Date de publication : Sep 25, 2013 12:49:0 PM
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Ce matin, une dizaine d’éleveurs accompagnés par Gérard Dubuc, maire de St Lary, les techniciens de la fédération pastorale et la DDT, n’ont pas hésité à monter à 1800 m d’altitude sur l’estive de Barastet, au lieu-dit Cap de Gauch, sur un groupement pastoral à la limite de l’Ariège et de la Haute-Garonne afin d’inaugurer un impluvium de 3000 m².
Là-haut, un paysage à couper le souffle: les grands glaciers de la Maladeta avec le Pic d’Aneto (3404 m), à droite les montagnes du luchonnais, en face le Pic de la Calabasse couronné de nuages. Des pelouses à perte de vue entretenues par des brebis et des chevaux.
Mais derrière cette carte postale il y a une autre réalité, celle de la fragilité du pastoralisme de haute montagne, notamment en Ariège car menacé.
Une estive qui s’équipe aujourd’hui mais qui subit régulièrement
Ce groupement pastoral d’environ 350 ha accueille une quinzaine d’éleveurs (majoritairement ovins et quelques équins).
Depuis peu de temps c’est Sandrine Pujol, exploitante à Orgibet, qui tient les rênes de ce GIP. Une fille au caractère bien trempé originaire de la ville et qui n’était vraiment pas prédestinée à s’installer dans les montagnes ariégeoises.
«Mes études de gestion me servent au quotidien pour gérer mon exploitation, on ne gagne pas des fortunes mais on a une qualité de vie que bien des citadins peuvent nous envier. Heureusement je connais la montagne et je suis bien secondée»
A ses côtés Charles Acap, un enfant du pays. Depuis que les problèmes de prédation se sont accentués dans cette partie du Couserans, il a vu passer trois présidents à la tête de son GIP, quatre bergers ont démissionné et bon nombre d’éleveurs ont baissé les bras.
Ce qui ne l’a pas empêché de miser sur l’avenir de cette estive: «aujourd’hui nous avons un berger salarié, des chiens patous, des clôture et nous réalisons des investissements… preuve que les pastoraux ne veulent pas baisser les bras»
Pour Gérard Dubuc, cette estive est un peu particulière, elle a vu passer son grand-père et son père Fernand, qui se sont succédés pour faire vivre la montagne: «c’est une estive un peu emblématique pour moi, qui s’équipe aujourd’hui mais qui subit régulièrement.
Nous avons ici toutes les facettes du pastoralisme: le pastoralisme qui construit et travaille pour la montagne vivante et le pastoralisme qui pousse à bout les éleveurs»
Revenant sur ce lac collinaire: «c’est le relai de ce qui a été fait il y a 25 ans par mon père et les éleveurs de l’époque. L’ouvrage avait vieilli […] il y a ici une forte initiative, fortement relayée par la Fédération pastorale: aujourd’hui un impluvium, hier du débroussaillage mécanique, demain de l’écobuage et l’alimentation en eau potable de la cabane du berger… on n’est pas sur un projet d’abandon d’estive au regard des équipements réalisés, malgré la lassitude de certains ici ou là, les projets avancent»
Une opération visant à améliorer cette estive
Le site de Bazet, sur l’estive du Barestet, était totalement dépourvu de sources. José Colomé, dit «Pépé», originaire de Catalogne a été berger pendant 35 ans sur cette estive.
Malgré ses 92 ans, il reste un personnage emblématique dans le monde des éleveurs et n’a pas hésité à gravir la montagne pour se rendre compte de l’ampleur de cette installation: «avant, il fallait monter à pied, on n’avait pas de 4x4 et il n’y avait pas d’eau, j’étais obligé de conduire les troupeaux tous les deux jours sur l’autre estive pour s’abreuver et tout ça sans les mélanger !»
Et Pépé avait sous sa responsabilité jusqu’à 1800 brebis. Il n’y avait pas à l’époque de groupements pastoraux (celui du Barestet a été créé en 1976) ni de fédération pastorale, qui apportent un appui technique, une assistance pour faire émerger les projets des éleveurs.
«Nous essayons d’asseoir un pastoralisme durable et des transhumances de qualité avec un certain nombre de dispositifs, des mesures d’accompagnement pour une gestion raisonnée et raisonnable des troupeaux, des pâturages» indique Thierry Marfaing, technicien à la fédération pastorale qui dès à présent travaille sur le prochain projet: la mise en conformité de la cabane pastorale avec adduction d’eau et création d’un coin sanitaire.
Les travaux de la SARL du Pech, spécialisée dans les travaux en montagne, a permis de réaliser un lac artificiel (impluvium), des travaux à hauteur de 81 000 € TTC subventionnés à hauteur de 75% (fonds européen du FEADER, aides de l’Etat via le ministère de l’Agriculture et du Conseil général).
Pour Jean-Marc Péloffi, gérant de cette entreprise familiale, trois semaines auront été nécessaires pour creuser, améliorer et réaliser les branchements reliant cette retenue collinaire aux abreuvoirs en contre-bas.
Un couper de ruban à 1800 m d’altitude
Une inauguration particulièrement émouvante où Gérard Dubuc a rappelé les contradictions de cette estive qui reçoit malgré les prédations d’importants investissements.
«J’étais hier sur une estive qui souffre (celle de Pouilh) où 30 bêtes sont restées au tapis, l’ambiance n’était pas la même, le discours était insupportable […] je veux porter ici le message d’une montagne vivante»
Sandrine Pujol est revenue sur les difficultés de mettre en œuvre de tels travaux et a particulièrement remercié l’entreprise qui les a réalisés ainsi que la Fédération pastorale: «il faut qu’il y ait ici de plus en plus de dynamisme face à nos soucis»
Charles Acap, trésorier du GP du Barestet, a expliqué les raisons de l’implantation de cet impluvium, s’est souvenu des années 60 et du travail réalisé par la famille Dubuc qui ont ébauché ce travail, de Pépé, un berger d’exception, de la construction de cette cabane et du 1er groupement pastoral.
«J’ai beaucoup de reconnaissance pour vous tous qui travaillez à la présence des troupeaux sur la montagne, ces troupeaux qui entretiennent les espaces ouverts et qui participent à maintenir cette économie de montagne. Car en montant sur les estives cela représente une économie fourragère d’un tiers de l’année pour les exploitants. Merci à tous au nom du GP, preuve qu’il n’y a pas que des bêtes sauvages sur ces montagnes»
Enfin Anne Chêne de la DDT a conclu les interventions: «je continue à croire à une montagne vivante. Il nous faut travailler à présent pour monter le prochain programme du Plan de soutien à l’économie montagnarde, l’avenir doit être écrit ensemble»
Source: http://www.ariegenews.com/ariege/agriculture_environnement/2013/66821/l-estive-de-barestet-investit-pour-l-avenir.html