1 Un rêve de gosse
A Paris, l'embrasement de la Cathédrale Notre-Dame et la chute de sa flèche restent gravés dans les mémoires du monde entier. Quant à l'incendie meurtrier du collège Pailleron en 1973, il faisait 16 victimes parmi les élèves présents. Accidentels ou volontaires, les exemples d'incendies tragiques ne manquent pas dans l'histoire : le Bazar de la Charité 1887 (112 morts), la Commune de Paris 1871, San Francisco 1851, Moscou 1812, Lisbonne 1755, Londres 1666 (13.200 maisons détruites) ou encore la Rome impériale de 64.
2 Une histoire de sapeurs
Qui d'entre nous, étant enfant, n'a pas rêvé un jour de conduire une voiture de pompiers, d'aller sauver des gens prisonniers des flammes? De toute évidence, le sapeur-pompier bénéficie d'une image positive auprès de la population. Quand le feu se déclare, les extincteurs réglementaires sont là pour le maîtriser, mais on compte sur "les hommes du feu" quand la situation devient hors de contrôle. On se souvient encore, aux Lilas, de leurs récentes interventions pour un feu de voitures au parking du Mail, pour maîtriser le sinistre du garage Opel Merino ou l'enflammement d'archives à l'Eglise ND-du-Rosaire.
Pendant longtemps, pour combattre le feu, on ne dispose pas de réseau de distribution d'eau. La seule solution est de "saper" les fondations des bâtiments voisins, c'est à dire de les abattre à la base, afin d'isoler l'incendie et de l'empêcher de se propager. On fait alors "la part du feu". Depuis la décision du Parlement de Paris en 1524, des réserves d'eau, des pompes publiques et quelques brigades dédiées avaient progressivement été mises en place dans la capitale. Mais c'est -hélas- la centaine de victimes dans l'incendie de l'Ambassade d'Autriche en 1810 qui est le vrai déclencheur. Napoléon 1er décide alors d'une nouvelle organisation pour remplacer le corps des gardes-pompes. Le Bataillon de sapeurs-pompiers est créé l'année suivante.
Suite à l'agrandissement de Paris jusqu'aux fortifs, de nouvelles compagnies sont ajoutées en 1860. La zone d'action est ensuite étendue en 1868 à tout le département de la Seine. Dernier ajustement en 1967, avec la refonte de la petite couronne, la couverture coïncidant maintenant avec celle de Paris et de ses 3 départements limitrophes.
3 La compagnie de pompiers des Lilas
Aux Lilas, une première compagnie est créée par Keller, suivi de André Bernard, puis de Courvoisier en 1870. Notre futur maire est alors capitaine de 24 volontaires. Ils ne disposent aux tout débuts que d'une seule pompe à bras, rapidement complétée par une seconde. Pas de chevaux alors pour tirer l'équipement. En 1888, on achète deux fourgons-chariots pour dévidoirs. Dix ans après, l'échelle à crochets est cassée mais on ne peut la remplacer, faute de budget. En 1923, une arroseuse balayeuse automobile avec motopompe est acquise, une autre en 1931. Celle-ci est échangée un an après contre une superbe arroseuse-incendie rouge 6 cylindres de 15 chevaux, avec dévidoir et échelle à trois plans! Parallèlement, 12 bouches à incendie sont installées dans la ville en 1898, et six de plus en 1935. Vient septembre 1939, la déclaration de guerre et l'envoi de nos soldats aux frontières. Les sapeurs-pompiers de la capitale finissent de prendre en charge la protection de toute la banlieue. Nos pompiers communaux sont maintenant intégrés au corps de Paris, avec leur équipement (dont la six-cylindres). Notre sécurité contre l'incendie est désormais assurée par la Caserne de Ménilmontant à Saint-Fargeau.
