202309   -   le VÉLO   -   Racines du 93

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Vélo Bicyclette Cycliste Cycle


HURET 1993

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149  Des patrons pleins de ressources

La plupart de ces petits patrons s'étaient « faits eux-mêmes ». Ainsi Paul Hemmen (1861-1955) qui, né en Lorraine, quitte son village natal pour échapper à l'occupation allemande. Simple tourneur sur bois à Paris, il suit les cours du soir au Conservatoire des Arts et Métiers, puis achète un terrain aux Lilas pour y construire une fabrique d'objets en celluloïd. N'ayant aucune fortune, il connaît des débuts difficiles. Il se spécialise dans les poignées de vélo et les poignées de parapluie. Avant 1914, il ance le « diabolo ». La maison compte alors une cinquantaine d'employés. Entre les deux guerres, la poignée de parapluie dite « le sarcophage de Toutankhamon » fera le tour du monde...


164  Activités en régression ou complètement disparues

Bien avant la conception de cette ZAC des Bruyères, les chais Houdart avaient disparu. La sellerie-bourrellerie Tizamboine au 56, avait fermé, elle aussi, et ce fut le tour de « la Grande Grille », ou quincaillerie Stebbé (numéros 44-46). Le salon de coiffure fut transféré non loin de la rue de Paris et l'horloger Chalendar se retira en Seine-et-Marne. En face, les cycles Gabeloux voisinaient autrefois avec les disques Dombret. (Il y avait un numéro 79, où se trouvait un café, appelé La Rotonde.)



176  La bicyclette

Ce moyen de locomotion n'est pas exclusivement « mécanique » au sens usuel du mot. Néanmoins, son étude trouve ici sa place. Contemporain de la « découverte » de l'électricité, il apparaît en même temps que les tramways sans chevaux et la nouveauté suscite une révolution au même titre que l'automobile quelques années plus tard.

La "petite reine de fer" - ou la "bécane" - devint très vite la plus belle conquête du Lilasien, après la Lilasienne et le cheval, bien entendu. 

Munie de la chaîne en 1885, elle est dotée du pneu creux par Michelin trois ans plus tard. 

En cette année 1888, un homme au nom symbolique, Monsieur Sabot, créé 'L'Avenir cycliste des Lilas" (deux ans avant la fondation à Paris du Cyclist's Touring Club). 

Mai 1891, course Paris-Brest, puis premier Bordeaux-Paris ; mais, chaque année, aux Lilas, on organise une course à l'occasion de la fête communale. 

Celle de 1895, année de l'invention du pneu démontable, est particulièrement applaudie. 

Launay, loueur de vélos rue de Romainville vers 1890, recevait quantité d'amateurs le dimanche. Malheureusement, quelques vélocipédistes oubliaient de rapporter les machines, des bicyclettes Humbert qui lui coûtaient 700 francs chacune. 

En 1894, Duval, à son tour, loue des vélos, qu'il a achetés seulement 300 francs, selon le Journal de Saint-Denis. 

Le succès est tel qu'en juin 1901, le Conseil municipal songe à réprimer la fâcheuse habitude prise par les jeunes cyclistes de rouler - déjà ! - sur les trottoirs. Finalement, il tolère cet usage mais « seulement entre les arbres et la chaussée ». 

Nous étions des pionniers, nous resterions des fanatiques du Tour de France (le premier a lieu en 1903) et des Six Jours (qui débutent en 1913)... 

Le fabricant des cycles Ricot, Henri Gabeloux, s'installe au 73, rue de Paris. Après la dernière guerre, on signalera au moins deux spécialistes, messieurs Cucci et Courbaron.


238  Quelques réflexions sur le grand homme "Eugène Decros"

Fort exigeant pour son personnel, qu'il forçait à l'économie, l'« empereur » dictait parfois une dernière lettre à Paul Prétêt, après la fermeture des bureaux. Le jeune employé devait porter la dépêche immédiatement à la Poste centrale de la rue du Louvre. Royalement, il lui octroyait six sous pour la course (un aller en métro). Prétêt prenait son vélo


245  Les jeux sur « les forts »

Autour du plateau, le chemin de ronde, avec ses bosses et ses creux vertigineux, permettait de goûter aux émotions du cross-country et du vélo-cross. Initiatives individuelles ou courses aménagées par « la France des Lilas ». Il ne faut donc pas s'étonner que messieurs Éberlin et Prétêt y aient organisé, vers 1927, une première course de motos. Au centre du glacis, football. Mais il fallait un vrai stade. Pendant la dernière guerre, le maire Fleury-Lourd s'écriait, avec son savoureux accent du Cantal : « Ce n'est pas difficile, je rabote les bosses, je les prends et je comble les trous ! » Rappelons que c'est sur cette grande esplanade qu'allaient être tournés les extérieurs du film Dieu a besoin des hommes. L'horizon est sans limite au-delà du plateau et l'illusion de dominer la mer devient réalité, pour nous autres Lilasiens, quand nous savons l'existence de la falaise qui surplombe, abrupte, la commune de Pantin.


