Un OBUS datant de la 1ère guerre mondiale a été découvert aux Lilas, le 1er octobre, dans le chantier de géothermie jouxtant le stade Marie Marvingt. Il provenait très certainement d'un tir remontant à 1918, réalisé à 110 km à l'est, à Crépy en Laonnais. C'est là, dans le bois de Saint-Gobain, que l'armée allemande avait d'abord installé l'un de ses sept "Pariser Kanonen", ceux que les français appelaient la "grosse Bertha", du nom de la fille du fabricant Krupp.  Le canon de très longue portée pesait 750 tonnes avec sa plate-forme de tir. Son tube haubané, long de 25 mètres, devait être remplacé après 65 tirs. Ses obus de 210mm et 105 kg partaient à une vitesse initiale de 1.500m/s (6.000 km/h). Ils traçaient une courbe atteignant 40 km d'altitude, avant de retomber sur leur objectif, 3 minutes après. La rotation de la terre (force de Coriolis) les avait fait dévier de 1600 m.

Parmi tous les tirs, on savait que le Fort de Romainville avait été touché à 3 reprises: les 6 et 13 avril 1918, dans ses fossés et à l'intérieur;  puis le 28 mai, sur ses pentes, après avoir été tiré cette fois de Beaumont-en-Beine (0 tué, 0 blessé). Un 4ème point d'impact est donc à rajouter à la liste aujourd'hui.  Environ un 1/4 des obus ne détonant pas, c'est ensuite aux artificiers de venir les désamorcer, comme lundi dernier aux Lilas.

Entre les 23 mars et 23 aout 1918, la Région parisienne dans son ensemble a ainsi été touchée 296 fois par le canon (256 morts).

Mentionnons à l'occasion que les bombardements de la capitale en 14-18 provenaient également du largage de projectiles, à partir des premiers avions de combat (les Taube, puis les Gotha G), 442 points de chutes leurs étant imputables. De même,  81 points d'impact ont été le résultat de l'action meurtrière des Zeppelins, ces gigantesques ballons dirigeables,  à l'issue des deux raids de 1915 et 1916.