202012 doc
OCTOBRE 1870, l'EXODE des LILASIENS à PARIS
Pendant 7 semaines, personne n'est né, ne s'est marié, n'est décédé ou n'a été enterré aux Lilas!
L'exode
Avec l'avancée des troupes prussiennes sur Paris, début septembre, puis le blocage de toutes les voies d'accès le 19 septembre, le siège de Paris commence.
Les populations des banlieues se trouvent prises entre deux feux, spécifiquement à l'est de la capitale, aux Lilas et chez ses proches voisins. D'un côté, la ligne des forts (Romainville, Noisy, Rosny) les protège, mais jusqu'à quand? De l'autre les fortifications, construites 25 ans plus tôt, invitent à y chercher refuge.
Il n'y a pas de reporter en ce temps-là pour compter les déplacements de nos ancêtres ou nous décrire leur état d'esprit. Nous savons juste que le conseil municipal des Lilas, fraîchement nommé, déménage dans le 19° arrondissement de Paris le 29 septembre, pour s'installer au 53 rue de Belleville. Lambin d'Anglemont est maire depuis la démission de Guerin-Delaroche le 3 septembre. Jacquet reste aux Lilas pour expédier les affaires courantes.
L'analyse en détail des documents de l'État-Civil et des cimetières amènerait à penser que les Lilasiens ont tout simplement disparu ! Elle permet surtout de valider l'hypothèse d'un exode (de quelques kilomètres) des habitants des Lilas d'alors. De même chez nos voisins vivant la même situation, comme à Romainville, à Bagnolet, au Pré St Gervais, à Pantin.
On imagine aisément, à la lecture des chiffres relevés et mentionnés plus loin, que l'exode vers Paris démarre à la mi-septembre et est quasi-total en octobre. Après la crainte du pire, l'ennemi semble cependant tenu en respect et à distance par les forts. Aucun combat ne se produit directement dans les communes limitrophes de la capitale et le retour vers ses biens et ses terres peut alors commencer vers la mi-novembre 1870, pour s'étaler jusqu'à l'été 1871.
Etat-civil des Lilas et de ses proches voisins
Les quelques chiffres relevés et mentionnés ici illustrent bien le départ ou, plus exactement, l'absence des habitants durant cette période critique.
Aux Lilas, on ne trouve aucun enregistrement de naissance, mariage ou décès pendant 7 semaines, du 13 septembre au 2 novembre 1870 = 50 jours sans rien sur les registres des naissances, 245 jours sans mariage, 64 jours sans décès
A Romainville, rien entre le 25 septembre & le 2 novembre 1870 (exception faite de 2 décès les 14 octobre & 3 novembre) = 68 jours
65 jours sans rien sur les registres des naissances, 224 jours sans mariage, 69 jours sans décès
A Bagnolet, rien entre le 10 septembre 1870 & le 1er janvier 1871 = 113 jours
113 jours sans rien sur les registres des naissances, 213 jours sans mariage, 175 jours sans décès
Au Pré Saint Gervais, rien entre le 8 octobre & le 20 décembre 1870 = 73 jours
173 jours sans rien sur les registres des naissances, 121 jours sans mariage, 125 jours sans décès
A Pantin, rien entre le 28 septembre et le 24 octobre = 26 jours
44 jours sans rien sur les registres des naissances, 139 jours sans mariage, 42 jours sans décès
Inhumations
Aux Lilas encore, l'examen des registres du cimetière apporte un complément d'information allant dans le même sens : 67 jours sans inhumation enregistrée dans les registres entre le 6 septembre et le 12 novembre (exception faite des inhumations de 3 soldats et 2 autres le 10 octobre)
Démographie
Pour la petite histoire, l'analyse des registres sur la période 1865-1870 nous amène également d'autres enseignements.
- Pour 1 mariage célébré, on compte en moyenne 3,5 enfants nés
- La natalité d'avant le conflit repart de plus belle chez nous, immédiatement après : 118 en 1869 (98 et 52 en 1870-71) 120 en 1872.
- Idem pour les mariages : 38 en 1869 (18 et 19 en 1870-71) 32 en 1872.
- La mortalité, elle, reste à un faible niveau : 110 en 1869 (99 et 101 en 1870-71) 98 en 1872.
La recherche dans les 19° et 20° arrondissements ne permet pourtant pas d'identifier la commune où aurait été enregistré le décès de certains de nos compatriotes émigrés.
Reste à confronter documents et conclusions avec des études de même nature qui auraient déjà pu être réalisées par ailleurs.
