Aurigny - racines du 93 - histoire locale & familiale

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AURIGNY : typologie d'une DÉPORTATION 11p 

mémoire vivante n°60

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Le 2 juillet 1940, l’armée allemande s’empare de l’île anglo-normande d’Aurigny (Alderney), quelques jours après Jersey et Guernesey. 

L’occupation se fait sans combat puisque, depuis le 22 juin, l’île s’est vidée de la quasi-totalité de ses habitants qui ont gagné l’Angleterre plutôt que d’engager un combat perdu d’avance sur un territoire démilitarisé. Seule une poignée d’irréductibles, dont un fermier et des personnes trop âgées pour s’exiler demeurent sur place.

La propagande nazie saisit cette opportunité, une fois l’île occupée, pour proclamer que l’Allemagne avait mis un pied en terre britannique, occupation de bon augure pour une future invasion de l’Angleterre. Mais après l’échec de la Bataille d’Angleterre à la fin de l’année 1940, le rôle des îles anglo-normandes est redéfini par le Reich. Dès le printemps 1941 un programme de fortifications, destiné à conserver la maîtrise de ces îles en empêchant toute tentative de retour des Britanniques, est mis au point. Il sera par la suite inclus dans un plan défensif beaucoup plus vaste dit « mur de l’Atlantique » afin, cette fois, de mettre l’ensemble des côtes ouest de l’Europe à l’abri d’un éventuel débarquement. Ces programmes sont confiés à l’organisation Todt

1 . À Aurigny, après quelques réquisitions d’autochtones rapidement insuffisantes, les autorités se lancent par nécessité dans la recherche d’une main-d’œuvre plus nombreuse, peu coûteuse et docile.

Composition et répartition des détenus sur l’île 

La population captive à Aurigny, toutes origines confondues, atteint son effectif maximum, soit quelque 5 000 détenus, au milieu de l’année 1943, sur un territoire qui pouvait à peine faire vivre plus de 1 500 personnes.Les détenus2 sontrépartis entre quatre camps : Helgoland, à proximité du centre, destiné aux civils raflés sur le front de l’est pendant l’hiver 1941-1942, surtout des jeunes originaires d’Ukraine ; Norderney, au nord-est, dont la population initiale diversifiée laisse progressivement place aux déportés de France ; Sylt, au sud-ouest, essentiellement composé de détenus russes jusqu’en février 1943, période où est installée la SS-Baubrigade I, Kommando itinérant de Sachsenhausen puis Neuengamme, fort de 1 000 détenus et chargé de travaux de déblaiements et d’infrastructure ; enfin, Borkum, au sud-est, constitué surtout de travailleurs allemands, « volontaires »,requis, ou objecteurs de conscience (Témoins de Jéhovah). Sur l’île d’Aurigny, on recense 855 détenus provenant de France, à partir du début de 1942. À l’exception de deux Français issus du « Train des mineurs 3 », et affectés à la SS-Baubrigade I, ces détenus sont regroupés à Norderney. Le 22 février 1942, les premiers arrivés sont 31 Espagnols réfugiés en France en février 1939, après la chute du Front catalan. Regroupés dans des camps provisoires comme Argelès-sur-Mer, SaintCyprien et d’autres, ils sont ensuite dirigés par les autorités françaises vers des camps bâtis, comme ceux de Gurs, Récédebou ou le Vernet. Astreints au travail au profit de la défense nationale à l’automne 1939 comme la plupart des réfugiés espagnols, ils sont mis à la disposition de l’organisation Todt après la signature de l’armistice, notamment pour les chantiers de Brest, dans le courant de l’année 1941. Finalement les autorités allemandes les envoient travailler sur l’île d’Aurigny d’où, au premier semestre 1943, ils sont réorientés vers d’autres chantiers.

Norderney voit arriver deux convois de Juifs, respectivement les 12 août et 11 octobre 1943. Le premier compte 325 hommes, le second 245. Pour la majorité, ils sont passés par Drancy et les camps du Loiret avant d’aboutir à Aurigny. Entre ces deux convois, on note également l’arrivée, le 9 septembre 1943, de 113 détenus issus du camp d’internement de Compiègne, dont environ les deux tiers sont des Nord-Africains.

Ces différents convois représentent un effectif d’environ 800 détenus issus de France. D’autres arriveront encore individuellement à des dates différentes, et porteront l’effectif à 855 détenus (recensés).

Deux tiers de l’effectif est français, le reste est éclaté en 27 nationalités parmi lesquels on note un Américain de New York et même un Chinois arrêté à Marseille 4 le 23 janvier 1943. Globalement la population issue de France à Aurigny est constituée d’homme d’âge mûr, sensiblement la moitié étant née avant 1900. L’analyse des catégories socioprofessionnelles fait apparaître une proportion importante d’employés du commerce, de professions libérales et de cadres, supérieure en tout état de cause à la moyenne nationale française et de façon générale à celle des déportés par mesure de répression.

Le 17 mai 1944, un nouveau convoi de 30 personnes presque toutes arrêtées en Basse-Normandie pour faits de résistance est regroupé avec les détenus provenant du camp de Compiègne. Enfin le 5 juin suivant, un dernier convoi d’une quarantaine de personnes composé à 90 % d’internés du Vernet, dont un grand nombre d’Espagnols, arrive sur l’île d’Aurigny.

Juifs conjoints « d’aryennes » et requis Parmi ces 855 détenus, les déportés juifs constituent le groupe le plus important, avec 590 personnes, majoritairement « conjoints d’aryennes ». 

L’habitude a été prise de désigner ces personnes comme « demi-juifs de Drancy », expression impropre puisqu’il ne s’agissait pas de « demi-juifs » au sens que voulait lui donner le statut des Juifs en raison du degré de leur ascendance « juive » dans les lois raciales deVichy, mais de Juifs ayant épousé des non-juives.

Leur sort exceptionnel pourrait provenir d’une recherche de compromis entre le gouvernement de Vichy et les autorités allemandes. Pétain a-t-il obtenu de soustraire certains ressortissants juifs français à la déportation vers Auschwitz, du fait de leur mariage avec une non-juive, souvent française? Les autorités allemandes ont-elles voulu faire quelques concessions pour mieux impliquer le régime de Vichy dans les grandes rafles parisiennes de l’été 1942 ? Ont-elles considéré cette population comme potentiellement négociable ? La question reste posée, d’autant que certains qui n’ont pu fournir les preuves exigées, ont été finalement rattachés à des convois d’extermination « vers l’Est » pour en compléter l’effectif. 

