201801   -   le POINÇONNEUR des LILAS,  sur un air qui nous transporte   -   Racines du 93   AUDIO 

Des graffitis sur les murs, juste devant le métro !

En 1994, les murs face à la sortie du métro sont recouverts d’une vaste fresque.  Philippe Pena en est l’auteur. C’est un hommage à Serge Gainsbourg, décédé 3 ans plus tôt, et à sa célèbre chanson "Le poinçonneur des Lilas". C’est le lieu idéal pour une telle œuvre et tout y est : au premier plan, le poinçonneur, casquette sur la tête et pince à la main accueille les voyageurs à l’entrée du "Métropolitain", direction Châtelet, un enfant tague un mur, des tickets jonchent le sol sous la verrière façon Guimard, les murs recouverts de faïences blanches, le guichet et un chien errant… En haut du second mur, en arrière plan, les notes de la chanson et leur portée s’envolent vers le ciel.

Et pourtant, voici ce qu'il en reste... et ce qu'il en restera ...

Une fresque en voie de disparition?

La fresque du poinçonneur aura été pendant plus de 20 ans, à l'image de notre ville, un témoignage de son identité et de son effervescence artistique. Les efforts de la municipalité et les projets du Grand Paris nous offrent la prolongation de la ligne 11, à horizon 2022. Mais, à cette date, au terme des travaux qui ne lui auront pas fait que du bien, la RATP saura-t’elle réviser ses plans, pour nous offrir la vision d'une fresque de nouveau mise en valeur et restaurée? Pour la sauvegarde d'un élément pas si mineur que ça du patrimoine lilasien? Paris valait bien 1 messe, les Lilas valent bien 1 fresque?

Aux Lilas, le métro c’est toute une histoire

ENFIN !! En 1935, le maire Eugène Decros obtient enfin son métro. Il lui aura fallu 35 ans de règne, avant d'inaugurer la station "Mairie des Lilas" le 17 février 1937. Mise en chantier en 1931, au coeur de Paris, la ligne 11 aura donc son terminus aux Lilas et le conservera jusqu'à aujourd'hui, dans l'attente de son prochain prolongement.

Une inauguration sur un air d' "Opéra"

Faut il le rappeler, Eugène Decros avait rêvé de devenir architecte et il aimait le faste. La bouche de son métro se devait d'être aussi prestigieuse que celle de la station Opéra, conçue par Cassien-Bernard. Ce sera sa dernière grande satisfaction, avant qu'il ne disparaisse l'année d'après.

Le quai des Brumes

Début 1944, les tunnels du métro servent de refuge aux lilasiens venus se mettre à l'abri des bombardements.

Claude B. se souvient : "Nous habitions rue Rouget de l’Isle. J’avais 5 ans alors et ma petite sœur 1 an à peine. A ce moment, il y avait des alertes toutes les nuits. Ma mère avait toujours près d’elle une petite valise avec quelques affaires, le masque à gaz et les papiers. Dès que la sirène de la mairie se mettait à sonner, nous allions très vite nous réfugier dans le métro. On se donnait rendez vous, avec la famille et les voisins, sur les voies où roulent normalement les trains, devant les réclames Dubo-Dubon-Dubonnet. Heureusement l'électricité pour les rames était arrêtée. Et on attendait, dans le souterrain, la fin de l’alerte. Quand on ressortait sur le boulevard de la Liberté, les tilleuls étaient blancs de la poussière des immeubles touchés par les bombes."

Une usine de guerre allemande sous nos pieds

Suite aux attaques aériennes de mai 1944, les allemands veulent sécuriser leurs approvisionnements. Ils utilisent des travailleurs forcés pour retirer les rails de la ligne jusqu'à Belleville et couler sur les voies une chappe de béton de 1200 m jusqu'à Porte des Lilas. 58 machines-outils destinées à produire pour la Luftwaffe sont installées. Heureusement elles auront à peine commencé de tourner que Paris  est libéré de l'occupation allemande le 25 août. Il faudra quand même plus de 6 mois de travaux pour remettre la ligne et les stations en état de marche.

Cet article a permis la page histoire de l'InfosLilas de janvier 2018