Exigences edapho-climatiques
PH optimal entre 6,0 et 6,5
Les mûriers et les framboisiers s'accommodent des sols les plus divers. En général, ils affectionnent les loams sableux, mais les facteurs les plus importants sont la qualité du drainage et la capacité de rétention en eau. Ces espèces fruitières ne tolèrent pas un sol mal drainé. Comme le sol doit de préférence être drainé sur un mètre de profondeur, les terrains encaissés sont à éviter. Les sols riches en argile sont durs à cultiver et les sols caillouteux s'assèchent trop vite. Sont également à éviter les sols qui ont une semelle de labour ou qui se tassent facilement.
Façons culturales
Mode de semis
Il convient d'écarter les rangs de 1,80 à 3 m et d'espacer les plants de 0,75 m à 0,90 m sur le rang. L'écartement des rangs dépend de la superficie disponible et de la largeur des machines utilisées pour les façons culturales, les traitements phytosanitaires, etc.
Mise en terre :
Il est important de ne pas laisser dessécher les racines des plants pendant les travaux de mise en terre et d'éviter de les laisser sans protection au soleil et au vent. Quand la plantation se fait dans un sillon tracé à la charrue, les plants de mûriers sont posés contre la paroi du sillon de manière qu'ils soient enterrés légèrement plus profond qu'il ne l'étaient en pépinière, puis les racines sont recouvertes d'un peu de terre que l'on tasse fermement. Le sillon est comblé plus tard.
Les marcottes de framboisiers à fruits noirs ou à fruits pourpres peuvent être mises en terre dans des sillons. Les couvrir de seulement 3,5 à 5 cm de terre au moment de la plantation. A mesure que les marcottes reprennent, ajouter graduellement de la terre de manière que les racines soient couvertes finalement de 10 à 12,5 cm de terre.
Rabattre les tiges des mûriers à 15 ou 20 cm du sol. Supprimer les cannes (tiges qui ont fructifié) des framboisiers à fruits noirs ou à fruits pourpres, au moment de la plantation, car elles sont un réservoir de maladies.
Conduite de culture (Champ conduit)
Il est indispensable de bien préparer le sol avant d'établir une nouvelle mûrière ou framboisière car ces plantations doivent produire pendant au moins six ans. Les soins culturaux suivants sont à envisager : apport de matière organique, lutte contre les mauvaises herbes vivaces, fumigation du sol et épandage d'engrais.
Au moment de choisir un terrain, on doit tenir compte des cultures qui ont précédé. Certaines plantes hébergent des ravageurs qui s'attaquent aux framboises. Il faut s'abstenir de planter dans les sols qui ont connu des foyers de flétrissure verticillienne, de même que dans les sols qui ont porté au cours des cinq dernières années des cultures susceptibles d'héberger cette maladie comme les tomates, les poivrons, les aubergines et les pommes de terre. Il est déconseillé de planter des mûriers ou des framboisiers sur une terre qui a porté ces mêmes espèces au cours des trois dernières années, ni sur une terre où les plantations précédentes ont posé des problèmes. Il est utile de savoir quels herbicides ont été utilisés dernièrement sur ce terrain.
Isolement :
Comme les viroses se transmettent des mûrières et des framboisières infectées aux nouvelles plantations, il faut choisir un terrain qui soit aussi éloigné que possible d'anciennes plantations, y compris des framboisières à fruits rouges. Si d'anciennes plantations relativement improductives se trouvent dans le voisinage du terrain où l'on prévoit planter, c'est une sage précaution que de les détruire. A moins que les plants de la nouvelle plantation soient issus d'un programme de sélection reconnu, il faut veiller à les tenir à l'écart des nouvelles plantations de framboisiers à fruits rouges.
Type de plant :
Les mûriers à tiges dressées et quelques cultivars de framboisiers à fruits pourpres se multiplient, comme les framboisiers à fruits rouges, par séparation des drageons. On y procède pendant la dormance en choisissant les drageons robustes. Les mûriers sarmenteux, les framboisiers à fruits noirs et la plupart des framboisiers à fruits pourpres ne drageonnent pas; il faut donc les multiplier par marcottage de jeunes tiges de l'année ou par bouturage de rameaux portant un oeil. Les marcottes enracinées sont sevrées de la plante mère et mises en terre au début du printemps.
