Famille BANVILLE - victimes civiles du bombardement de la gare de Noisy le 18 avril 1944

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Le 18 avril 1944, la ville des Lilas a connu l’une de ses nuits les plus meurtrières, en étant victime d’un bombardement des alliés, destiné à désorganiser la logistique des forces allemandes. 9 Lilasiens y perdront la vie. 

Il est presque minuit et, rue du Fort comme ailleurs, on est déjà au lit. Soudain, au loin, on entend se déclencher les sirènes de Bagnolet. Encore un raid aérien. C’est ensuite au tour des sirènes et de la crécelle du réservoir de la ville de donner l’alerte. Cette fois, il faut chercher refuge dans les sous-sols du métro, comme tous les Lilasiens ont appris à faire. La petite Janine, 13 ans, s’habille en vitesse pour suivre ses parents, Henri et Simone Banville. Mais les avions arrivent déjà. Un témoin dira les avoir vus prendre la rue de Paris en enfilade. Les bombes commencent à tomber, toutes alignées sur le centre-ville. Au 2 bd de la Liberté, la façade s’effondre ensevelissant le couple Lambert. Les immeubles des 118 et 120 rue de Paris sont touchés. Les plus gros dégâts sont un peu plus loin. Rue du Garde-Chasse, les maisons des 1-3, et 2-4-6 sont détruites, faisant 3 morts : le couple Boulesteix et madame Souciet. Au croisement avec la rue de Paris, celles des 155 et 157, à côté de la pharmacie, sont soufflées. C’est là, devant le Restaurant des trois marches qu’arrivent justement Janine et ses parents. Il reste 150 mètres pour atteindre le métro, mais ils sont fauchés ensemble, tous les trois. 

Le lendemain, la ville est en deuil.  On dénombre 9 tués et 50 blessés. Sur 13 points de chute, 27 immeubles sont détruits. Les secouristes aident les survivants et on commence à déblayer. Des bombes à retardement se cachent pourtant encore dans les décombres. Elles explosent pour la plupart dans la journée. Pour désamorcer les dernières, c’est un artificier allemand qui est à l’ouvrage. Il sautera le lendemain au triage de la Chapelle, en réalisant exactement la même tâche. Plus de cent personnes sont évacuées, suite à la perte de leur logis. 

Le mardi 18 avril, c’était en fait la gare de triage de Noisy-le-Sec qui était visée. La mission inclut de détruire et désorganiser la logistique des forces allemandes, interrompre leurs communications ferroviaires et prioritairement celles qui affecteront les mouvements de l’ennemi vers la Normandie, lieu du tout prochain débarquement. C’est le Transportation Plan, préambule à l’opération prioritaire de juin : Overlord. Le plan du Général Eisenhower est pourtant sujet à controverses dans le camp allié. Churchill, francophile convaincu, rechigne à cause des pertes civiles probables. Mais Roosevelt saura le convaincre. 

Le message complet de « radio Londres » à destination des résistants, prévenant de l’attaque imminente, est «Nous avons mangé des haricots verts, nous en mangerons bientôt des secs». Peu l’ont entendu. Le raid prend son envol des côtes anglaises, les bombardiers sont pilotés par des équipages canadiens. Après passage de « Mosquitos » et de « Lancaster » pour repérer et jalonner les lieux de feu de bengales, 112 avions Halifax larguent leur mortel chargement. 3 000 bombes (560 tonnes) déferlent alors sur la gare... et ses alentours. On rapporte qu’au lieu de bombarder parallèlement à la gare, les avions ont bombardé perpendiculairement. Si bien qu’ils sont allés depuis Aulnay jusqu’aux Lilas. Les points d’impact s’étalent sur 6 km de long et 3 km de large. 200 à 300 bombes à retardement exploseront aussi durant la nuit et la journée du 19 avril. L’objectif du raid est cependant largement atteint. Les ateliers de locomotives sont pulvérisés, tandis que les triages, les hangars de locomotives, les ateliers ferroviaires subissent d’importants dommages. Il faudra 6 ans de travaux pour revenir à un fonctionnement normal. 

Aux Lilas , de nombreux immeubles aux toitures et façades touchées lors du bombardement, ont pu être réhabilités. Au 3, rue du Garde-Chasse, la librairie Folies d’encre et le restaurant mitoyen ont redonné vie à l’adresse d’une maison totalement détruite. Et qui se douterait que le terre-plein devant l’entrée du marché est vide aujourd’hui, parce que l’on a choisi de n’y rien reconstruire après le bombardement ? C’est là que se tenait le fameux Restaurant des 3 marches, ancien Hôtel de l’Aveyron de monsieur Alary. Là même où le destin stoppa brutalement la course vers l’abri du métro de Janine et de ses parents Henri et Simone Banville, le soir du 18 avril 1944. Quatre mois plus tard, exactement le 17 août, la Libération de la ville met un terme aux quatre années d’occupation. Le temps de la reconstruction peut commencer. Lors de la rénovation intérieure et du ravalement extérieur de l’Hôtel de Ville des Lilas, les élus ont décidé de préserver les traces des impacts sur la paroi est de la Mairie.