Nos CHAMPIONS CYCLISTES LILASIENS 

Apparue en même temps que les tramways électriques, la "petite reine" ou la "bécane" suscite une 1ère révolution dans la manière de se déplacer, avant même que l'automobile ne voie le jour. Elle évolue rapidement, en se munissant d'une chaîne en 1885. Michelin la dote  de pneus creux, seulement trois ans plus tard. A l'occasion de la fête communale de 1891, les Lilas organisent une 1ère course. Quatre ans plus tard, l'invention du 1er pneu démontable est particulièrement appréciée des utilisateurs. 1901 voit les jeunes cyclistes rouler -déjà!!- sur les trottoirs. La municipalité doit légiférer en leur en limitant l'usage à la partie située entre les arbres et la chaussée. Des fabricants et des réparateurs voient le jour un peu partout autour de la rue de Paris. Des sociétés se forment comme "L'avenir cycliste des Lilas" ou "La pédale lilasienne". "L'étoile d'or" et "La commune libre des Lilas" organisent des sorties cyclistes mixtes, comme celle de la cueillette du muguet. A l'occasion des élections municipales, Louis Dumont -éternel opposant à Eugène Decros- sillonne les rues de la ville au guidon d'une bicyclette tricolore (roue bleue, cadre blanc, roue rouge). Dans les années 1930' nos champions lilasiens se distinguent à la Cipale de Vincennes (Charles Aquistapace, André Schumacher), au Vel d'Hiv (Pierre Gabeloux) ou aux Championnats du Monde (Elie Frosio).

Le VTT , une INVENTION LILASIENNE (1950) 

Mais, en dehors des circuits officiels, une innovation majeure voit le jour en 1950 sur les hauteurs du Fort dit de Romainville, grâce à une bande de copains âgés tout au plus de 15 ou 16 ans. Juste après-guerre, ils entretiennent la "tradition" des combats entre villages voisins, façon "Guerre des boutons". Les anciens ont tous raconté ces échauffourées entre ceux d'en haut (les Lilas, Bagnolet) et ceux d'en bas(Pantin, Bas-Romainville). Dans les années de disette (1945-50), avec peu de moyens, ces gamins passent leurs loisirs à glisser sur les pentes de la décharge de Pantin (actuel parc de la République). Et ils guerroient avec des lance-pierres et des boucliers (couvercles de poubelles ou portes de voiture) pour gagner le droit d'utiliser le plateau bosselé du Fort, pendant les vacances. Les "combats" pouvaient durer jusqu'à deux jours mais ont rarement été jusqu'à occasionner des blessures. La police n'y est d'ailleurs jamais intervenue.  Au tournant de la décennie, une vingtaine de ces adolescents se retrouve de plus en plus régulièrement la haut, sur le glacis du Fort. Les bosses et les creux du terrain ont déjà attiré des compétitions de moto-cross. Côté vélo, la fabrication a beau avoir repris après guerre (Motobécane à Pantin..), ce sont pourtant des engins bricolés par leurs soins qu'ils vont mettre au point pour leurs exploits. Pour ce défi, le sens de la débrouille, leur imagination  et les talents de chaudronnier de l'un d'entre eux (Mutsa Gartner) feront le reste. Les pièces détachées sont achetées sur les puces de Montreuil et de Clignancourt. Le cadre est  renforcé. Les rayons des roues sont rigidifiés. Les pneus deviennent plus larges. Le changement de vitesse remonte au niveau du guidon. Une fourche suspendue de vélomoteur prend place à l'avant et des freins à tambour à l'arrière. Bref, notre bande de jeunes vient d'inventer le VTT (le vélo tout terrain) au début des années '1950!  Les premiers VTT américains (mountain bikes) n'auront pas tout ça, vingt années plus tard (1970') !! 

Une BANDE de COPAINS LILASIENS = les INVENTEURS du VTT

Les créateurs du VTT étant pour beaucoup des Lilasiens, ils se retrouvent de plus en plus souvent au Café des Poètes de Mme Beau  à partir de 1948 (actuelle place Charles de Gaulle). C'est dans ce "quartier général" qu'est décidée en 1951 la création de leur association, le VCCP (Vélo Cross Club Parisien). 

On y organise les premières manifestations publiques du nouveau sport : à Ivry, au printemps de cette même année, durant l'entracte d'une manifestation de moto-cross; puis à la sablière d'Argenteuil, à Ermenonville, à Montmorency... Quand un tournage de film interdit l'utilisation du glacis du Fort, les entrainements se déplacent à Romainville (Val d'enfer), à Montreuil (Buttes à Morel), à Pantin (l'Avenir) ou à Bobigny (la Folie). Après les années pionnières, le  VCCP se résorbe et disparait en 1957. On parle de nouveau de lui en 1998, dans un documentaire de FR3 (INA) et dans l'éphémère Musée du vélo de Plouay (Morbihan).  

Parmi les acteurs de cette belle histoire, on peut citer les Lilasiens Henry Albisson dit Babine, fils du charbonnier de la place des poètes et champion de l'évolution sur roue arrière (52m); Guy Sentucq, le touche à tout de la mécanique; Jean Duda dit Jeannot, fils du patriote résistant mort à Rosny, le premier à avoir installé une fourche à ressort amortisseur sur un vélo ordinaire; Guy Hermann dit Guittou, prodige de la cabriole et de la pirouette à coup de freins; Jacques Bousquetal dit Coco le modeste, l'as de la virevolte et de l'équilibre instable; Alain Lyver dit Holden, la puissance du coup de pédale, la classe en plus. Et les Pantinois Jacques Michel dit Jackie, tête pensante; Gérard Gartner dit Mutsa ou Grande gueule, d'origine tsigane, actif au chalumeau; Clément Gilbert dit Harold, doux et modeste; Georges Leskovac, enthousiaste et fédérateur, sans lui le groupe n'aurait pas existé. 

Le livre "L'incontestable naissance du VTT" détaille leur histoire en 2022, sous la plume de Mutsa Gartner. Il rappelle au monde ce qu'une bande de jeunes Lilasiens passionnés a pu apporter au monde du sport, il y a 70 ans.