201909   -   Il y a 75 ANS, les LILAS se LIBÉRAIENT   -   racines du 93

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EN ATTENDANT LECLERC 

1944, aux premiers jours du mois d'août. Cela fait deux mois déjà que les troupes anglo-américaines ont débarqué en Normandie. Elles ont été freinées par la Wehrmacht, d'abord dans le bocage, puis à Caen et Falaise. 

Leclerc a atteint Argentan, à  200 km de la capitale, et Patton est à 30 km seulement. Qu'est ce qui les bloque encore? En fait le commandant en chef Eisenhower voulait éviter Paris, sans intérêt stratégique à ses yeux, privilégiant la destruction des centres industriels en Allemagne. Les Parisiens ne comprennent pas que la ville symbole de la France demeure plus longtemps sous le joug des Nazis; de Gaulle non plus. La Résistance décide alors de ne plus attendre. Les cheminots sont les premiers à se mettre en grève le 10. Suivent le métro et la gendarmerie le 13. Le 15 c'est au tour de la Police Parisienne. 

la RÉSISTANCE LILASIENNE

Aux Lilas, le jeudi 16, on va plus loin: le résistant Laroche démet et remplace le commissaire Blaize. Le capitaine François (Marcel Joseph-François) réunit clandestinement tous les FFI (forces françaises de l'intérieur) dans le sous-sol de sa brasserie du 22 rue Chassagnolle. Melle Robert distribue ses brassards "Libération". Ils sont bientôt 200 résistants et se cantonnent désormais à l'usine Cuperly, 55 av Pasteur.  Les armes sont stockées dans le sous-sol de l'école Romain-Rolland. De son côté, l'abbé Le Gouar cache le lieutenant Paul et des armes dans sa maison du 114 bd de la Liberté. Le maire Valognes signe son dernier acte officiel. 

Au Fort, le dernier convoi pour Ravensbruck à peine parti, l'abbé Le Gouar vient récupérer en camion les colis des Quakers. Les rations sont aussitôt distribuées à la population affamée à cause d'un ravitaillement devenu rare. Faute de farine, les boulangeries ferment.  

vendredi 17 AOÛT: les LILAS LIBÉRÉS

Les francs-tireurs attaquent la Mairie. David Rosenfeld dépose et remplace le maire. Il le restera 9 mois. Après 4 années d'occupation, les Lilasiens peuvent enfin se réjouir. Ils accrochent le drapeau français à leurs fenêtres et applaudissent les FTP et FFI du Comité de Libération qu'on prend en photo, au balcon de la mairie ou en train de défiler rue de Paris. 

Les DERNIERS MOMENTS de VICHY

Le vendredi 17 août, Laval signe son dernier acte de chef du gouvernement de Vichy: la libération des prisonniers politiques sous garde française aux Tourelles et à Drancy, puis il démissionne. La décision est ensuite élargie aux camps sous garde allemande, résultat d'une négociation menée par les consuls de Suède, de Suisse et l'ancien président de la Confédération. Tous les "politiques" passent sous la responsabilité de Nordling et de la Croix Rouge. 

Pourtant le samedi 19 aux Lilas, avant de quitter le Fort, les derniers militaires s'apprêtent à fusiller 18 prisonnières et à envoyer les autres à Ravensbrück. Raoul Nordling s'y rend aussitôt dans une voiture battant pavillon suédois. Von Choltitz envoie à son tour son chef d'état-major, pour achever de convaincre la Gestapo. Finalement, comme en témoigne la jeune Melle Roy de 21 ans, les 56 dernières prisonnières sont libérées et remises aux volontaires de la Croix-Rouge. Quatre camions les emmènent au Couvent des oiseaux à Paris.

Le vendredi 18 août, sur les toits du 53 av Pasteur, 3 adolescents scrutent à la jumelle la Caserne Mortier. C'est pour eux plus un jeu qu'une action de résistance. De l'autre côté de la zone, un soldat allemand les repère et les prend pour des guetteurs. Il tire à la mitrailleuse lourde: Henri Foursin 15 ans et Dominique Potiez 14 ans sont criblés de balles, ainsi que Marcelin Boyer 38 ans un voisin venu les secourir. Tous trois décéderont le lendemain à l’hôpital Tenon. Les soldats allemands envahissent l'avenue et mettent le feu à l'immeuble avec des engins incendiaires. Cinquante locataires, pris au piège, sont emmenés à la caserne pour interrogatoire. Ils seront libérés le lendemain et relogés temporairement au gymnase Liberté.

