JARDINIERS,  MARAÎCHERS  &  AGRICULTEURS  Lilasiens   -   Racines du 93  

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Des JARDINS qu'on PARTAGE

En juin 2007, pour la 1ère fois dans la ville, un jardin partagé voit le jour aux Lilas. L'idée de départ se révélait novatrice : aménager 350 m² de terrain, au cœur du tout nouveau parc de 1,5 ha, pour en confier la gestion, l'entretien et l'animation aux habitants eux-mêmes. Le projet de Chantal Fave est retenu et soutenu par la nouvelle municipalité. Une convention est signée avec "le Potager des Lilas", association créée pour l'occasion. Le maire Daniel Guiraud peut inaugurer le même jour le parc Lucie Aubrac et son potager. Depuis, l'œuvre commencée par madame Fave a fait son chemin. Le concept a été repris et développé dans 7 autres jardins partagés, sur des terrains alloués par les gérants d'immeubles et même avec des écoles (Jardin A la pointe, Rucher des Lilas, jardins de l'Avenir, ALRA, APDCV, jardins d'A côté-Victor Hugo, Simone-Veil). Les asso et leurs bénévoles se sont engagés nombreux dans cette agriculture au pied des immeubles. Les voisins et les jeunes s'inscrivent avec eux dans le cycle des saisons: plantations, semis, récolte, compostage... Les dernières J.E.P. de septembre ont consacré trois balades à la découverte de ces nouveaux espaces qui font déjà partie de notre patrimoine, à la fois urbain et campagnard.

L'EVASION ROMANTIQUE

De nos jours, vous entendrez encore plus d'un habitant parler de l'esprit de village qui continue d'exister aux Lilas. On vous rappellera que notre air a toujours été plus pur qu'à Paris, grâce à une altitude culminant à 130 mètres. On vous confiera qu'un bois recouvrait autrefois tout le plateau. L'image d'un paradis passé n'est pas loin. Car l'empreinte d'une nature qui fait du bien est présente depuis longtemps. Il y a deux siècles déjà, le romancier Paul de Kock construisait la légende dans "la laitière de Monfermeil". Quand ses personnages -Auguste et Virginie- font grimper la montagne de Belleville à  leur carriole, ils traversent la campagne avant d'atteindre notre Bois. Ils passent devant  des champs de seigle et de blé, entre­coupés de massifs de groseilliers, de cassissiers, de pruniers et de noyers. Ils y "empruntent" d'ailleurs quelques fruits, lors de haltes furtives. Leur envie de nature trouve ainsi satisfaction sur notre territoire. Ils pourraient en remercier les agriculteurs et jardiniers locaux qui, comme leurs voisins de Bagnolet et de Romainville, pratiquent une polyculture, à base de céréales, de fruits et de légumes, mais aussi de vignes et de pâturages.

La ROSE, le LILAS et la VÉRONIQUE

A l'époque des 1ers cabarets sur la rue de Paris, en 1816, lilas et rosiers bordent les côteaux nord de notre territoire, le long des champs fertiles, des vignes et des vergers. 

La ROSE, on lui voue un véritable culte, depuis des siècles déjà. Au cours de la fête de "la Rose nommée", chaque fille du village plante un rosier dans le champ communal, à condition d'avoir été nommée en chaire, lors d'une des fêtes carillonnées. Notre pays peut alors s'enorgueillir d'une star qu'on vient de loin pour admirer. C'est le "rosier sans pareil" d'Adolphe Catelle, le plus beau de la région. Les milliers de roses de ce magnifique exemplaire de 5 mètres de diamètre fleurissent à l'emplacement actuel de l'école Langevin. 

Quant aux LILAS, les arbustes sont tellement prolifiques qu'on disait qu'ils se multipliaient "comme les pains de l'Évangile". La saison de floraison venue, le dimanche d'après Pâques, d'innombrables caravanes de citadins gravissent les collines, pour y prélever des bottes monstres de ces fleurs. Quoi d'étonnant alors à ce que la nouvelle commune ait choisi le nom de ce lilas pour lequel nous avions déjà acquis la célébrité? 

Mais, à côté de ces fleurs vedettes, revenons à l'ombre des sous-bois où poussait en abondance la discrète VÉRONIQUE printanière. Il y a une chance que son nom ait inspiré André Messager, pour le personnage de Véronique, dans sa fameuse opérette du même nom. Une prochaine fois que vous irez au Théâtre du Garde-Chasse, regardez donc au plafond s'il ne s'en cache pas quelques unes, éparses au milieu des motifs peints.

Cultiver les CÉRÉALES, FRUITS & LÉGUMES

Durant la 1ère moitié du 19ème siècle, la majeure partie du terroir est dédiée à la culture des céréales et des gros légumes.

En 1828, plus des 3/4 des habitants vivent de l'agriculture. Le blé et le seigle sont excédentaires. Le parcellaire nous indique ensuite des surfaces majoritairement cultivées en jardinage, plutôt qu'en grands labours.

