201704  La CITÉ-JARDINS, une VILLE à la CAMPAGNE  audio

Quand l’utopie prend corps

Les Lilas ont été l’une des premières villes d’Ile-de-France à accueillir une cité-jardin à l’emplacement où se dresse aujourd’hui le quartier des Sentes. Une cité dans notre ville, sortie des champs, avec de jolies maisons entourées de jardins, s’étirant le long de rues aux noms bucoliques (sentes & places des Dahlias, Roses, Hortensias, Clématites, Myosotis...) et apportant aux familles à faible revenu la possibilité de se loger dans des conditions de vie dignes et agréables. 

C’était la Cité-jardin, une utopie sociale imaginée en 1898 par l’urbaniste anglais Ebenezer Howard et réalisée sur notre territoire, sous le nom de Cité Joseph-Depinay. Après des premières réalisations autour de Londres au début du XXe siècle, le projet prend forme aux Lilas, après l’armistice de 1918, bientôt suivi notamment par d’autres réalisations à Gennevilliers, Stains, Drancy, Le Pré Saint-Gervais… 

Le projet démarre en 1921 avec près de 200 maisons entre la rue de Paris et la rue de Romainville (actuel quartier des Sentes). Henri Sellier, le directeur des HBM, en a confié la conception aux architectes expérimentés Pelletier et Teisseire. Une dizaine de modèles de maisons sont conçus. En 1931, de petits immeubles à deux étages, réhabilités dans les années 1980, compléteront le programme, entre la rue de Paris et l’actuel lycée Paul-Robert. Cette fois, les occupants peuvent y vivre avec salle de bain, chauffage central, cuisine et débarras. Le programme expérimental teste plusieurs solutions de construction et de matériaux peu coûteux. La durée de vie prévue du programme était de 20 ans. Elle sera, en fait, plus que doublée.

Les jours heureux

Un esprit de village apparaît autour des commerces et des jardins fleuris. Une convivialité s’y développe et, si la trajectoire de certains habitants est plus connue que d’autres, c’était manifestement un endroit qu’il était difficile d’oublier. 

Michel Bouquet, l’un de nos plus grands acteurs et hommes de théâtre, a vécu ses sept premières années au n°139. Lucien Noël, dirigeant d’un réseau de résistance du métro parisien, habitait au n°5 de la place des Myosotis, avant d’être exécuté en 1942 par l’occupant. Arlette Laguiller, militante syndicaliste puis politique, habitait chez ses parents au n°305, puis au n°79. Alfred Rommer, syndicaliste-révolutionnaire et compagnon de route de Trotsky habitait un appartement du n°187. Et même Pompidou avait sa maison au n°151 ! Oui, Emile Victor Pompidou, cousin au 7°degré de Georges, l’ancien Président de la République Française, habitait lui-aussi à la Cité-Jardin des Lilas.

Le quartier des Sentes

Entre 1968 et 1973, la cité disparaît en grande partie. On y construit l’ensemble des Sentes, fait de tours et de grands immeubles. Le confort des appartements y est bien meilleur. Le quartier se densifie mais on préserve intactes quelques sentes (sente de l’Aigle, sente Patigny, avenue Louis-Dumont…) en face de l’actuelle esplanade Serge Gainsbourg. Un aménagement des abords dans les années 2010 redonnera un peu de jardins à ce quartier. 

Construite plus tardivement, de 1928 à 1952, la Cité des Auteurs, autour du Trou Marin entre Pantin et Le Pré Saint-Gervais, a aussi évolué passant de pavillons individuels à un ensemble d’immeubles en petit collectif.