d'ANGLEMONT - philosophe & maire des Lilas

°1821 +1898

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Arthur Henry LAMBIN d'ANGLEMONT, un philosophe aux Lilas     °1821 Verdun   ()1861 Romainville   ()1891 Paris15   +1898 les Lilas   (+) Romainville

1 - D'ANGLEMONT, c'est aujourd'hui le nom d'un espace de culture, 35 place Charles de Gaulle, dans un quartier tranquille des Lilas. Plusieurs corps de bâtiments encadrent un parc et sont bordés au nord par la rue d'Anglemont -la bien nommée- et au sud par la rue Bernard.

Mais combien savent que c'est Arthur Henri LAMBIN, comte d'ANGLEMONT qui a laissé son nom à ce lieu? On imagine aisément que ce nom à rallonge cache quelques quartiers de noblesse ancienne. A raison, puisque les racines de son arbre généalogique remontent à 1651, en Lorraine, avec Jean , conseiller du Roi. Son blason est d'azur (bleu) au chevron d'argent (blanc) accompagné de 3 roses du même (blanc). Notre comte étant issu de la branche de Verdun, il nait naturellement à Verdun-sur-Meuse, en 1821, sous le règne de Louis-Philippe. 

Venu avec son père à Paris, on le retrouve trentenaire dans notre (future) commune. En 1857, sans doute attiré par l'air pur et la vue sur la plaine de Noisy, il acquière dans le Bois de Bouleau, la propriété du "Château Bernard", pour 100.000Francs. Son vendeur était André BERNARD, ancien conseiller municipal puis Maire de Romainville (1836-39). Celui-ci, agent de change de profession, avait eu le nez creux en rachetant la propriété 25 ans plus tôt aux descendants du Comte de LIVRY;  en même temps d'ailleurs que leurs autres propriétés du plateau (bois de Bouleaux, mare des Bruyères). Il était en fait propriétaire des 2/3 de la surface actuelle de notre commune ! 

2 - On ne sait si le bâtiment actuel a été construit par d'ANGLEMONT ou par l'un des précédents propriétaires. Aucun blason, ornementation ou indication du cadastre ne permet de trancher. Visuellement, il faut l'imaginer réduit à sa partie centrale, avant que les extensions de droite et de gauche ne lui soient ajoutées dans les années 1920-30, pour les besoins de la future pension pour jeunes filles. 

Le comte est une personnalité riche et complexe. Homme de lettres, humaniste et adepte de Fournier et de saint Simon, c'est un philanthrope qui contribue pour 30.000 Francs à la maison de retraite intercommunale de la Seigneurie, à Pantin. 

Fervent d'ésotérisme, on lui doit notamment  un ouvrage sur "Dieu dans la science et dans l'amour", en 6 volumes (1899). Diagrammes à l'appui, il y  traite d'hypnotisme et de magnétisme. de synthèse de l'âme humaine avec l'être et la nature, des règnes angélique et archangélique, ou encore de la seconde humanité ultra-terrestre Son panthéisme évolutif marie les dernières découvertes sur l'évolution avec la croyance en la réincarnation. Si les réflexions de notre  philosophe lilasien sont bien loin des nôtres, leur système argumentaire se tient solidement. 

3 -  En 1870, au cours du 1er siège de Paris, il devient le second maire des Lilas, un peu malgré lui. Le précédent, François Xavier Guérin Delaroche, Bonapartiste convaincu, venait de démissionner, en raison de l'avènement de la République, le 4 septembre. D'Anglemont, devant la menace prussienne, prend la décision de déménager les services de la ville des Lilas à l'abri des fortifications parisiennes. Il suit en cela l'exode de la plupart de ses administrés qui avaient suivi le même chemin. Service minimum désormais, dans la mairie provisoire du 53 rue de Belleville, les mariages et l'état civil attendront. D'ANGLEMONT est l'un des rares à rester sur ses terres lilasiennes, maintenant la présence de l'édile municipal contre vents et marées. La guerre de siège s'étant transformée en défaite française, face aux armées de Bismarck, un armistice finit par être signé le 28 janvier 1871.  Deux jours avant, d'Anglemont venait de démissionner, suite à un très vif conflit avec les gardes nationaux stationnés aux Lilas.

Quand il décède aux Lilas en 1898, c'est sans postérité. Malgré ses deux mariages avec Marie SAUNOIS en 1861 et Xaveline HUART en 1896, il n'a pas eu d'enfant. Pas d'héritier non plus, du côté de sa sœur Céline, la seule de  sa fratrie encore en vie.  

4 - Finalement, la succession se résout en 1901, par la vente de l'hôtel du Rond-Point à Marie Antoinette DELORME, épouse de Jules Henri GAY, instituteur et fils d'instituteur. Après les aménagements, c'est en 1903 l'ouverture de la pension pour jeune filles "Institution de Mme GAY, villa du Rond-Point" également nommée "la Campagne à PARIS".  Leur belle fille Gisèle CORNET-BARBER, épouse GAY, reprend le flambeau de l'institution en 1932, et pour 50 ans. A sa retraite, à la fin de l'année scolaire 1981-82, elle revend la propriété à la Ville des Lilas. Les années 1986-87 sont consacrées à des travaux d’agrandissement et à une refonte complète des bâtiments et du parc. 

5 - On se souvient alors du Comte d'ANGLEMONT, au moment d'attribuer son nom au nouveau lieu de culture, inauguré en 1988 par le maire Jean-Jack SALLES, en présence du ministre de la culture et de la communication, François LÉOTARD. 

Autour d'un parc arboré, l'Espace d'ANGLEMONT abrite depuis le Centre Culturel Jean COCTEAU, le conservatoire Gabriel FAURE, la bibliothèque André MALRAUX, ainsi que la Direction de l'Action Culturelle.  Mais les séances de spiritisme de notre ancien comte, maire et philosophe ont du laisser des traces dans les esprits, puisque certains employés jurent avoir entendu des pas et ressenti inexplicablement des courants d'air glacés, le soir, quand le centre est totalement vide de tout visiteur !