INSURRECTION GÉNÉRALE: TOUS AUX BARRICADES

samedi 19 août, les affiches du Colonel Rol-Tanguy sont placardées dans tout Paris. Sans attendre Leclerc et les américains, Paris se soulève contre l'occupant. 

Des barricades sont élevées sur les principaux axes pour bloquer les véhicules allemands. 400 seront édifiées durant cette semaine cruciale, principalement dans les quartiers populaires de l'est. La recette pour fabriquer des cocktails Molotov est distribuée

La Préfecture de Police est prise et le drapeau français est hissé sur son toit. Visible de loin, ce symbole d'un retournement majeur encouragera les autres actions. 

Les HEURES SANGLANTES

lundi 21 août aux Lilas, policiers français, résistants et civils pénètrent dans le Fort et découvrent 11 corps déchiquetés. La veille, les derniers soldats allemands avaient ordre d'évacuer. Or un dernier groupe de prisonniers venait d'arriver qu'ils ne pouvaient plus emmener. Ils décident de les éliminer, à la mitraillette et à la grenade. Ce  seront les morts du dernier jour, les seuls d'ailleurs, durant les 4 années d'occupation nazie, directement exécutés au Fort. 

22 août, mardi, près de la place Paul de Kock, un jeune résistant que personne ne connait décharge son arme dans la rue. Riposte immédiate de soldats allemands qui prenaient un dernier verre près de la Gendarmerie. 4 personnes tombent sous les rafales, dont un  couple de coiffeur et une étudiante à sa fenêtre.

PARIS MARTYRISÉ MAIS PARIS LIBÉRÉ

Jeudi 24 août, à Paris, l'histoire s'accélère. Leclerc a reçu le feu vert d'Eisenhower. Il envoie le détachement du Capitaine Dronne pour être le premier à entrer dans Paris. Celui-ci file par la porte d'Italie jusqu'à l'Hotel de Ville, où il positionne ses 3 chars à 21h22. L'enthousiasme est indescriptible sur tout son parcours. Toutes les cloches de Paris annoncent la bonne nouvelle. Aux Lilas, le bedeau Lucius fait sonner la cloche de notre église quelques minutes après le bourdon Notre-Dame.

vendredi 25 août, la messe est dite. La 2°DB de Leclerc et la 4°DI US de Barton pénètrent par les portes d'Orléans et d'Italie. A son QG de l'hôtel Meurice, le général von Choltitz se rend. Il est escorté jusqu'à la Préfecture de police où il signe la reddition de toutes les troupes allemandes sous son commandement. Les vainqueurs rejoignent la Gare Montparnasse pour accueillir le Général de Gaulle. 

Ce même soir, il prononce son fameux discours "Paris, Paris outragé, Paris brisé, Paris martyrisé mais Paris libéré!"

samedi 26 août, le général descend triomphalement les Champs-Elysées, sous les acclamations de peut-être 2 millions de Parisiens.

la camionnette du capitaine Joseph descend la rue Royale

lundi 28 août aux Lilas, on peut enfin fêter la Libération à la Salle des fêtes et danser dans la cour de Waldeck-Rousseau

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liens

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références:

- quand les lilas, jean huret, ville des lilas 1993, p278-292

- rol-tanguy, roger bourderon, éd taillandier 2004, p379-471

- henri amouroux, joies et douleurs du peuple libéré 6juin-1er septembre 1944, éd robert laffont 1988, p595-744

- la libération, de l'insurrection de paris à la victoire de 1945, geohistoire n°16 2014, p34-45

- femmes et hommes de romainville, de la résistance à la libération, mairie de romainville 1999, p188-190

- paris brule t'il, film de rené clément, 1966, allocine

- la libération, éd nane 2014 

- l'abcdaire de la seconde guerre mondiale, éd flammarion 2001

- le camp d'internement des tourelles 1940-44, louis poulhès 2019  fnac  amazon  wiki

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