Madeleine RIFFAUD - résistante

Née le 23 août 1924 - Arvillers, 80031, Somme, Picardie

Résistante Poète Journaliste Correspondante de guerre Écrivain

école 4 allée du Dr Calmette, aux Lilas : sur la carte

famille:  arbre Rd93

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MADELEINE RIFFAUD

1 - Fille d'instit'  en Picardie

Madeleine RIFFAUD nait le 23 août 1924 à Arvillers. Ses parents instituteurs sont tous deux originaires de la Haute-Vienne.

Ils feront leur carrière à Folies, dans la Somme, où le le souvenir de la "Grande guerre" est omniprésent. 

D'ailleurs, son père en est revenu diminué, gardant des séquelles de ses blessures à la jambe. 

Avec des dispositions pour la poésie, Madeleine écrit -à quinze ans- un poème sur les morts des tranchées. 

2 - Contre l'occupant nazi : une résistante de 20 ans

Victime d’une infection tuberculeuse en 1941, elle est soignée en sanatorium dans l’Isère où elle rencontre un étudiant en médecine. Ils remontent ensemble à Paris. Elle s'engage au Front national des étudiants, y prenant le pseudonyme de RAINER (du nom de l’écrivain autrichien Rainer Maria RILKE). Après l’arrestation du groupe MANOUCHIAN début 1944, elle adhère au parti communiste et rejoint la lutte armée au sein des FTP (les Francs Tireurs et Partisans).

Quand la Libération de Paris s'annonce, le 23 juillet 1944, elle exécute un membre de l'armée d'occupation, pont de Solférino. Arrêtée par la Milice, elle est livrée à la Gestapo.  Torturée, internée à Fresnes, puis à Compiègne, elle échappe in extremis au peloton d’exécution, le 19 août.

3 - La bataille du Tunnel des Buttes Chaumont

Quelques jours plus tard, le 23 août 1944, Madeleine a 20 ans. 

Elle reçoit la mission d'emmener son groupe (la compagnie Saint-Just) sur la passerelle des Buttes Chaumont, au dessus de la ligne de Petite Ceinture. Avec trois de ses camarades, ils y font exploser un train allemand. 

Puis, le 25, elle mène l'assaut du tout dernier bastion allemand de Paris, la caserne de la place de la République. 

Pour ces faits, Madeleine reçoit une citation à l’ordre de l’armée.

4 - la Grande Reporter anticolonialiste, en Algérie

Ses rencontres avec Paul ÉLUARD, André VERCORS, PICASSO ou ARAGON la poussent à trouver sa nouvelle voie : le journalisme. 

Elle commence à écrire dans "Ce Soir" et "Vie ouvrière". 

Anticolonialiste convaincue, elle devient Grand reporter. Elle se rend à plusieurs reprises en Algérie, d’où elle écrit de 1954 à 1962 plusieurs séries d’articles. En 1956, puis en 1962, elle est blessée par des attentats de l’OAS. 

Elle part ensuite en Iran et au Congo Brazzaville. À Alger, elle rencontre Roger ALLEG,  puis le Che GUEVARA.  De cette époque on lui doit "Si j'en crois le jasmin" (1958), "Ce que j'ai vu à Bizerte" (1961) et les premiers poèmes du recueil "La folie du jasmin" écrit de 1947 à 1970.

5 - Sous les bombes, dans les maquis du Viêt-Cong

C’est au cours de l’été 1946 qu’elle rencontre HÔ CHI MINH. A partir de 1962, jusqu’au bombardement de Haiphong en 1972, elle parcourt le Vietnam, partageant la vie des combattants du Viêt-Cong. Elle est la seule journaliste étrangère sur place. En ressort le film "Dans les maquis du Sud Vietnam" (1965) et les livres "Dans les maquis Viêt-Cong" et "Au Nord Vietnam, écrit sous les bombes". Ses reportages lui procurent  notoriété et légitimité.

6 - l'amour d'une vie

En 1951, alors qu’elle se trouve à Berlin-Est, elle rencontre le poète vietnamien NGUYEN DINH THI.

Tous deux travaillent alors à des traductions destinées à prouver au public français l’existence d’une littérature et d’une profonde culture du peuple vietnamien. Entre ces deux poètes, nés la même année, des liens indéfectibles se nouent.

7 - Infiltrée à l'hôpital

Après l’intensité de ses expériences de correspondante de guerre, elle se coule incognito, durant plusieurs mois, dans la peau d’une aide-soignante pour connaître de l’intérieur le travail, les luttes, les espoirs et parfois les désespoirs du personnel hospitalier. Au terme de cette expérience naîtra un livre choc "Les Linges de la nuit" sorti en 1974.

8 - Témoigner

Pour suivre l'exemple que lui conseille ses amis Lucie et Raymond AUBRAC, elle témoigne de son passé de résistante (pour que les copains ne soient pas morts pour rien). 

Elle devient une habituée des tournées en milieu scolaire. Elle répond également aux sollicitations pour des entretiens radio et télé ou pour des films documentaires.

9 - Une BD pour témoigner : la rose dégoupillée

Enfin, Madeleine RIFFAUD publie la bande dessinée "Madeleine résistante", sur des dessins de Dominique BERTAIL. C'est une autobiographie, couvrant la période allant   de son enfance, à son engagement dans le Comité de libération de l'Assistance Publique. Elle choisit là de témoigner sous une forme nouvelle, tournée vers le public des jeunes. La BD reçoit le prix RENÉ-GOSCINNY du meilleur scénario, au Festival d'Angoulême 2022.

En mars de cette même année, la ville des Lilas donne son nom à l'École maternelle située allée du Dr CALMETTE. 

Le conseil de  Madeleine RIFFAUD pour inspirer les enfants, dans leurs combats à venir? 

"Nous ne sommes pas des martyrs, nous sommes des combattants. 

Nous ne sommes pas des victimes, nous sommes des résistants !"