Exigences edapho-climatiques
PH optimal entre 5,5 et 6,5
Température optimale entre -7° et 35°
Le pommier est une espèce des zones tempérées, il nécessite une longue période de repos végétatif pour satisfaire ses besoins en froid qui sont de l'ordre de 800 à 1600 heures inférieures à 7,2°C. Des variétés à faibles besoins en froid ont été développées et ont permis l'extension de l'aire de culture du pommier. L'espèce peut résister jusqu'à -35°C en phase de dormance, mais les zones les plus favorables à la culture sont celles qui présentent des hivers froids et des étés modérément chauds et relativement humides. Des températures de 21 à 26°C sont les plus favorables à l'activité des abeilles au cours de la pollinisation. Des nuits fraîches et une luminosité intense durant la maturité sont très favorables à la bonne coloration des fruits. Par contre, des journées brumeuses accompagnées de précipitations ou de rosées matinales déprécient la couleur des fruits et favorisent le développement du russeting. Le pommier s'adapte à une large gamme de sols. Cependant, des terrains bien drainés légèrement acides (pH 6,5 à 6,7), argilo-limoneux, profonds et riches en matières organiques sont les plus favorables à la culture du pommier. Les sols lourds argileux à forte capacité de rétention en eau doivent être évités autant que les sols à forte teneur en calcaire actif. La quantité d'eau nécessaire au pommier pour sa croissance et sa production varie de 700 à 900 mm/an. Les besoins en eau du pommier en période de végétation (Mars à Septembre) seraient de 600 mm. Les besoins les plus forts se manifestent en Juillet-Août.
Façons culturales
Mode de semis
Il tient compte de la densité de plantation et de la forme des arbres. Celle-ci est fonction de la vigueur de l'association variété-porte-greffe, de la fertilité du sol et de l'ensoleillement du lieu. On distingue différents systèmes de plantation: les vergers extensifs (80 à 150 plants/ha), intensifs (1000 à 1500 plants/ha) et la haute densité (2500 plants/ha).
Le porte-greffe le plus utilisé au Maroc est le MM 106. Il est d'une moyenne vigueur, s'adapte bien aux sols lourds et profonds, craint la sécheresse mais est très sensible au phytophthora, ce qui limite actuellement son utilisation. MM 109 est très vigoureux, convient bien aux sols légers bien drainés, résiste à la sécheresse, mais est très sensible à l'hydromorphie. M26 a une faible à moyenne vigueur, nécessite un sol bien drainé car sensible à l'hydromorphie. Certains porte-greffe sont actuellement peu utilisés à cause de la vigueur qu'ils confèrent à la variété (M II et MM111). D'autres, des sélections du M 9, suscitent beaucoup d'intérêt à cause de leur effet nanifiant et de mise à fruit rapide. Ce sont le Pajam 1 Lancep, le Pajam 2 Cepiland, le M 9 NAKB et le M 9 EMLA. Ces porte-greffes sont d'introduction récente.
Conduite de culture (Champ conduit)
Deux opérations sont importantes à réaliser: le profil pédologique et l'analyse du sol. Le profil pédologique jusqu'à 1 m de profondeur permet de déterminer la profondeur d'enracinement possible et du travail du sol adapté (défoncement, sous-solage etc...).L'analyse de la terre va permettre de raisonner la fertilisation tant au plan quantitatif que qualitatif (tenir compte de la texture, des taux d'argile et de la matière organique, du pH et du calcaire actif).
L'entretien du sol consiste à mettre en œuvre un ensemble de techniques visant à maintenir le sol en bon état après plantation, pour un bon fonctionnement des racines. Le sol peut être soit travaillé mécaniquement au niveau de la couche superficielle, soit désherbé chimiquement, soit recouvert d'un "mulch" ou paille. Toutes ces techniques visent à détruire les mauvaises herbes et réduire l'évapotranspiration. Dans la mesure où les ressources en eau sont excédentaires, la couverture du sol par un engrais vert temporaire ou permanent permet un enrichissement de ce sol en matière organique et une amélioration de la qualité des fruits.
Fertilisation
Il faut profiter du labour ou du sous-solage pour incorporer au sol la fumure de fond: Fumier=50-60 T/ha, phosphate = 300-400 U/ha sous forme de superphosphate, Potasse = 300-400 U/ha sous forme de sulfate de potasse ou mieux de sulfate double de potasse et de magnésie, Magnésie = 50-70 U/ha sous forme de sulfate ou de carbonate et oligo-éléments = 500 kg/ha d'un engrais à base de mélange d'oligo-éléments (Zinc, Bore, Fer etc...).