David Trat, président d’honneur de l’amicale des anciens déportés d’Aurigny, rapporte que pour faire valoir une situation de conjoint de non-juive il fallait que le mari présente les certificats de baptême des grands-parents de l’épouse, « ce qui en ces temps affreux, ne fut pas une mince affaire ».

Toujours est-il que ces hommes ont constitué une catégorie particulière à Drancy, dite catégorie A (théoriquement non-déportable). En définitive la « guerre totale » pratiquée par le Reich depuis plusieurs mois et le peu de poids des autorités de Vichy fin 1942 avec l’occupation de la zone sud, eurent pour conséquence la décision allemande de déporter ces Juifs vers Aurigny, à l’été 1943. Le changement de direction à la tête du camp de Drancy — Brunner remplace Röthke le 2 juillet 1943 — coïncide d’ailleurs avec une intensification générale des déportations, dont celle de main-d’œuvre esclave vers l’île d’Aurigny. C’est également à cette période qu’un détachement SS issu du camp de Neuengamme arrive à Aurigny pour prendre la direction du camp de Nordeney sous l’autorité de deux SS Adam Adler et Heinrich Evers.

Les Juifs d’Aurigny ne sont toutefois pas tous « conjoints d’aryennes ». Environ 10 % sont de jeunes juifs requis dans le cadre du Service du Travail Obligatoire, en réalité arrêtés et déportés à Aurigny. Ces personnes ont été convoquées quelques jours avant le départ du second convoi de Juifs en octobre 1943. Il est possible que les Allemands aient voulu rajeunir l’effectif des déportés afin de fournir une force de travail plus efficace, la population des Juifs d’Aurigny étant constituée, comme il l’a été dit plus haut, d’hommes d’âge mûr. Contrairement aux autres Juifs, ces requis ne sont pas passés par des camps de transit. Ils sont envoyés aussitôt après leur arrestation vers le Cotentin, puis de là à Aurigny. Convoqués soit en région parisienne, soit plus à l’est de la France, ils sont acheminés par train, leur ordre de convocation faisant office de titre de transport jusqu’à Cherbourg. Arrivés sur place, ils sontregroupés à la caserne Dixmude à Querqueville, d’où ils sont mêlés aux Juifs arrivés de Drancy et déjà arrivés dans la région cherbourgeoise.

Circonstances et arrestations

Pour plus du tiers, les Juifs d’Aurigny sont arrêtés isolément, parfois à l’improviste lors de simples contrôles d’identité dans la rue, révélant alors leur qualité de juif. Un peu plus du quart est arrêté lors de rafles ou de prises d’otages, survenues notamment en région parisienne les 14 mai, 20 août et 12 décembre 1941. D’autres sont arrêtés pour non-apposition de la mention « Juif » sur la carte d’identité etc. Ces « infractions à la loi » constatées assez fréquemment chez les « conjoints d’aryennes » (16 % de l’effectif recensé à Aurigny) résultent probablement de ce que ces personnes se sentaient sans doute moins concernées par les mesures antijuives, puisqu’ils s’étaient placés d’eux-mêmes « en dehors de la communauté juive» du fait de leur union avec une non-juive.

Enfin, environ 7 % des déportés se retrouvent là pour avoir tenté de franchir une frontière interdite, notamment en 1942 la ligne de démarcation, au moment où la législation antisémite se durcit.

Enfin, quelques-uns sont arrêtés pour faits de résistance. Détenus arrêtés pour d’autres raisons que le fait d’être Juif. Les arrestations de répression (c'est-à-dire pour d’autres raisons que le fait d’être Juif) concernent 265 déportés, de provenance diverse. Un tiers sont des résistants appartenant à la résistance  organisée (10 %) ou opérant en dehors d’organisation résistante proprement dite (27 %). Parmi ces derniers, la moitié est arrêtée en Basse-Normandie dans les derniers mois de l’occupation. Ainsi, l’abbé Lemoine, curé de Beaumont-en-Auge dans le Calvados, est arrêté en avril 1944. Il dissimulait des réfractaires et leur fournissait de faux papiers, avec le concours de l’instituteur du village, Serge Perronnel, et du maire de la commune voisine de Saint-Étienne-la-Thillaye, Étienne Langin. Ces trois personnes, incarcérées après leur arrestation à la prison de Caen jusqu’au début du mois de mai, passent brièvement par celle de Cherbourg avant leur transfert sur l’île d’Aurigny le 17 mai 1944.

Un autre tiers des déportés non-juifs d’Aurigny est constitué de personnes raflées ou prises en otage lors de diverses opérations. Le gros de l’effectif provient de la rafle du Vieux Port déclenchée le 23 janvier 1943 à Marseille.Ils représentent le tiers du convoi issu de Compiègne du 9 septembre 1943. On trouve également des réfugiés espagnols envoyés dans le premier et le dernier convoi vers l’île Aurigny (16 %). Une dizaine de détenus de droit commun se trouvent également englobés dans l’effectif. Enfin quelques détenus ont été arrêtés pour tentative de passage de la frontière espagnole, alors qu’ils cherchaient à gagner l’Angleterre ou l’Afrique du Nord pour reprendre le combat.

Le transfert sur l’île

Les Juifs « conjoints d’aryennes » de Drancy sont dirigés début juillet 1943 vers la région cherbourgeoise. Incarcérés à la caserne Dixmude de Querqueville, ils sont affectés aux chantiers côtiers des fortifications allemandes. Pendant cette période, on note une quinzaine d’évasions. Le reste est acheminé vers Aurigny en deux vagues, les 12 août et 11 octobre 1943. Dans l’intervalle arrivent des détenus provenant du camp de Compiègne-Royallieu, initialement regroupés à Cherbourg entre le 6 et le 9 septembre, puis transférés sur l’île le 9 septembre. Ces deux populations ne se rencontrent pas dans le Cotentin.