248  la Zone

Et, pourtant, la zone n'était pas uniquement plantée de maisons d'habitation. Les commerces et les petites industries étaient nombreux et rapportaient, au Pré Saint-Gervais et aux Lilas, des taxes substantielles. Vers 1930, outre les pâtisseries et les débits de boisson, il y avait, d'ouest en est, sur la rive gervaisienne, un boulanger, un chapelier, un tailleur, un affûteur, une mercière, une modiste, un second chapelier, un marchand de couleurs, un marchand de poissons, un cordonnier, un réparateur de cycles, un second cordonnier, un brocanteur, un troisième chapelier. 


254  tourisme collectif

Les parties de campagne seront renouvelées, entre les deux guerres, par « l'Étoile d'Or » et « la Commune libre des Lilas » — mais les groupes seront mixtes et le sport prendra le relais des repas trop copieux (sorties cyclistes pour la cueillette du muguet, natation).


256, 257  Participation des sociétés locales

En mai 1893, quarante voitures chargées de lilas arrivent des Halles et le chargement est distribué gratuitement à la population. Le dimanche 29 octobre, banquet et bal en l'honneur des marins russes. En mai 1894, « vélodromes, cirque, théâtre, marionnettes, fildefériste, etc. » Trois ans plus tard, pour la fête du printemps, « on loue un football ». De 1886 à 1888, apparaissent L'Avenir des Lilas (mêmes activités que chez les Tirailleurs, auxquelles s'ajoute l'escrime), L'Union musicale, « qui se couvre de distinctions » et L'Avenir cycliste des Lilas. ...

... En mai 1893, quarante voitures chargées de lilas arrivent des Halles et le chargement est distribué gratuitement à la population. Le dimanche 29 octo¬bre, banquet et bal en l'honneur des marins russes. En mai 1894, « vélodromes, cirque, théâtre, ma¬rionnettes, fildefériste, etc. » 


259  photos

L'Avenir laïque, en 1927, au vélodrome Buffalo.


262  Les sociétés de 1939 à nos jours

En 1964, L'Entente sportive gervaisienne et lilasienne nait de l'union de la Pédale lilasiemie avec l'Entente gervaisiemie. On y enseignera bientôt le polo sur bicyclette. Le Club athlétique et gymnique est fondé en 1966. L'association Gym'volontaire verra le jour onze ans plus tard.


270  personnages pittoresques et gloires locales

Louis Dumont... Avec plusieurs confrères, il monta quelques autres sociétés, distribuant des colis aux indigents, organisant des défilés de vélos fleuris, des concours de mâts de cocagne. Avec certains d'entre eux, il acheta des terrains « sur le boulevard » et les lotit. Pour les vendre, il trouva ce slogan : « Plus beaux que la Suisse, plus sains que les Pyrénées, tels sont Les Lilas. » (M. Bouché)

... Régulièrement candidat aux élections munici-pales mais toujours battu par la liste Decros, Louis Dumont inventait pourtant des campagnes électorales assez étonnantes. Sur sa boutique, il affichait : « Je suis L. Dumont » et il sillonnait les rues des Lilas sur une bicyclette tricolore, roue bleue, cadre blanc, roue rouge. Du haut de sa carriole, il domiait nses légumes aux électeurs... et surtout aux enfants. Seulement, en échange, les enfants devaient participer à la campagne. Dumont disposait d'agents de publicité (ou « aboyeurs » en jargon local). Ces personnages groupaient les gamins et les obligeaient à hurler les louanges du candidat : « Allez, les gosses, criez 'Vive L. Dumont" ! »


