs le dimanche Malheureusement, quelques vélocipédistes oubliaient de rapporter les machines, des bicyclettes Humbert qui lui coûtaient 700 francs chacune.

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La fin du siècle consacre le triomphe de l'électricité, les moyens retenus étant au nombre de quatre, le procédé Cauderay, le système Dialto, le trolley et l'invention de Claret et Wuilleumier. D'abord, on commence de réaliser, en 1896, la ligne place Saint-Michel - square du Temple -Noisy-le-Sec, qui doit passer par la rue Oberkampf, la rue de Ménilmontant, la rue Saint-Fargeau, la Porte de Ménilmontant, la rue de Noisy, la rue Floréal. On projette aussi une ligne Pantin (Les quatre Chemins) - Montreuil - Vincemies - Port d'Ivry, qui doit emprunter la rue du Pré Saint-Gervais, la rue des Bruyères et l'avenue Pasteur. La première de ces lignes électrifiées est prolongée jusqu'à Bondy en 1898 et jusqu'à Livry-Gargan un an plus tard. La concession en est confiée à la Compagnie de l'Est parisien (système Cauderay).

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Décidée en juin 1884, la cantine scolaire fonctionne trois ans après, dans un bâtiment précaire aménagé dans la cour de l'école de filles. Il y a 150 consommateurs en novembre 1887 et le repas est à 0,15 F. Les enfants bénéficient d'un local décent à partir de 1892. Alors, chaque repas consiste essentiellement en 30 grammes de viande et 30 centilitres de légumes. Ce maigre menu sera tarifé 10 centimes en 1898, le reste étant à la charge de la commune. On comptera à ce moment 300 demi-pensionnaires, dont 5 % profiteront de la gratuité. Les difficultés n'empêchaient pas une fiévreuse activité. Un « petit cabinet de physique » et un musée scolaire sont aménagés avant 1880 dans la classe des grands. Chargé de la bibliothèque municipale, l'instituteur directeur assure les cours d'adultes et enseigne chant et dessin contre indemnité. Travaux manuels et gymnastique sont enseignés par le personnel. En 1881, un certain Mongaillard a donné une conférence sur « les applications électriques à la téléphonie ». En 1889, un inventeur lilasien, Tremeschini, offre aux écoles un appareil de cosmographie de sa conception.

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Et puis, l'Alhambra parut, le 23 janvier 1934, au 50, boulevard de la Liberté. Le jour de l'inauguration, on projeta le film "Avoir un bon copain" avec Henri Garat. Cette troisième salle faisait partie d'un « circuit » de vingt-huit cinémas, dont l'El Dorado à Paris, qui appartenait à la Société J.allemand-Brézillon. Elle comprenait 1 226 places, une dizaine de moins que celle du Magic, mais dans un espace plus vaste. Les contrôleurs étaient Émile Desavoye et Roger Schaffner (l'homme automate). « Comme au Magic autrefois, on distribuait des billets gratuits aux enfants sages, aux jeunes adhérents de l'Avenir laïque par exemple. A la sortie ou bien le jeudi suivant, nous inventions des suites extraordinaires aux exploits des Trois Lanciers du Bengale mêlés aux aventures du Livre de la Jungle, que le maître nous lisait le samedi après-midi. Ces péripéties se déroulaient à deux pas du cinéma, dans le Parc Rozière, forêt vierge en miniature... »

Extraits du Huret