Aurigny-Alderney

L’arrivée à Aurigny s’effectue dans l’obscurité, pour des raisons de sécurité et de discrétion. Après la nuit passée à fond de cale, les détenus sont livrés sur les quais à des hommes en armes. Boris Maniloff se souvient de cet accueil « à bras ouverts, avec les crosses en l’air, sur les quais. On nous a conduits jusqu’au camp avec des soldats de chaque côté qui tapaient avec les crosses sur la tête comme des bestiaux qu’on conduit vers les abattoirs, exactement pareil ». Une fois fouillés et délestés des objets de valeur qu’ils pouvaient encore posséder, les détenus sont rapidement mis au travail. Les SS n’ont autorité que dans l’enceinte du camp de Norderney lui-même. Ce sont les responsables locaux de l’organisation Todt qui viennent chercher la main-d’œuvre nécessaire. Après un appel nominatif, commence l’attente. Une heure, parfois deux. Puis les différents groupes rejoignent leur chantier. Il faut parfois traverser l’île d’un bout à l’autre pour atteindre le lieu de travail. À la sortie du camp, les détenus se voient peindre une bande blanche de chaque côté du pantalon comme signe distinctif, les détenus de Norderney ne portant pas « le rayé » bien connu des déportés. Seulsles détenus de la SS-Baubrigade arrivés de Neuengamme et Sachsenhausen en sont vêtus. 

Pour l’essentiel, le travail consiste à couler du béton pour construire de nouveaux blockhaus. Sur place, l’attitude des « surveillants Todt » à l’égard des détenus est variable. Certains sont surtout soucieux de réussir la mission de fortification du littoral qui leur est assignée, d’autres ayant bien assimilé les théories nazies, considèrent les détenus comme des sous-hommes. Ainsi Henri Bloch rapporte : « certains sont corrects, très corrects même, mais d’autres déchaînés, se livrent à des voies de fait surtout quand ils ont trop bu ». Henri Blaustein se souvient d’avoir « été sauvagement frappé à coups de pelle sur la tête par un contremaître du chantier ».

Après 12 à 15 heures de travail, la journée n’est pas terminée. Une fois de retour au camp, certains détenus sont chargés de corvées en tout genre, toujours plusimportantes pourlesjuifs. Les premiers ont dû bâtir une baraque sanitaire avec une seule douche qui a néanmoins permis un semblant d’hygiène et évité certaines maladies.Les juifs sont répartis en huit baraques isolées des autres par du barbelé. Les détenus de Compiègne sont logés dans deux autres baraques, distinctes.  Puces et poux ne tardent pas à proliférer, et le typhus fait son apparition. Henri Bloch raconte : « maintes fois j’en ai eu une quarantaine à mon tableau de chasse dans la couverture ». D’autres nuisibles fréquentent les lieux, comme les rats toujours à l’affût de la moindre nourriture sans surveillance. Les maladies sont principalement liées à l’insuffisance alimentaire et à l’état d’épuisement des organismes soumis à des efforts physiques importants auxquels ils n’étaient pas habitués. Les critères d’accès fixés par le Frontführer pour accéder à l’infirmerie imposent d’avoir une forte fièvre. Toute autre raison est exclue. La baraque dite « infirmerie » pouvait recevoir environ 4 % de l’effectif. Les malades manquaient cependant d’à peu près tout. Yvan Dreyfus, médecin du camp, affirme que la baraque permettait tout juste « aux détenus physiquement épuisés d’avoir vingt-quatre heures de repos ».

Au camp les deux SS se répartissent les tâches. Heinrich Evers reçoit ses ordres d’Adam Adler, et sera à l’origine de la plupart des coups et brutalités envers les détenus. C’est ce qui ressort du procès des deux responsables de Norderney à Metz, en novembre 1949. Parmi les brutalités signalées, on note trois côtes fracturées à un Chinois qui a uriné dans une boîte en fer, six dents cassées pour un salut militaire jugé inopportun de la part d’un détenu, 50 coups de matraques pour une suspicion de vol… Maurice Azoulay rapporte au procès que « les faits sont extrêmement nombreux. Il m’en revient quelques-uns à l’esprit et je crois qu’il est superflu de les indiquer tous, même s’ils me reviennent tous à la mémoire ».

Lors du procès de Metz un autre méfait soulevé concerne le détournement des colis. Les détenus avaient en théorie le droit de recevoir des colis de leur famille. Ces derniers toutefois arrivaient rarement à leur destinataire. Des détournements furent constatés à partir de Cherbourg et surtout à Aurigny, où certaines denrées sont carrément détournées vers le Casino au profit des soldats allemands. Des confiscations et des destructions de courriers sont fréquentes : L’ensemble de ces actes est chiffré par l’accusation à près de 3 800 colis en moins d’un an lors du procès.

Un autre point largement discuté au procès concerne le tunnel (cf photo de la page 7)qui était sensé relier Norderney à la plage. Les Allemands décidèrent de le boucher côté mer et de procéder à de soi-disant « exercices d’alerte » début 1944. Lors de leur procès, les deux SS expliquèrent que ce tunnel avait pour but de « protéger les détenus en cas de bombardement ».Mais le faible encaissement de ce dernier et le fait qu’une mitraillette soit dirigée vers l’entrée du tunnel, c'est-à-dire vers les détenus, rendent cette version peu crédible. 

L’interprète du camp, Armand Storper, a affirmé au cours du procès avoir entendu lors de la soirée du nouvel an 1944, Adam Adler évoquer ce tunnel comme moyen d’extermination des détenus, notamment en cas de débarquement ennemi. Deux jours plus tard, comme par hasard, le premier « exercice d’alerte » était organisé. 

Évacuations et libération

L’évacuation des Juifs est fixée par les Allemands au 7 mai 1944. Avant cette date, deux rapatriements sanitaires exceptionnels avaient pu avoir lieu, respectivement les 15 janvier et 29 mars en faveur de 150 détenus, dirigés sur Paris. L’Union Générale des Israélites de France (UGIF) avait obtenu des Allemands que ces évacués soient hospitalisés à l’Hôpital Rothschild. Ces évacuations ont été rendues possible par l’intervention d’un médecin de la Kriegsmarine et ont permis d’évacuer les détenus les plus épuisés. Ce médecin dont le nom est inconnu mais dont les actes sont souvent rapportés, est également à l’origine d’une enquête sur les conditions alimentaires des déportés de Norderney, qui déboucha sur une amélioration de la nourriture à partir de mars 1944.

