202202   -   Comédiens lilasiens   -   racines du 93

Ils sont nés ou ont vécu aux Lilas. On les as vus au théâtre, au cinéma ou à la télé. Ce sont les comédiens lilasiens dont voici une évocation du parcours, 

Michel BOUQUET (1925-2022   son arbre familial   sur la carte   sa bio lilas)

Dans l'ancienne Cité-jardins (remplacée par le quartier des sentes aujourd'hui) vivait la famille Bouquet. Un père militaire, puis fonctionnaire à la Préfecture de Police. Une mère modiste. Trois frères dont l'ainé trouvera la foi et deviendra Père Blanc en Algérie. Et puis le petit dernier, Michel, né en 1925. Avant de devenir l'homme de théâtre et de cinéma qu'on connaît, Michel Bouquet à vécu les sept premières années de sa vie dans cette modeste maison. Puis ce fut l'internat, quelques petits boulots, avant qu'il ne joue le tout pour le temps auprès de Maurice Escande et intègre le Conservatoire; la même année que Gérard Philippe. Après trois quarts de siècle de rôles au théâtre (80) et au cinéma (70), l'ancien professeur du Conservatoire qu'il a été professe encore qu'on doit tout le temps essayer de rester un enfant, parce que c'est l'âge où l'intelligence est la plus brillante. Il faut rester neuf comme au plus jeune âge, intelligent sans le savoir. On peut l'écouter, lui dont la carrière, faite d'exigence et d'audace, le vit interpréter Camus, Pinter, Ionesco, Molière ou Shakespeare mais aussi Chabrol, Boisset ou Guédiguian. Le petit Lilasien en a ébloui plus d'un.

Jean YANNE (1933-2003   son arbre familial   sur la carte   sa bio lilas)

Une allée porte son nom, derrière la Mairie, en ajoutant "célèbre comédien". Jean Yanne est un vrai Lilasien, pour y être et enterré. Son arrière-grand-père, Alfred, était caviste en gros et marchand de  vin rue de Paris. Lui-même voit le monde au bd de la Liberté (n°54): un signe pour l'auteur de la future boutade radiophonique "il est interdit d'interdire" qui fit florès en 1968? Son père est lithographe, sa mère est petite main chez Lanvin. Comme elle coud les déshabillés des mannequins, le petit Jeannot va parfois la voir pour admirer son travail.. et le galbe parfait des jeunes femmes. Journaliste en 1952, il fait ses débuts sur scène au Cabaret du vin. Sa rencontre avec Jacqueline, une jeune chanteuse, est un coup de foudre. Les tourtereaux s'installent rue de l'Avenir (Jean Moulin) aux Lilas, dans le même immeuble d'angle que ses parents, en face du Melting Pote d'aujourd'hui. Puis il rencontre l'homme de radio Gérard Sire qui le fait travailler pour la radio Europe n°1, avant qu'il ne passe à RTL, avec les Grosses têtes de Bouvard. Au cinéma, il joue avec Godard, Chabrol ou Lautner. Il monte à son tour des films branquignolesques comme "Tout le monde il est beau" ou "Deux heures moins le quart avant Jésus Christ". Deux enfants et de nombreuses conquêtes plus tard, il revient pourtant toujours aux Lilas, pour visiter ses parents, en fils délicat et attentionné qu'il est. Il gare sa Porsche en face, dans le jardin de l'institution Ségaux. Son père disparu en 1998, sa mère le suit en 2002. Jean Yanne est sous le choc. A peine un an après, son cœur affaibli s'arrête pour de bon. L'anticlérical compulsif remplira pourtant l'église des Lilas de tous ses compagnons de route loyaux et fidèles, comme Ginette Garcin, Mireille Darc, Daniel Prévost ou Philippe Clay et des autres qui l'ont croisé et estimé, comme Michel Serrault, Gérard Jugnot ou Bernard Haller. Le Père Nicolas Maine qui officie dit de lui qu'il était une boule de tendresse. De sa sépulture au cimetière de la ville, celui qui professait n'avoir ni dieu, ni maître (même nageur) ne laisse aux autres que des souvenirs d'instants de bonheur.

Yvan CHIFFRE (1936-2016   son arbre familial   sur la carte   sa bio lilas)

Ce petit garçon qui vient de sortir de l'école Waldeck Rousseau, on l'appellera plus tard "le fada". Mais, pour l'instant, il dévale la rue d'Anglemont à perdre haleine, avec sa grande pelisse qui l'embarrasse. Son père est policier en tenue. Les garnements qui le poursuivent ont saisi ce prétexte pour la bagarre, à 4 contre 1. Malgré les coups, il est arrivé à s'échapper mais sa capuche s'accroche et sa tête cogne contre le poteau qui arrête les voitures, en haut de la rue d'Anglemont. Le sang coule. C'est le métier qui rentre... et il deviendra l'un des meilleurs cascadeurs du cinéma français. Il règle les cascades pendant 30 ans pour plus de 40 films, dont : Borsalino, les 3 mousquetaires, les cracks, OSS 117 ou Fantômas. Il monte les Chevaliers du temps, spectacle médiéval qui tournera des années avec succès. Professionnel reconnu, il a bien appris à maîtriser le risque depuis que, petit garçon, il allait se réfugier avec ses parents sur les rails de la station de métro Mairie des Lilas. C'était le soir du bombardement du 18 avril 1944. Il ne savait pas encore que, dix sept ans après, il sauterait lui-même en parachute sur Sainte-Mère l'Église, pour le film de Zanuck "Le jour le plus long". Yvan Chiffre était devenu grand.

