202312 - LYCÉE Paul Robert - racines du 93 - histoire locale & familiale

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5 mars 1994, c'est jour de fête au Lycée Paul Robert des Lilas. Car c'est aujourd'hui qu'on inaugure officiellement le bâtiment, même si les premiers élèves ont déjà fait leur rentrée en septembre. La construction de cet édifice -unique- est en-soi un exploit, puisque il aura été livré moins d'un an après la pause de la 1ère pierre, en novembre 1992. 

Le terrain présente pourtant, alors, de forte contraintes :  il est limité au nord par le château d'eau (1955) et par le groupe scolaire Paul Langevin-Julie Daubié (1959), et au sud, il doit prendre la place d'une partie de la cité-jardin (1932) et de l'école maternelle Jean Macé (1969). L'architecte Roger Taillibert parvient pourtant à concevoir un ensemble compact qui satisfait à toutes les exigences. Et il arrive en même temps à "caser" un vaste gymnase semi-enterré (Micheline Ostermeyer) sous la cour de récréation de l'école voisine (Paul Langevin).  

Son CV, il est vrai, parle pour lui. Il vient de terminer le lycée Camille Claudel à Vauréal (Essonne) dont il s'inspire pour les panneaux préfabriqués en béton et la couleur rouge des menuiseries. Mais surtout, il est l'architecte de toutes les audaces, poussant toujours plus loin la portée de ses constructions, notamment avec l'utilisation de voiles de béton précontraint : Centre d'entrainement pré-olympique de Font Romeu (1967), Parc des Princes au dessus du périphérique parisien (1972), Stade olympique de Montréal (1976), Réaménagement du stade couvert de l'Insep (1979), Usine Coca-Cola de Grigny (1985), ou -plus près de chez nous- Piscine Georges Hermant à Paris 19 ( 1972), Rénovation de la piscine des Tourelles à Paris 20 (1986), etc. Son pedigree le classe parmi les architectes majeurs du 20ème siècle. 

Pour notre lycée lilasien, il mélange les matières et joue avec les volumes et les espaces, tant à l'extérieur (qui intrigue), qu'à l'intérieur (qui impressionne). 

A partir du parvis largement ouvert sur la cité, on accède au hall principal (accueil, administration, locaux techniques), avant de pénétrer dans le vaste atrium, véritable cœur du Lycée. Et là, "effet waouh" garanti, comme on dirait aujourd'hui. La lumière naturelle tombe du très haut plafond, entre les longues poutres de bois lamellé-collé, pour irriguer tout le centre de l'établissement, avec son jardin intérieur, ses palmiers et ses aires de détente. Puis elle se propage dans les coursives distribuant les salles de classe, au rez-de-chaussée comme en étages. En complément, de multiples lanterneaux et pavés de verre laissent la lumière naturelle pénétrer en abondance, contribuant ainsi à élargir visuellement les espaces intérieurs.

A l'extérieur,  Roger Taillibert parvient à éviter la monotonie qui aurait pu ressortir du choix d'une construction en béton préfabriqué. Partout, il joue des formes : pointues, arrondies, droites… Il équipe les fenêtres-bandeau au sud, de pare-soleils, rythmant ainsi la façade sur toute sa longueur. Il marque les toitures par des différences de hauteur et des formes variées, en acier laqué. Malgré la contrainte d'un espace resserré, il aura réussi à animer la vision des façades et des toits, pour en faire une réussite architecturale, un lycée unique, identifiable au 1er regard.

En complément du bâtiment, le sculpteur et grand prix de Rome Alfred Féraud, apporte sa touche culturelle, en intégrant une de ses sculptures en acier inoxydable, dans la proue de béton qui lui a été réservée : c'est "la flamme de la connaissance" réalisée avec son élève Jean-Pierre Rives, ancien capitaine de l'équipe de France de rugby. 

Le lycée prend aussitôt le nom de l'auteur du dictionnaire de base de tous les collégiens et lycéens : Paul Robert (°1910 +1980) lexicographe et éditeur français de l'œuvre de sa vie, le dictionnaire analogique en 6 volumes qui porte son nom. On lui doit aussi le fameux "Petit Robert", sous la direction d'Alain Rey (°1928 +2020), savoureux linguiste lexicographe et de son épouse Josette Debove  (°1929 +2005) Lexicographe, Semiologue et Universitaire. 

Le jour de l'inauguration, ils sont nombreux à les rejoindre, artistes, enseignants, officiels ou simples voisins. Aux côtés du maire Jean Jack Salles et du maire adjoint Jean Claude Dupont, on peut croiser les écrivains Bernard Clavel, Yann Queffelec et Joseph Joffo, le comédien François Chaumette, le journaliste de France Inter Olivier Barrot, la veuve de Paul Robert, Vanda Duda-Ostrowska, la 1ère proviseur du Lycée Francine Manzano, le recteur de l'académie de Créteil Claude Lambert, le ministre du travail, de l'emploi et de la formation professionnelle Michel Giraud ou Robert Pandraud, membre du Conseil Régional d'Île de France.

En comptant bien, ce sont quelques 4000 m3 de béton,  400 éléments de façade préfabriqués, 300 poteaux coulés sur place et 200 tonnes d'armatures mises en œuvre qui auront servi à créer les 11.000 m² de planchers de salles de classes, d'auditorium et d'espaces partagés. Ce sont les six classes de 2de qui ouvrent le bal à la rentrée 1993, les mêmes élèves inaugureront celles de 1ère, l'année d'après, pour finir avec un effectif complet de 1ère-2de-terminale à la rentrée 1995. Le lycée est polyvalent avec une filière générale et une autre d'enseignement professionnel.  Il est bien loin le temps du LEP vieillissant au fond du cour Saint-Paul et des Lycées des communes limitrophes où les jeunes Lilasiens devaient se rendre pour achever leur scolarité. 

Ce samedi 5 mars 1994 aura vraiment été un moment d'exception. Pour les habitants du plateau que sont les Lilasiens, il aura marqué d'autant plus les esprits qu'il renforçait la cohésion sociale et ce fameux "esprit village" qui nous caractérise. Pensez donc, on pouvait désormais effectuer ici toute sa scolarité : de la Crèche à la Maternelle et au CP, puis du Collège au Lycée, on retrouvait chaque année beaucoup des mêmes élèves dans sa classe. Les copains avec lesquels on avait partagé les 1ers apprentissages de l'éducation se retrouvaient, jeunes adultes, à passer ensemble le bac. Tout cela crée des liens et une mixité sociale riche d'amitiés durables.

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