Le 7 mai 1944, les 440 déportés juifs restants sont acheminés vers les camps du Boulonnais, et y sont à nouveau astreints à des travaux de fortification. Ils passent l’été là avant d’être à nouveau évacués vers l’est début septembre (voir carte annexe II). La désorganisation qui fait suite au débarquement des Alliés, l’opération Overlord, est propice aux évasions lors du transport et de l’internement dans des camps comme ceux de Dannes, Boulogne ou Hardelot. Les  détenus non évadés sont finalement sauvés grâce à l’action de la Résistance belge qui parvient, le 4 septembre à Dixmude, à stopper le train et libérer les derniers détenus.

Le camp de Norderney ne compte plus que les détenus issus du camp de Compiègne, rejoints par des détenus arrêtés en Basse-Normandie le 17 mai 1944, soit dix jours après l’évacuation des Juifs. Ce convoi ainsi que celui du 5 juin, bénéficient des conditions alimentaires améliorées, ce qui fait dire à l’abbé Lemoine que « le menu ne varie guère mais il est d’assez bonne qualité ». Seul l’ouvrage du curé de Beaumont-en-Auge nous renseigne sur les conditions de ce passage sur l’île. Les détenus sont affectés au même travail que leurs prédécesseurs. Cependant, leur évacuation est décidée face à l’avance alliée et surtout en raison de la prise de Cherbourg, qui coupe les relations avec l’île. Le 25 juin 1944, les déportés des quatre camps d’Aurigny sont dirigés vers Guernesey, Jersey, puis SaintMalo, qu’ils atteignent le 1er juillet. Les opérations militaires en cours et les bombardements alliés, obligent le convoi à faire un détour important pour gagner Paris, passant par Rennes, Nantes, Angers, Moulins et Mâcon avant d’arriver à Paris via Dijon (voir carte annexe 3) ! Les détenus retrouvent la liberté au cours de l’été 1944 au moment de la libération de la capitale. Seuls les détenus appartenant à la SS-Baubrigade 1 (rattachée au camp de Neuengamme), se retrouvent à nouveau en Allemagne et ne recouvrent la liberté qu’à la fin de la guerre, en mai 1945.

La Mémoire des déportés d’Aurigny

Malgré la réalité indéniable de la déportation sur l’île d’Aurigny, la reconnaissance officielle n’en a pas été simple après guerre, du fait de l’imbrication de deux finalités, celle des chantiers Todt d’une part, celle de camp de concentration d’autre part. Seuls les Juifs d’Aurigny, en raison de leur effectif et de leur communauté de destin, auront suffisamment de poids pour constituer une amicale dès le 10 août 1945. Cette association va militer afin d’obtenir la reconnaissance de Norderney comme lieu de déportation et camp de concentration. Une difficulté tenait à la géographie de ce camp, unique dans la représentation de la répression nazie. Ensuite, le, exception des détenus de la SS Baubrigade, de mortalité officiel sur place (« seulement » quatre pour les  déportés de France) empêche toute comparaison avec les autres déportations. Enfin, la libération des déportés d’Aurigny pose problème puisqu’ils sont tous libérés en septembre 1944. Ils sont donc tenus à l’écart des reconnaissances et compensations pécuniaires associées, accordées aux déportés d’Allemagne et des camps de l’Est, puisque non détenus sur le territoire du Reich, ni en France, et libérés le 1er mars 1945. Les combats juridiques et les démarches  administratives entrepris par l’Amicale, avec à sa tête le dynamique maître Azoulay, avocat au Barreau de Paris, vont permettre l’acceptation progressive de l’existence d’un camp de concentration-déportation à Aurigny. En avril 1948, l’administration française se base sur l’arrivée des Juifs pour faire débuter la  période dite de déportation, ce qui a pour conséquence d’exclure les premiers déportés de France. Les Espagnols présents sur l’île avant août 1943 n’ont obtenu que très rarement le titre de déporté. À l’inverse, l’administration fait durer la période de déportation jusqu’au démantèlement des camps de l’île, le 25 juin 1944, alors que les Juifs avaient quitté l’île depuis le 7 mai et que les deux chefs SS avaient rejoint Cherbourg le 4 juin, laissant la conduite du camp à des détachements de l’Organisation Todt. Les internés de BasseNormandie et les Espagnols des deux convois tardifs ont pu obtenir le titre de déporté politique, bien qu’ils n’aient pas été présents plus de trois mois sur place, comme l’exigeait la loi. Parallèlement, l’Amicale a cherché à entretenir la mémoire des déportés d’Aurigny en organisant des commémorations et des pèlerinages et en s’attachant le soutien de nombreuses amicales des autres camps. Ces Juifs, déportés pour répondre à un besoin de main-d’œuvre, ont longtemps été exclus du champ reconnu de la déportation. Ceux d’Aurigny ne sont pas intégrés dans l’étude sur la déportation des Juifs de France de Serge Klarsfeld qui mentionne leur existence, au mois de juillet 1943,en évoquant les sorties de Drancy de « conjoints d’aryennes » vers l’île d’Aurigny, pour travaux forcés, sans préciser les dates de ces envois. Pour lui, ces hommes n’entrent pas dans le cadre des études consacrées à la « solution finale ». Leur mention dans le Livre-Mémorial de la Fondation pour la mémoire de la Déportation a fait l’objet de  débats au sein de ses instances (Conseil Scientifique et Conseil d’Administration) puisqu’il s’agissait avant tout d’y faire figurer les déportés de France arrêtés par mesure de répression, définition qui ne s’appliquait pas aux déportés juifs d’Aurigny. Cette décision a répondu finalement au souci de la Fondation de ne laisser aucun déporté dans l’ombre. 

Il aura fallu attendre près de 60 ans pour que cette déportation, si singulière, trouve enfin sa place normale au sein de la déportation de France. 

Benoît LUC est étudiant en histoire à l’université de Caen BasseNormandie. Il a soutenu en octobre 2008 un mémoire de Master 1 intitulé Les déportés de France internés sur l’île anglo-normande d’Aurigny (mention Très bien). Cet article en constitue la synthèse. Il prépare actuellement un Master 2 consacré aux « personnalités-otages » ou « internés d’honneur » déportés de France vers le Reich. Pour le contacter : fmdcaen@yahoo.fr ou ben2086@hotmail.fr (tél. : 02.31.38.45.60).