Sotigui KOUYATE (1936-2010   son arbre familial   sur la carte   sa bio lilas)

Griot, Conteur, Footballeur, Acteur de théâtre & cinéma. Il est de ceux dont on dit qu'ils ont vécu 10 vies. Ce citoyen du monde et artiste de renommée internationale pose ses valises aux Lilas en 1993, boulevard Eugène Decros. Sotigui Kouyaté a commencé par être griot dans le pays mandingue avant de devenir joueur international de football (joueur professionnel jusqu'en 1966 et capitaine de l'équipe du Burkina Faso de football), enseignant puis acteur, à partir de 1966, lorsqu’il accepte de jouer une pièce de théâtre à la demande de son ami Boubacar Dicko. Sotigui Kouyaté est surtout connu pour ses collaborations avec Peter Brook, notamment dans l'adaptation du Mahabharata en 1985. En 1997, il fonde  le Mandeka Théâtre, structure de promotion et de création littéraire et artistique,. En 1998, il met en scène une adaptation d’Antigone. Ses rôles dans les films La Genèse de Cheick Oumar Sissoko et Little Senegal de Rachid Bouchareb le font connaître du grand public. Sotigui Kouyaté est un des plus grands acteurs africains contemporains. En 2009, il remporte l'Ours d'argent du Festival de Berlin récompensant le meilleur acteur pour son rôle dans le film London River de Rachid Bouchareb. La ville des Lilas a perdu son griot. 

Pierre DESPROGES (1939-1988   son arbre familial   sur la carte   sa bio lilas)

Les parents du petit Pierre habitent aux Lilas, au 2 place de la Mairie, quand il y est conçu en 1938. L'immeuble fait le coin entre la rue Georges Pompidou d'aujourd'hui et la rue de Paris. Ayant déménagé entre-temps, c'est pourtant à Pantin qu'on le voit naitre l'année suivante, quatre mois avant la "drôle" de guerre. Drôle, il le sera surement. Mais surtout  brillantissime et atypique humoriste. Dans les années '40, Jean, son père, est instit-prof de math à l'école Waldeck Rousseau. Il ne sait pas encore que son fils aîné fera carrière sur les planches. Le petit Pierre est  peu passionné par l'école. Alors, quand il a l'âge du BEPC et que son père est affecté en Indochine, comme directeur d'établissement, il part avec lui un an, à Luang Prabang, au Laos. Il y reçoit même un prix d'excellence en français, de la main du Roi Sisavang Vong. L'écrivain-écriveur goûte déjà le plaisir des mots. C'est ainsi qu'il exercera sa remarquable aisance littéraire, de la presse à la radio. Et à la télévision: au Petit rapporteur avec la troupe de Jacques Martin (1975), au Tribunal des flagrants délires de Claude Villers (1980) ou  durant la minute nécessaire de monsieur Cyclopède (1982). Il se donne encore en spectacle au théâtre Grévin (1986). La vie ne l'a pas malmené, il s'est écorché tout seul, disait il. Il la quittera trop jeune, à 48 ans. Etonnant, non?

MAÏWENN (1976   son arbre familial   sa bio lilas)

A la Maternité des Lilas, 14 rue du Coq français, le bébé Maïwenn le Besco vient au monde le 17 avril 1976. Fille d'un passionné de la langue bretonne et d'une actrice formée au journalisme, elle sera l'aînée de la fratrie.  Des trois, ce sera elle qui s'opposera le plus à ses parents, au point de ne plus vouloir se faire appeler que par son prénom. Très tôt, sa mère lui fait courir les castings. Elle fait sa 1ère apparition au cinéma en 1981, jouant par la suite dans l'Eté meurtrier, Léon ou le 5ème élément. En tant que réalisatrice (comme sa sœur Isild), elle monte Pardonnez moi (2006, reprise de son seule-en-scène),  le bal des actrices (2009), Polisse (2011), ADN (2020) ou Jeanne du Barry (2023). Elle a fait tourner son grand-père, un ancien sympathisant du FNL, ainsi que plusieurs membres de sa famille, bien que toutes ses histoires évoquent de près ou de loin ses relations conflictuelles avec ses parents. 

Mabo KOUYATE (1989-2019  son arbre   sur la carte   sa bio lilas)   &   Jules SITRUK (1990 son arbre   sa bio lilas)

N'oublions pas la dernière génération d'acteurs lilasiens. Avant de prendre chacun son envol, on a vu ces deux là jouer ensemble en 2003 dans "Moi César, 10 ans 1/2, 1,39 m", comédie touchante de Richard Berry, filmée à hauteur d'enfants.   Bien vu car le cinéma, le théâtre, les comédiens ne sont-ils pas là avant tout pour faire s'exprimer l'âme d'enfant qui sommeille au fond de nous tous, ainsi que l'enseignait Michel Bouquet? 

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