201705   -   DECROS, "le Prince Eugène", Maire des Lilas durant 36 ans   -   racines du 93

arbre   fiche   chrono   AUDIO 

L'enfant du bois  

Onzième Maire des Lilas, il fut également surnommé "le Pro-consul" ou encore "l’Empereur". Il est vrai que, pendant 36 ans, de mars 1902 à juin 1938, il aura régné sans partage ! Des 26 Maires qui se sont succédés en 150 ans, c’est lui qui détient le record de longévité devant Auguste Rabeyrolles (24 ans de mandat), Jean-Jack Salles (18 ans) et Daniel Guiraud (actuellement dans sa 17ème année de mandat). 

Eugène Decros a succédé à Hector Ségaux, un ami de la famille, qu’il avait rejoint au Conseil municipal dès 1896.  Sa vie n’était pourtant pas toute tracée. Né en 1864 au 67 rue de Paris, 3 ans avant qu’elle ne devienne Lilasienne, ce fils d’un marbrier funéraire venu du Tarn-et-Garonne est élève à l’Ecole Nationale des Arts Décoratifs. Son rêve : devenir architecte. 

Un rêve contrarié et une entrée discrète en politique   L’attaque d’hémiplégie que subit son père en 1886 l’oblige à rejoindre l’entreprise familiale, à peine revenu du service militaire. Il lui succédera en 1896, avec sa toute jeune épouse, Jeanne Léonie Perret. Puis, tout s’accélère : second adjoint au Maire en 1900, il devient Maire en 1902. Parallèlement, il milite au parti Radical Socialiste, dès sa création en juin 1901. Ses idées directrices : laïcité, solidarité, humanisme, tolérance, universalisme. 

Le sacre de l’Empereur 

Il présidera aux destinées de la ville durant 6 mandats, avec un goût certain pour le faste et le protocole. Fête du printemps, couronnement de la rosière, distribution des prix aux élèves méritants... Tout se fait avec solennité : Maire en frac et haut de forme, public en habits du dimanche, fanfare et discours se terminant invariablement par un vibrant « ...l’école laïque, républicaine, démocratique et sociale ».

Eugène, le bâtisseur

Aussitôt élu, Eugène Decros entreprend la modernisation et l’embellissement de la ville. Elle attire par son dynamisme, croissant de 11.000 habitants en 10 ans (2.925 en 1901 - 14.000 en 1915). La voirie est assainie, l’éclairage public électrifié. L’ensemble des rues est progressivement pavé. Une grande salle des fêtes et des conférences (l’actuel théâtre du Garde-Chasse) est réalisée en 1905, dans un projet incluant également une école de garçons (Waldeck-Rousseau) et un jardin public. 

La salle des fêtes restera longtemps la plus majestueuse et la plus grande de toute la région parisienne, accueillant nombre de réunions et de galas de soutien (Courrières 1906...). En 1911, le boulevard de la Liberté est percé. 

Quand la Première Guerre mondiale vient faucher plus de 500 jeunes Lilasiens, un secours aux familles est organisé. En 1925, le monument aux morts réalisé par Desruelles leur rend hommage au cimetière. La « cité jardin » est réalisée entre 1921 et 1931 pour des familles nombreuses, de condition modeste. Un dispensaire, gratuit pour les bébés et les jeunes enfants, est aménagé en 1927. Et, couronnement de son oeuvre, le métro arrive enfin à la Mairie des Lilas en 1937. Sur son insistance, l’entrée en sera identique à celle de la station Opéra. 

La dernière séance

Toujours en exercice, il décède le 3 juin 1938, à 73 ans. Bon vivant, proche des petits comme des grands de ce monde, il aura géré le budget de la Ville avec la même rigueur que son entreprise, sans alourdir les charges de ses concitoyens.