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AURIGNY

centre régional résistance liberté

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AURIGNY : Quand Hitler installait ses camps jusque sur le territoire de sa très gracieuse Majesté

jc durbant   20091215

jcdurbant.wordpress.com/2009/12/15/anniversaires-quand-hitler-installait-ses-camps-jusque-sur-le-territoire-de-sa-tres-gracieuse-majeste-alderney-home-to-britain%E2%80%99s-only-nazi-camps-celebrates-its-homecoming-day/ 

Qui se souvient …

en cette journée où la capitale du pari sportif en ligne fête le retour de sa population après l’évacuation générale de la seconde guerre mondiale … et où nos amis américains se réjouissent de 218 années ininterrompues de Bill of Rights … pendant que sous prétexte d’ADM que le monde entier croyait présentes, nos médias continuent à s’acharner sur l’ancien Premier ministre britannique pour avoir, avec son homologue américain, débarrassé la planète et quelques Irakiens d’un des pires dictateurs de l’histoire … que les iles anglo-normandes avaient non seulement été occupées par les Allemands toute la durée de la guerre mais aussi accueilli des camps de concentration?

Abandonnées « sans avoir tiré le moindre coup de feu » par les Britanniques car difficilement défendables à quelques dizaines de km des côtes françaises et n’ayant pas de valeur autre que de propagande, elles furent, on le sait, capturées par les Allemands dès juillet 1940 qui y installèrent quatre camps de travail forcé sur la petite ile d’Aurigny (la plus petite et la plus proche de la côte française – moins de 16 km – et la seule à avoir été totalement été évacuée de ses habitants).

Camps de travail qui virent prisonniers russes, juifs (conjoints d’aryens dits « demi-juifs ») et même Républicains espagnols, Nord-Africains et Chinois travailler à la partie anglo-normande du Mur de l’Atlantique (contraints parfois de travailler 24h d’affilée pour couler le béton pour bunkers, abris anti-aérien et autres fortifications) et où plus de 700 (sur quelque 6 000) laissèrent la vie, les survivants étant transférés dans d’autres camps en Allemagne en 1944 …

Aurigny; un camp de concentration nazi sur une île anglo-normande. D’après  » Résistance Unie « , le journal de l’ANACR (Association Nationale des Anciens Combattants de la Résistance) en Gironde.

Les îles anglo-normandes ont été occupées par les armées allemandes à partir de 1940.

Dès l’invasion allemande, l’entière population d’Aurigny fut évacuée, à l’exception d’un seul paysan qui préféra rester sur place.

En 1943, deux membres du parti nazi, numérotés 6 et 8 dans la hiérarchie, Adam Adler et Heinrich Evers furent désignés pour commander le camp ; les ordres leur étaient transmis par celui de Neuengamme.

Ainsi, c’est un commando lointain d’un des premiers camps nazi, créé en 1938 en Allemagne, qui était établi dans l’île. Il était composé de plusieurs milliers de Russes, de Français (dont plusieurs centaines de juifs, maris d’ « aryennes « ), de Républicains espagnols, d’Allemands, de Nord-Africains venant de Marseille (dénommés ZKZ), de trois Chinois, d’un Italien, …

La présence de civils russes dans l’île (la plupart jeunes), semble trouver une explication dans le besoin de main-d’œuvre civile transférée à Aurigny après les conquêtes territoriales de la Wehrmacht jusqu’en 1942.

Les Allemands condamnés de droit commun ou « associables  » portaient tous des pyjamas ; les Républicains espagnols le brassard R.S. (Rott Spanien = Rouge espagnol), les autres, en particulier les Français, une bande de peinture blanche sur les coutures du pantalon, signe qui se révéla, par la suite, lourd de conséquences (« à abattre systématiquement en cas d’insoumission « )

687 Russes moururent dans des conditions atroces : dépaysement, humiliation continuelle, nutrition à peu près inexistante, coups, travaux forcés ; ils furent enterrés sur place. D’autres, Espagnols, Arabes, Français, subirent des sorts analogues.

Il faut signaler que, par manque d’eau potable, beaucoup de déportés ont été atteints de fortes fièvres ; pour les Russes, notés par les Allemands comme atteints de typhus, la maladie n’était qu’un prétexte à de très mauvais traitements.

Tour à tour, le cheptel humain était « loué « , par une importante firme de Coblence, aux services de l’organisation Todt, à la Deutschestrasse…, d’où la diversité de commandos de travail.

N’ayant ni chambre à gaz, ni crématoire, ils transformèrent un tunnel où les déportés du camp seraient « murés  » en cas de rébellion ou de débarquement des armées alliées.

Celui-ci existait avant la création du camp puisqu’il permettait l’accès à la mer. Un matin, tout au début d’avril 1944, une équipe fut contrainte, par les SS, de murer l’une des extrémités (côté mer) et d’obstruer les bouches d’aération qui s’y trouvaient afin de laisser sur le devant (côté camp), une ouverture permettant le passage d’un ou deux hommes à la fois. A l’intérieur de ce « tunnel « , des ballots de paille avaient été entreposés.

Deux essais sous forme d’alerte, ont été expérimentés pour estimer le temps de remplissage avec tous les détenus du camp. Par ailleurs, des socles en ciment armé, pour nid de mitrailleuses, avaient été placés à l’entrée, non pas contre un éventuel agresseur mais dirigés vers l’intérieur du tunnel. C’était le lieu de leur extermination !

Heureusement pour tous, un ordre d’évacuation précipité survint le 7 mai 1944.

Il s’agissait de transférer les déportés en Allemagne, sans doute à Neuengamme, via la France.

Entre Cherbourg, Lille et Hazebrouck, un grand nombre de déportés s’évadèrent du train, grâce aux cheminots français (certains repris ont été fusillés) : tous les autres furent internés dans le Nord de la France, à Boulogne-sur-Mer et aux environs, puis libérés à Dixmude grâce à la Résistance belge. Ce transfert avait duré 13 jours, en wagons à bestiaux et plombés.

