Le RETOUR des PRISONNIERS
Avec 1944, la fin de la Seconde Guerre mondiale se profile : en juin, les Alliés débarquent en Normandie ; en août, les Lilas, comme Paris, sont libérés ; en décembre, Strasbourg redevient française. Et, en 1945, les forces de l'Axe sont définitivement vaincues. On se met à espérer un retour rapide pour ceux qui ont été privés de liberté par les forces nazies : soldats en captivité, travailleurs forcés, déportés politiques et raciaux envoyés dans les camps.
2. Prisonniers de Guerre
Au départ, le tableau était pourtant bien sombre, avec des armées allemandes dominant sur tous les fronts. A l'issue de leur campagne éclair, l'Armistice et le Cessez-le-feu sont signés en juin 1940. 1,6 millions de militaires français capturés sont alors envoyés en Allemagne. Parmi eux, 615 soldats lilasiens prennent le chemin de quatre ans de captivité. Leurs retours sont assez sporadiques : 12 hommes en 1942 (ce qui atteste de l’échec de la politique de la Relève : trois ouvriers français partant volontairement en Allemagne, en contrepartie de la libération d’un prisonnier), une cinquantaine en 1943, 18 d’avril à décembre 1944. La grande majorité d’entre eux (571) rejoignent leur famille entre mars et août 1945. Le dernier sera Jean Pardoen revenu du Stalag IB (Prusse-Orientale) le 23 août 1945.
3. Travailleurs forcés
A ces militaires, il faut ajouter tous les travailleurs forcés expédiés dans les usines, les mines ou les fermes allemandes, afin de compenser le départ des soldats du Reich, sur le Front de l’Est face aux Russes. La commune des Lilas devra ainsi laisser partir en Allemagne près de 500 de ses jeunes citoyens en travail forcé. Ils font partie de la masse des travailleurs arrachés à notre pays dès les premiers mois : les raflés du Nord & Pas de Calais (zone rattachée à Bruxelles), les ouvriers de la Relève, les conscrits et réquisitionnés en entreprise de Laval, mais surtout, à partir d'avril 1943, les requis du Service du Travail Obligatoire (S.T.O.). On dira d'eux, bien plus tard, qu'ils étaient les "oubliés de la seconde guerre mondiale", sans gloire et sans exploits mais ayant également souffert à plus d'un titre.
Familles
Plus de 1.100 Lilasiens étant partis en captivité ou requis par le STO, des familles entières se sont retrouvées dépossédées de leurs hommes. La mairie des Lilas les ayant minutieusement recensés, on repère en effet qu'une soixantaine de noms se répètent. Certaines familles furent particulièrement touchées, y figurant 3 fois, comme les frères Leconte et les frères Schmidt, voire 4 fois avec la famille Guyot.
4. Juifs
Cibles de la "solution finale", cette infamie voulue par la doctrine nazie, 150 Lilasiens furent expédiés dans les camps de concentration et d'extermination, parce que juifs. Presque tous finiront à Auschwitz. Seuls 7 reviendront. Un monument en leur mémoire est inauguré en avril 2024 dans le square Georges Valbon, derrière la Mairie. La Shoah (déportation des juifs) touchera près de 76.000 français, dont seuls 2566 reviendront.
5. Libération des camps
Les troupes soviétiques découvrent et libèrent le camp d’Auschwitz le 27 janvier 1945. Puis les libérations se succèdent, au fil de l'avancée des troupes alliées. Le Lilasien Joseph Pszenica est libéré du camp allemand de Bergen-Belsen, le 15 avril 1945 par l’armée britannique. Maurice Frankfower est rapatrié le 13 mai 1945 du camp allemand de Flossenburg, libéré par l’armée américaine le 23 avril 1945. Sa grande sœur, Sarah Frankfower, quitte le camp tchèque de Kratzau le 2 juin 1945, libéré par l’armée russe.
6. Politiques
Quant aux résistants, opposants politiques et otages raflés, ils seront 63.000 à suivre le même chemin de la Déportation. 40.000 en réchapperont. La Lilasienne Raymonde Salez, morte à Birkenau, n'aura pas cette chance.
L'hôtel Lutetia
Avant leur retour à leur domicile aux Lilas, rue de la République, les Frankfower sont orientés vers l’Hôtel Lutetia (ancien QG de l'Abwehr, contre-espionnage allemand), alors reconverti en Centre d'accueil des rescapés du système concentrationnaire et génocidaire nazi. Y convergeront plusieurs milliers (2.566) de déportés pour faits de résistance ainsi que quelques centaines de Juifs de France ayant survécu au génocide. Au vu de leur état de faiblesse, nombre de ces derniers seront directement orientés vers des lieux médicalisés. Pour les autres, après avoir subi la désinfection au D.D.T. et un examen médical, ils se voient délivrer une carte de rapatrié, qui a valeur de carte d’identité, un repas, de nouveaux vêtements, un ticket pour les transports en commun et la somme de 2.000 francs. Le Lutetia que certains appellent le "Palace pour revenants" fonctionnera du 14 avril au 31 août.
7. Retour en France
Henri Frenay, fondateur du mouvement de résistance Combat, est chargé par de Gaulle du Ministère des Prisonniers, Déportés et Réfugiés. Il coordonne le retour des quelque 2.250.000 personnes qui se trouvaient encore, en 1945, sous la tutelle du Reich.
Des aides sociales sont attribuées aux rapatriés ou à leur famille : pensions pour les veuves de guerre, allocations militaires, indemnités du fonds national de solidarité. Aux Lilas, la municipalité organise des collectes de chaussures et d'habillement, au profit des prisonniers et déportés rapatriés. Le 22 janvier 1945, une "Maison du Combattant" est créée au 50 bd de la Liberté, dans le cinéma l'Alhambra réquisitionné. Autour d'un repas, les anciens combattants y retrouvent un peu de cette fraternité née dans les camps. Ils peuvent s'y raconter pour se reconstruire. Les journaux d'anciens, comme "Le canard embarbelé" ou "Toujours là", entretiendront le lien avec leurs anciens camarades. Éloignés de leur foyer le temps d'une guerre, certains mettront des années à se reconstruire et à retrouver leur place.
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LIVRES
La Captivité, histoire des prisonniers de guerre français, Yves Durand, éd. FNCPG, 1979, p. 21.
Vichy : An Ever-Present Past, Éric Conan et Henry Rousso, éd. UPNE, 1998, lire en ligne p129>> books.google.fr/books?id=svjEWDsVMlEC&pg=PA129
le retour des prisonniers de guerre français, Christophe Lewin: www.amazon.fr/prisonniers-fran%C3%A7ais-Naissance-d%C3%A9veloppement-1944-1952/dp/285944131X
Sarah Fishman, « Grand delusions : The unintended consequences of Vichy France's prisoner of war propaganda », Journal of Contemporary History, vol. 26, no 2, 1991, p. 229–254.
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les CAMPS
le RETOUR
https://www.cheminsdememoire.gouv.fr/le-retour-des-prisonniers-de-guerre-en-1945
https://archives.calvados.fr/page/le-retour-des-prisonniers-de-guerre
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