Fumure d'entretien
Elle doit être basée sur l'analyse du sol qui doit être répétée tous les 3 ans environ, au même endroit dans les mêmes conditions. A titre indicatif et pour des arbres en pleine production, il faut apporter:
- 20 à 25 T/ha de fumier bien décomposé.
- 120 unités/ha d'azote fractionné en 1/3 sous forme d'ammonitrate au stade B (débourrement), 1/3 sous forme de nitrate au stade E-F (floraison) et 1/3 sous forme de nitrate au stade G-H (grossissement du fruit).
- 50-100 unités/ha de P205 sous forme de superphosphate en hiver, en localisation.
L'apport du potassium dépend de la texture du sol, en particulier de sa teneur en argile. Il est préférable de l'apporter sous forme de sulfate ou de sulfate et de magnésie. En sol sableux, l'apport est de 50-75 U/ha de K20. En sol limoneux: 75-100 U/ha. En sol argileux: 150 U/ha. La magnésie est apportée sous forme de sulfate de magnésie à raison de 20-30 U/ha pour compenser les pertes. En cas de carence, apporter 30-50 U/ha. Les autres éléments: Zn, Cu, Mn, Fe, B, peuvent être apportés sous forme de pulvérisations foliaires.
Irrigation
Le système d'irrigation doit être défini avant la plantation. Il peut être par ruissellement, submersion, aspersion ou goutte-à-goutte. L'apport d'eau doit se baser sur le bilan hydrique. Cette méthode consiste à maintenir un équilibre entre l'offre et la demande en eau. L'offre correspond à la contribution du sol, aux précipitations, aux irrigations et aux remontées capillaires. La demande correspond à l'évapotranspiration réelle (ETR) des arbres (et éventuellement de l'enherbement) auquel il faut ajouter les pertes par drainage et ruissellement. Les irrigations comblent la différence entre l'offre et la demande. Les remontées capillaires sont souvent négligées. En aspersion et micro-aspersion, le sol est un réservoir que la consommation des arbres épuise petit à petit. La technique consiste à réapprovisionner la réserve du sol lorsque celle-ci est épuisée. Dans le cas du goutte à goutte, on considère que le volume du sol humide est beaucoup trop faible et qu'il ne constitue qu'une zone de transfert d'eau.
Ennemis de la culture
Le pommier est sujet à plusieurs attaques de maladies et de ravageurs. Les plus fréquents sont la tavelure, l’oïdium, les pucerons, le carpocapse, la cochenille et les acariens. La protection phytosanitaire est onéreuse en raison du nombre élevé d’interventions (12 à 20) que nécessite cette espèce. Elle dépend de la situation de chaque verger et des attaques subits la saison écoulée. Il est difficile d’établir un calendrier de traitement pour toutes les situations. Les éléments présentés dans ce cadre sont à titre indicatif. La protection doit commencer par un traitement cuprique dès la chute des feuilles puis par un traitement à base d’huile blanche au stade gonflement-débourrement des bourgeons. Pour l’oïdium et la tavelure, des traitements à base de Mancozèbe et de Soufre mouillable sont à envisager en préventif et/ou en curatif en début de printemps (gonflement des bourgeons, nouaison) par temps humide. A partir du mois de mai, jusqu’au début maturité, des traitements insecticides réguliers doivent être envisagés tous les 12 à 15 jours et dépendent de la rémanence et des spécificités du produit. Quant aux acariens rouges, leur pullulation est plus importante par temps très chaud (chergui). Ses œufs sont à observer en fin d’hiver pour prévoir le traitement de printemps qui peut se faire à base d’huile blanche ou de Clofentezine (Apollo) ou Héxythiazox (Cesar). Lorsque la moitié des feuilles renferment des araignées, un traitement à base de Tebufenpyrad (Massaï) ou de Pyridabène (Nexter) ou de Propargite (Omite 30 WP) est à envisager. L’efficacité de certaines matières actives est optimale lorsque le pH de l’eau de traitement est légèrement acide (4 à 6).
Récolte
La récolte est basée sur l'utilisation de certains indices de cueillette. Ces indices doivent être développés pour chaque variété pour des régions données. Parmi ces indices, il faut signaler la coloration des pépins dont la couleur brune doit s'étendre sur au moins ¾ de la surface des pépins (Golden), le test de régression de l'amidon, la couleur de fond de l'épiderme, la fermeté, l'indice réfractométrique, l'acidité, etc... La récolte doit être faite avec le maximum de soins. Elle peut être sélective ou totale. Après la récolte, il est souhaitable que les pommes subissent une pré-réfrigération par air ou par eau glacée, ce qui permet de ralentir le processus de maturation des fruits. La conservation se fait en chambre froide simple ou en atmosphère contrôlée.