Ce n’est que dans la nuit du 26 au 27 juin 1944, immédiatement après la libération de Cherbourg, que les derniers déportés quittèrent l’île d’Aurigny (sauf environ vingt déportés Républicains espagnols, affectés à des travaux spécialisés). Ce n’est que vers le 10 août 1944 que les 20 Républicains espagnols furent transférés à Jersey au Fort Régent, où ils prirent très vite une part active dans toutes les actions de sabotage contre les nazis. La libération ne vint pour eux que le 9 mai 1945.


Voir aussi:   Les déportés de France internés sur l’île d’Aurigny   Luc BENOIT   2007-2008   Résumé :

«Les déportés de France vers l’île d’Aurigny » est un sujet qui se démarque par sa singularité. C’est sur ce lieu de l’occupation allemande peu connu qu’ont été déportés plusieurs groupes de personnes parmi lesquelles un grand nombre de Juifs (plus de 70% des déportés, majoritairement des conjoints d’aryennes), mais aussi des Républicains espagnols, des Bas-normands ou encore des raflés de Marseille. Ce sujet a amené à se poser la question de la méconnaissance de cette île anglo-normande en tant que lieu de déportation. Grâce en grande partie aux archives du BAVCC et aux sources de l’Amicale d’Aurigny, nous avons pu mieux connaître le parcours de ces déportés. L’île d’Aurigny se décomposait en quatre camps. Les 853 déportés de France recensés ont été affectés au camp n°2 dit Norderney (deux autres appartenaient au camp de Sylt avec la Baubrigade I, kommando dépendant de Sachsenhausen). 

Les premiers déportés de l’île sont des Russes arrivés pendant l’hiver 41-42 dans le camp d’Helgoland. Les premiers déportés de France sont des Républicains espagnols arrivés dès le 22 février 1942. Ils ne sont qu’une cinquantaine qui rejoignent d’autres déportés russes. Puis, ils gagnent d’autres chantiers au milieu de l’été 1943, date à laquelle Norderney est occupé par des Juifs (environ 600) majoritairement conjoints d’aryennes qui arrivent en deux convois distincts les 12 août et 11 octobre après avoir transité par Querqueville dans la région cherbourgeoise. Entre ces deux convois un autre transport composé d’environ 120 individus provenant de Compiègne se greffe à eux le 9 septembre. 

L’évacuation des Juifs s’effectuant le 7 mai 1944, deux nouveaux convois arrivent sur l’île à la fin de l’occupation allemande en Normandie, celui du 17 mai composé d’une vingtaine de personnes, des Bas-normands surtout arrêtés pour faits de résistance, et de nouveau des Républicains espagnols le 5 juin. Toute cette population est évacuée de l’île le 25 juin de cette même année.

Nous avons pu mettre en avant le fait que leur déportation répondait avant tout à un besoin de main-d’œuvre et que la reconnaissance de cet endroit comme un lieu de répression du IIIème Reich a pu se faire grâce à l’activité après la guerre des israélites présents dans le camp possédant un statut social élevé. Ainsi les avocats ont pu effectuer les démarches nécessaires pour faire accepter leur statut en mettant en avant l’imbrication d’un mode de résidence concentrationnaire avec un mode de travail semblable aux requis de l’organisation Todt. Plusieurs obstacles se sont dressés devant eux, comme la libération pour la totalité d’entre eux avant la fin de l’été 1944, le faible nombre de morts sur l’île (seulement quatre), l’assimilation à un simple chantier Todt, ou encore leur statut de « conjoints d’aryennes » les opposant administrativement et géographiquement aux autres déportés juifs des camps de l’est.

Ce groupe de déportés a souvent été laissé à l’écart des grandes études sur la déportation, laissé de côté par Serge Klarsfeld et incorporé après de vifs débats dans l’étude de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation. Depuis l’inscription des déportés juifs d’Aurigny sur le mur des noms au mémorial de la Shoah en 2002, les déportés de France vers Aurigny ont achevé leur processus de reconnaissance de la répression nazie.

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AURIGNY - la LISTE n°641 - steve morse

stevemorse.org/france/cv/Notices.pdf#page=216 

Liste n° 641 les Juifs déportés à Aurigny

Dans le Mémorial de 1978, Serge Klarsfeld écrit : « Nous n’avons pas considéré, en dépit de leur statut, les hommes qui ont été déportés de Drancy à l’île anglo-normande d’Aurigny les 9, 16 et 26 juillet 1943, soit 300 + 300 + 100 hommes, comme des déportés. En effet malgré les conditions rigoureuses de leur  détention à Aurigny, le régime auquel ils étaient soumis n’était point comparable à celui des camps d’extermination. »

39 d’entre eux sont décédés à Aurigny. Parmi ces hommes, 246 sont nés en France, 46 en Pologne, 43 en Algérie, 34 en Roumanie et en Ukraine, 32 en Turquie, 16 en Grèce, 13 en Hongrie, 12 en Lituanie et en Tunisie, 11 en Allemagne, selon le découpage des frontières en 2021.

Tout en partageant le point de vue de Serge Klarsfeld, nous avons cependant choisi d’inclure les déportés à Aurigny (Alderney), comme liste n° 641 dans le Mémorial en ligne. La liste de ces 587 personnes provient essentiellement du Livre-Mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation125, où ils figurent sous la dénomination « liste V.1., la déportation vers l’ile d’Aurigny126 »  

http://www.bddm.org/liv/details.php?id=V.1. = tableau nominatif dont Salomon SOSNOVITCH  ° 27/06/1908 paris / 11/10/1943 arrivé aurigny / 01/09/1944 évadé de camiers (89 total camiers =23juin, 09-15aout,  01-02-03-04-07sept ...)

tableau = 584 hommes, 0 femme   >>  182 rentrés de déportation, 9 décédés, 357 évadés durant un transport ou en déportation, 26 Situations non connues, 10 libérés par les autorités allemandes


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ILES ANGLO NORMANDES  occupation wiki

fr.wikipedia.org/wiki/Occupation_des_%C3%AEles_Anglo-Normandes 

Camps de concentration d'Aurigny

Les Allemands construisent, sur l'île d'Aurigny,  4 camps de concentration qui dépendent du camp principal de Neuengamme, balieue de Hambourg, en Allemagne. 