Après 1850, de rares champs de céréales poussent encore dans le parc des Bruyères.

Vient la guerre de 1871 et ses ravages. L'église des "Quakers" distribue des semences de pois, de radis et de pommes de terre aux cultivateurs tombés dans le besoin.

De moins en moins nombreux à la fin du 19° siècle, ces derniers sont essentiellement maraîchers, pépiniéristes ou floriculteurs. Même si on écrit au préfet en 1888 que "la population lilasienne n'est nullement agricole", le blé mûrit toujours rue des Villegranges avant 1914. Des légumes sont encore récoltés à "la Ferme". Les maraîchers partent les livrer aux Halles de Paris vers 22 heures, pour en revenir à 5 heures du matin.

A l'est de la commune, l'usine des Rozière voisine avec une vaste serre au sein du jardin d'agrément. Et, juste en face, se trouve le triangle de leur Parc, ainsi qu'un immense potager. Un grand champ de groseilliers pousse également au sud-est de l'usine (avant le percement du boulevard de la Liberté). Sa  production dépasse largement la consommation familiale. Les gamins de l'époque vont cueillir les mûres et les framboises dans les haies, et les plus audacieux franchissent les barrières pour marauder les groseilles.

Puis l'urbanisation du 20°siècle a raison de ces petits coins de paradis. Les dernières grandes surfaces cultivées disparaissent en 1920 pour faire place nette à la Cité-Jardins Joseph Depinay. D'abord édifiée sur 2 hectares de terres maraîchères, elle grignote encore 1  ½ ha d'un terrain sableux et encore boisé, lors de la seconde phase, au nord de la rue de Paris.

>> la suite samedi matin, 1er octobre 2022

Le VIGNOBLE

La culture de la vigne est attestée sur le plateau aux 7°, 14° et 15°siècles, aux Sablons, au Bois, ainsi qu'au Bois des Bruyères.

En 1816 les coteaux sont couverts de vignes et de vergers sur le flanc nord de notre territoire. Vers 1850 la vigne est cultivée sur une grande échelle et pousse en abondance, jusqu'en 1881 au moins.

Elle se réduit ensuite brutalement à quelques arpents, probablement la conséquence du Phylloxera.

Le viticulteur du Parc avant 1880, c'est Auguste-Napoléon-Amable Chassagnole, qui possède plus de 6 hectares de vignes, en indivision avec son filleul Jacques-Louis David : au parc du Château, à l'Amodion sud, etc. Directement du producteur au consommateur, les Chassagnolle y exploitent une « buvette », jusqu'en 1880.

Dans le dernier 1/3 du 19°siècle, l'inventaire de nos terres à vigne ne serait pas complet sans citer deux autres secteurs, même si les surfaces y sont symboliques, de l'ordre de 0,1 ha. Aux Champs Saint-Germain et à la Ferme, la vigne voisine encore avec les cassis, les groseilles, les céréales et les légumes.

Mais, ne rêvons pas, dès le début des années 1900, il est à peu près sûr qu'aucune de ces terres à vigne ne produit plus de raisin. Comme sur les côteaux bagnoletais voisins, le vignoble lilasien a bel et bien disparu.

REVERDIR la PLANÈTE

Le 20ème siècle a vu peu à peu disparaître des hauteurs lilasiennes ses surfaces cultivées et ses bois, ses champs de céréales, ses vignes et ses maraîchers. Du fait de la pression foncière parisienne et du flux de nouveaux habitants, l'habitat s'est densifié et les pavillons avec jardinet ont souvent fait place à des ensembles d'immeubles.

L'espace public s'est minéralisé. La nature a perdu sa place dans le paysage lilasien. Les derniers témoins évoquent avec regret les espaces verts et cultivés qu'ils ont vu disparaître depuis leur enfance.

Entretemps, on a réalisé que cette nature participait de notre bien-être, que la pollution n'était pas inéluctable, que les engrais, la disparition des espèces et le réchauffement climatique n'étaient pas une fatalité. Une prise de conscience s'est faite globalement, avec René Dumont dès 1974 ou les rapports du GIEC, vingt ans après.

Aux Lilas, la tradition de la culture et la préservation de notre environnement s'avèrent des valeurs partagées. On fait localement de petites choses pour nous, pour nos enfants et pour l'avenir de la Planète : nouveaux parcs publics, jardins partagés, mise en composts des déchets, arborisation, fleurissement.. la liste est longue.

On reverdit sa ville pour préserver le climat. Les arbres sont conservés quand on crée de nouveaux jardins, on en plantera d'autres quand la promenade des Forts sera poursuivie chez nous, rue du Président Schuman et rond-point Pierre Brossolette.

"Grand Lilas", le projet d'aménagement du fort s'inscrit dans celui de la coulée verte de la Corniche des Forts, voulue et attendue par tous ceux qui ont besoin de vert et qui souhaitent redonner sa place à la nature.

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4   CÉRÉALES, FRUITS & LÉGUMES

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6  REVERDIR la PLANÈTE