271  A Waldeck-Rousseau, au directeur Desbranche (barbe blanche à la Poincaré), avait succédé le bon père Nicodeau. Ce pédagogue avait écrit un petit guide des difficultés de l'orthographe. Avec son épouse, maitresse de cours préparatoire, il avait mis au point une espèce de phononymie qui accélérait l'apprentissage de la lecture et permettait même de communiquer par gestes. Il avait, me dit-on, perdu ses fils à la guerre et restait d'un patriotisme ardent. Il croyait à l'élévation du peuple par la culture. Avec l'aide de son adjoint Palin, il organisait des soirées littéraires dans le préau de l'école. Les acteurs, ses instituteurs et ses anciens élèves, jouaient sans décors, sur une simple estrade, la brochure à la main. Par les froides soirées d'hiver, on allumait un énorme poêle d'atelier, au milieu du préau. Sans souci de l'intensité dramatique, la femme de service faisait ruisseler les boulets à grand bruit quand elle le jugeait utile. Personne ne songeait à rire de ce bruitage intempestif. Parfois, un gala réunissait spectateurs et acteurs bénévoles dans la salle des fêtes, toujours comble. Ce saint laïc prit sa retraite en janvier 1927, après sept ans passés aux Lilas et quarante-trois ans de service. Il se confondit en remerciements lorsqu'il reçut du maire une plaque en argent. Retiré à Bois-le-Roy dans une modeste maison... de bois, il portait les télégrammes à bicyclette, se définissant lui-même comme le « petit télégraphiste ». C'est qu'il devait


275  photos

Pierre Gabeloux au Verd'Hiv en 1935

Charles Aquistapace, sprinter

Élie Frosio champion d'Italie 46-47-48-49  chaimpion du Monde 1946-1949 champion d'Hiver 1950

Valkanoff champion du monde de demi-fond 1934-1935-1936. 


274  sportifs lilasiens

Le coureur cycliste André Schumacher fut plusieurs fois champion de vitesse sur piste à la « Cipale » de Vincemies, en américaines et en individuelles et Charles Aquistapace eut de brillants succès dans la traditionnelle « course à la mé¬daille ». 

Tzvetoslav Valkanoff, Bulgare de naissance et Lilasien d'adoption, court à Joinville et Saint-Cloud en 1933 et à Saint-Quentin en 1934. Il remporte le tour de Roumanie en équipe en 1934 et il est champion de demi-fond en Bulgarie en 1934, 1935 et 1936. En 1936, il bat le record de la Cipale, 50 kilomètres derrière moto commerciale. 

Pierre Gabeloux, dit « Ricot », de la Pédale lilasienne, fut champion de la Fédération sportive et gymnique du Travail et trois fois champion de France des Sociétés en équipe avec Barataud et Dousset (1935-36-37) . En 1939, au Ver d'Hiv', il a pour adversaire André Pousse, qui allait faire carrière au cinéma. 

Les frères Lauck étaient trois, Lucien, Jean et René. Lucien, l'ainé, est Grand Prix de Cannes en 1938 et champion du monde sur route à la veille de la guerre.

Élie Frosio est à la Pédale lilasienne en 1931. Champion d'Italie derrière moto en 1946, 1947, 1948 et 1949, il est champion du monde à Zurich en 1946 et à Copenhague en 1949...


287  L'armée Vlasoff aux Lilas

Ce 18 août, la garnison a reçu l'ordre d'abandonner le fort en emmenant les cinquante-six derniers détenus. Le consul Nordling obtient leur libération (Dominique Lapierre, Paris brille-t-il ?). Le 19, il est occupé par une quarantaine de « Géorgiens » qui se replient vers l'Allemagne. « Dans les rues, une rixe éclate entre les soldats de Vlasoff, "éméchés", et un groupe d'agents en civil ; un des soldats abat l'agent Louis de Riz, qui succombe le lendemain à Tenon. Un Géorgien est tué, un autre s'enfuit et le troisième, blessé, est fait prisonnier. La nouvelle garnison envoie une patrouille punitive, qui décide de battre en retraite devant la détermination des résistants. Vers 22 heures, les Géorgiens quittent Les Lilas montés sur des bicyclettes, dont une a été volée au Café du Fort. »

On s'est souvent demandé pourquoi les résistants n'ont jamais tenté de prendre la forteresse, malgré les ordres de Rol-Tanguy. Mais leur armement n'était pas comparable à celui de nos ennemis et s'ajoutait aux douves et aux murailles un pont-levis, qui, d'ailleurs, allait donner quelques tracas aux soldats français après la retraite allemande.