Les quatre camps — le camp Norderney situé à Saye, le camp Borkum à Platte Saline, le camp Sylt situé près de l'ancienne tour télégraphique à La Foulère et le camp Heligoland dans l'extrémité nord-ouest d'Aurigny — reçoivent le nom d'une des Îles de la Frise : Norderney, Borkum, Sylt et Heligoland. L'Organisation Todt opère dans chaque camp en ayant recours au travail forcé pour construire des bunkers, des abris anti-aériens et diverses fortifications.

Les camps Borkum et Heligoland sont des camps de travail pour « volontaires » (Hilfswillige)Note 2 et les travailleurs de ces camps sont traités durement mais bien mieux que ceux des deux autres camps. 

Le camp Borkum était constitué de travailleurs d'Allemagne et d'autres pays européens 

et le camp Heligoland était constitué de travailleurs de Russie recrutés par l'Organisation Todt4. 

Le camp Norderney reçoit des prisonniers européens (principalement de l'Europe de l'Est et de Russie mais aussi d'Espagne). 

Le camp Sylt reçoit des prisonniers juifs. 

En 1943, les camps Norderney et Sylt, regroupant les prisonniers européens et juifs, sont placés sous l'autorité du Hauptsturmführer SS Max List. Plus de 700 prisonniers sont morts et les survivants sont transférés dans d'autres camps en Allemagne en 1944.

camp principal de Neungamme  fr.wikipedia.org/wiki/Camp_de_concentration_de_Neuengamme 


Fortifications

En tant que partie prenante du Mur de l'Atlantique, les forces allemandes d'occupation ainsi que l'Organisation Todt construisent, de 1940 à 1945, des fortifications le long des côtes des îles. La plupart de la main-d'œuvre est constituée de soldats allemands, mais certains prisonniers de guerre russes sont aussi mis à contribution de manière forcée. Le camp de concentration Sylt, à Aurigny, envoie de nombreux prisonniers à cette fin.

Les îles sont considérablement fortifiées, devenant de véritables places fortes, notamment l'île d'Aurigny, la plus proche des côtes françaises. Hitler décrète que 10 % de l'acier et du béton consacré à la constitution du Mur de l'Atlantique serait affecté à la fortification des îles, notamment dans la volonté de garder, pour la propagande, des territoires britanniques sous domination allemande. Un grand nombre de bunkers et d'installation allemandes peuvent encore de nos jours être vus sur les îles, certains ont été restaurés et ouverts au public.

Déportation

Plaque : « De ce bâtiment, 1 186 résidents de naissance anglaise ont été déportés en Allemagne en septembre 1942. 

En février 1943, 89 autres ont été déportés depuis un autre endroit de Saint-Hélier. »  

En 1942, les autorités allemandes décrètent que tous les habitants des îles qui n'étaient pas nés dans les îles, ainsi que tous les hommes ayant servi comme officiers durant la Première Guerre mondiale, doivent être déportés. La majorité d'entre eux est envoyée dans deux camps d'internement dans le sud de l'Allemagne : Ilag V-B à Biberach an der Riß en Bade-Wurtemberg et Ilag VII à Laufen en Bavière. Cela correspond à un ordre direct d'Hitler, en représailles à la déportation et l'internement par les Britanniques de civils allemands en Iran5, et cela pour un ratio de vingt habitants des îles internés pour un Allemand à l'avoir été.

Occupation pendant la reconquête alliée de l'Europe

La réaction de Churchill face à la situation de la garnison allemande stationnée sur l'île est de les « laisser pourrir »11, même si cela implique que les habitants vont devoir subir le même sort. Il faut des mois de négociations sans cesse prolongées pour que le bateau de la Croix-Rouge Internationale, le Vega, soit autorisé à soulager les habitants affamés, en décembre 1944, en débarquant sur les îles des rations alimentaires, du sel, du savon mais aussi du matériel médical et chirurgical. Le Vega effectue encore cinq autres livraisons jusqu'à la libération des îles en mai 1945.

Après la libération

Pendant deux ans après la libération, Aurigny est transformée en ferme commune. Certains travailleurs sont payés par leurs employeurs, alors que d'autres le sont grâce à une caisse commune gérée par l'administration locale et alimentée par les profits générés par les ventes des produits des fermes. L'argent restant est utilisé pour rembourser le gouvernement britannique des dépenses générées pour réparer ou reconstruire les infrastructures de l'île. Cette situation fait naître un certain ressentiment 


Organisation TODT 1938-1945  groupe de génie civil et militaire du 3èm Reich.  fr.wikipedia.org/wiki/Organisation_Todt 


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AURIGNY  wiki histoire

fr.wikipedia.org/wiki/Aurigny#Histoire 

À partir de juin 1940, toute la population d'Aurigny (environ 1 500 habitants) est évacuée de l'île. Des bateaux d'évacuation officiels sont envoyés par le gouvernement de Grande-Bretagne, même si certains habitants décident cependant de s'échapper par leurs propres moyens, par exemple via Guernesey. Mais les Allemands arrivent rapidement dans le secteur et occupent les îles ; beaucoup d'Aurignais sont alors incapables de partir et doivent rester sur Guernesey jusqu'à la Libération. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les îles Anglo-Normandes que Churchill a démilitarisées sont les seuls territoires dépendant de la couronne britannique occupés par le Troisième Reich20.

Lorsque les Allemands arrivent sur l'île, celle-ci est déserte. Dès les premiers jours, ils commencent à fortifier le littoral comme sur le mur de l'Atlantique. Les Allemands construisent aussi quatre camps de concentration nazis dépendant du camp de concentration de Neuengamme et placés sous le contrôle du SS-Hauptsturmführer Maximilian List (camps de Sylt, Norderney, Helgoland et Borkum). Ce dernier arrive sur l'île (appelée « l'île Adolf », nom de code choisi par Hitler en personne) le 23 février 1943 pour diriger le premier camp surnommé le Lager Sylt, situé au sud de l'île, surplombant la baie des télégraphes. Ce camp interne des travailleurs étrangers de l'Organisation Todt qui œuvrent sur les fortifications des îles. Juste en face, List fait construire son chalet personnel dans le goût du Nid d'Aigle d'Adolf Hitler21.