4 Au feu les pompiers
Pour lancer l'alerte, on ne dispose en1892 que d'une sonnette chez l'appariteur et d'une autre chez le garde-champêtre. Ils sont alors chargés de sonner le tocsin et de découvrir le feu. En 1913, deux clairons sonnent l'alerte, à partir d'un balcon au 2e étage d'un immeuble, rue de Paris. En 1914-18, la sirène de l'usine Gladiator (reconvertie en production de fusils, en temps de guerre), au Pré, se fait entendre jusqu'aux oreilles lilasiennes. Une sirène électrique est enfin installée chez nous, dans le campanile de la mairie, en 1933. Le soir du 18 avril 1944, accompagnée par la crécelle du Fort, elle signale le début du bombardement allié. Si de tels faits se produisaient aujourd'hui, le 18 serait le bon numéro à appeler. Nos pompiers interviennent tantôt pour sauver un enfant coincé sous les roues d'un omnibus, tantôt pour éteindre un incendie comme ceux des usines Levasseur ou des boutons Rosenwald 12 rue du 14 juillet en 1890 (la cheminée était en bois!). L'incendie des fourrages du grainetier Rayzer au 193 rue de Paris a été maitrisé avec l'aide des soldats du Fort. La mission est risquée et les sapeurs sont parfois blessés, générant dans certains cas une incapacité permanente. En 1907, incendie aux Laboratoires Macquaire. Au feu d'artifice du 14 juillet de l'année 1913, une fusée tombe sur une menuiserie, passage de la Mairie (rue Pompidou). Les pompes étant remisées juste en face, les pompiers n'ont qu'à les sortir pour être à pied d'œuvre. Entre les deux guerres, ce sont surtout des feux de cheminée. Un sinistre important pourtant, devant l'ancienne Poule Russe (Barolo) où tous les commerces sont détruits.
5 Sauver ou périr
Prendre en charge sans délai les détresses vitales, pratiquer des gestes de premier secours, telles sont les missions de la Brigade des sapeurs-pompiers de Paris qui veille sur 7 millions d'habitants. Elle est structurée en 3 secteurs, 6 groupements, 71 centres de secours. A l'identique des marins pompiers de Marseille ou de la brigade fluviale, ce sont des militaires, travaillant de concert avec le Samu pour le secours aux personnes (le 112). On les voit également intervenir en soutien aux structures locales, lors de grandes catastrophes à l'étranger : tremblement de terre à Haïti le 12 janvier 2012, tsunami à Phuket-Thaïlande à la Noël 2004.
6 Les vrais Super-Héros
Plusieurs musées leurs sont dédiés, comme à Lyon, Osny (95) ou Montville (76). L'histoire de ces "hommes du feu" y est retracée, avec leurs véhicules d'incendie, leurs uniformes et bien sur leur fameux casque high-tech F1, à la visière dorée contre le rayonnement thermique. Ce métier inspire le respect. Formidable pour beaucoup, il s'est féminisé depuis 1976. Claude Ermogeni, notre ancien adjoint au maire, disait d'eux "C'est un engagement mûrement réfléchi et souvent une vocation. Il ne laisse aucune place à l'indécision, au doute ou au dilettantisme". Le 4 décembre, ils fêtent la Sainte-Barbe, protectrice des professions du feu, qu'ils partagent avec les artificiers et les mineurs. Depuis 1937, ils organisent chaque année le bal du 14 juillet. Ils nous permettent de les rencontrer dans leur caserne, pour un moment festif, pour une fois sans qu'une catastrophe ne rende nécessaire leur intervention.
- sur la CARTE inter-active: Usine de boutons Rosenwald (incendie)= geneanet 28257 Caserne de pompiers de Ménilmontant Saint-Fargeau= geneanet 60635
- les numéros d'urgence:
- Films: sauver ou périr 2018 backdraft 1991 la tour infernale 1975
- Citations: fumer comme 1 p, y a pas l'feu, mettre de l'huile sur le feu, pas de fumée sans feu, le feu de l'action, à petit feu, tout feu tout flamme, le feu sacré, mettre sa main au feu, on n'y voit que du feu, mettre le feu aux poudres
- Références: parking du mail 20201119 garage opel merino 20200316 archives de nd du rosaire 20190913 nd de paris 20190415 collège pailleron 19730206 (16 enfants + profs + gardienne)
Merci à Martine Espagnon, pour sa contribution à l'article & clin d'oeil à Jean Huret, pour sa fameuse collection de voitures de pompiers