Plus tard, List dirigera aussi un autre des quatre camps de concentration sur Aurigny, le Lager Norderney situé au nord de l'île. List quitte Aurigny en mars 1944, remplacé par l'Obersturmführer Georg Braun.

Une partie des détenus sont juifs, majoritairement « conjoints d'aryennes » désignés comme les « demi-juifs de Drancy »22. Plus de 700 des 6 000 prisonniers perdent la vie avant que les camps ne soient fermés et les résidents restant transférés en Allemagne en 1944. De retour sur leur île, les Aurignais n'ont aucune connaissance réelle des camps. Ils n'apprendront leur existence qu'en décembre 1945.

D'autres détenus sont des « Espagnols Rouges » (Rote Spanier), réfugiés politiques de la guerre d'Espagne, internés dans des camps du littoral languedocien et livrés par les autorités de Vichy aux nazis après l'occupation de la zone sud de la France, ainsi que des officiers soviétiques « politiques » capturés et voués à la mort en raison de l'ordre d'Hitler concernant les commissaires politiques et les troupes de commandos.

Les Allemands d'Aurigny se rendent le 16 mai 1945, huit jours après la capitulation de l'Allemagne nazie et le suicide d'Adolf Hitler, soit sept jours après la libération de Guernesey et de Jersey. 2 332 prisonniers de guerre allemands sont capturés à Aurigny le 20 mai 1945, les autres, au nombre de 500, serviront les Américains pour les seconder dans les opérations militaires23.

Procès des crimes de guerre

Après la guerre, une enquête est menée contre List, citant les atrocités commises lors de son passage sur Aurigny, avec un jugement en tribunal. Toutefois, List ne se rend pas à ce procès et ne sera jamais officiellement retrouvé. Des renseignements indiquent qu'il aurait vécu près de Hambourg où il serait mort dans les années 1980.


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DANNES-CAMIERS, un camp oublié du Nord de la France 1p   26/03/2010

cercle d'étude de la déportation & de la shoah 

www.cercleshoah.org/spip.php?article323 

Les Nazis ne parvenant pas à rassembler les effectifs prévus, ils les complètent par des travailleurs des camps du nord de la France.

Un camp oublié du Nord de la France, Dannes-Camiers

Sur la côte du Boulonnais, au sud du cap Gris-Nez, se trouvent Dannes-Camiers, deux villages qui ont en commun une seule gare.

"En 1943, les juifs restant au camp sont très peu nombreux, le lieu n’est pas vide et il se remplit de nouveau de prisonniers venus de l’île anglo-normande d’Aurigny. Ce sont des personnes internées depuis 1942-1943, demi-juifs ou époux d’aryennes.

À la date de mai 1944, la situation se tend , les Allemands pressentent les opérations de débarquement qu’ils attendent dans le Pas de Calais plutôt qu’en Normandie. L’armée allemande décide alors de vider le camp d’Alderney et de transférer par train les prisonniers dans les camps du Boulonnais. Le voyage qui dure plus de huit jours est très éprouvant, les déportés manquent de nourriture, certains sont gagnés par la folie et beaucoup arrivent dans un état lamentable...

A l’été 1944, ils travaillent au déblaiement des routes et des voies ferrées, sous les bombardements qui font de nouveaux morts. Avec la débâcle allemande, les internés sont rassemblés et convoyés dans des sortes de "marches de la mort" mais beaucoup moins dures que celles des camps de concentration, ne serait ce que parce qu’elles ne s’effectuent pas en hiver et que la libération de la région intervient rapidement (au début de septembre 1944). lls ne sont donc pas dirigés vers Auschwitz comme les déportés d’octobre 1942, ils sont arrêtés à Dixmude par la résistance belge et libérés. "

Danielle Delmaire,

Sources

"Les camps de Juifs dans le Nord de la France 1942-1944", Revue Memor n°8, décembre 1987

"Les camps de Juifs dans le Boulonnais 1942-1944", Revue Memor n° 10 octobre 1989.

Pour un compte rendu sur Les Camps du Nord- Pas de Calais, les rafles et les déportations :

Petit cahier N°15 - Journée d’étude du 15 décembre 2001 : - Résistance, internement et déportation dans le commandement militaire allemand de Belgique occupée et du Nord de la France B ; Krouck, M.Steinberg, D. Lemaire.

Résistance, Internement et Déportation dans le Commandement militaire allemand de la Belgique occupée au Nord de la France

"Malgré la planification de la déportation des juifs de Belgique vers Auschwitz, les Nazis ne parviennent pas à rassembler les effectifs prévus. Ils décident donc de les compléter par les travailleurs des camps de la côte française. La solution finale a la priorité sur les objectifs militaires.

Quatre convois au moins partiront : les convois XIV et XV du 24 octobre 1942 et XVI et XVII du 31 octobre 1942.

Les 1833 juifs retirés des camps de travail ont toutes les raisons de redouter le pire de cette nouvelle " mise au travail ", vers laquelle on les déporte. En grand nombre, ils sautent des trains en marche. "

Le Groupe de Recherches "Dannes-Camiers

Les évadés du convoi 16, émission de la R.T.B.F 1, réalisation de Robert Neys et J.P. Grombeer, 27 octobre 1999, sur la déportation des Juifs de Liège dans le camp de travail de Dannes-Camiers en France.

http://www.dannes-camiers.org/fr/who.html

"Une nuit d’octobre 1942, un train quitte Malines. Il a embarqué 2000 juifs à destination d’Auschwitz. Mais à l’arrivée, 241 déportés manquent à l’appel."

http://www.sonuma.com/archive/les-%C3%A9vad%C3%A9s-du-convoi-16

Le Mémorial de la Déportation des Juifs de Belgique. Union des Déportés Juifs de Belgique et Filles et Fils de la Déportation. The Beate Klarsfeld Foundation. Bruxelles-New York, Nouvelle Edition 1994.

Steinberg Maxime, Un Pays occupé et ses Juifs. Belgique entre France et Pays-Bas, Quorum, 1998, 314 p.

http://home.nordnet.fr/ fghesquier/deport4b.htm

https://www.nationalgeographic.fr/histoire/2020/03/un-camp-de-concentration-nazi-redecouvert-dans-les-iles-anglo-normandes?

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