Méthodes culturales
Il faut commencer à travailler le sol au printemps, dès que le terrain est suffisamment égoutté, et incorporer au sol la culture de couverture, le fumier ou autre matière organique. Cette opération se fait la plupart du temps avec une machine à disques. A proximité des rangs, les organes de travail de cette machine ne doivent pas travailler à plus de 5 cm de profondeur ni à plus de 10 cm dans le centre des rangs. Biner superficiellement seulement pour détruire les mauvaises herbes et les drageons. Cesser de biner pendant la récolte. Biner une fois après la récolte. Le cas échéant, semer la culture de couverture au début d'août . La culture de couverture endurcit les plants en les soumettant à une concurrence vitale pour l'obtention de l'humidité et des éléments fertilisants. Les plants endurcis sont mieux armés pour résister aux rigueurs de l'hiver.
Engazonnement :
Entre les rangs, on peut semer un gazon permanent, par exemple de la fétuque rouge traçante à raison de 20 kg de semences à l'hectare. On se dispense ainsi de sarcler et de semer des cultures de couverture. L'engazonnement assure la propreté des entre-rangs pour les cueilleurs, un avantage particulièrement intéressant dans les plantations d'auto-cueillette. Les plantations engazonnées ont des besoins d'irrigation plus importants et obligent à utiliser des herbicides pour lutter contre le gazon qui cherche à empiéter sur les rangs.
Paillage :
le paillage des mûriers et des framboisiers n'est pas conseillé puisque l'irrigation, le désherbage chimique et les cultures de couverture apportent la plupart des avantages des paillis sans en entraîner les inconvénients.
Taille et formation des plants :
Le fait de connaître la façon dont le plant se développe permet de mieux comprendre comment il faut le tailler et le conduire. Les racines, vivaces, vivent de nombreuses années et émettent de nouvelles pousses chaque année. Ces pousses sont bisannuelles : elles atteignant leur hauteur définitive dès la première année, fructifient au cours de l'été suivant (elles portent alors le nom de cannes) puis meurent. Dans le cas des mûriers, les nouvelles pousses se développent à partir de bourgeons situés sur les racines (on les appelle alors des drageons) ou de bourgeons situés à la base des cannes qui ont fructifié. Dans le cas des framboisiers à fruits noirs ou à fruits pourpres, les nouvelles pousses se développent seulement à partir de la base des cannes. Comme nous le disions plus haut, quelques cultivars de framboisiers à fruits pourpres émettent des drageons.
Les nouvelles pousses des mûriers et des framboisiers à fruits noirs ou à fruits pourpres se développent en longueur. Ce mode de développement oblige à conduire les plants sur un palissage, sauf si l'on pratique l'écimage des pousses en été.
Ecimage des pousses en été :
Couper l'extrémité des jeunes pousses au début de l'été. Cette taille stimule la croissance des bourgeons et la formation des rameaux latéraux. Les plants ramifiés qui en résultent sont robustes, n'ont pas besoin de support et ont une grande quantité de bois à fruit. Les pousses non écimées s'allongent démesurément et compliquent la conduite de la plantation.
Ecimer les pousses des framboisiers à fruits noirs à une hauteur de 60 à 75 cm. Il convient d'écimer les framboisiers à fruits pourpres à 75 ou 90 cm de hauteur et les mûriers à 90 ou 105 cm de hauteur.
L'écimage consiste à raccourcir l'extrémité de la pousse de 5 à 8 cm. Il faut s'y reprendre à plusieurs fois pour écimer l'ensemble de la plantation car les tiges n'atteignent pas toutes en même temps la bonne hauteur pour l'écimage. Ne pas laisser les pousses se développer trop au-delà de la bonne hauteur avant de les écimer. Les pousses qui sont écimées lorsqu'elles sont déjà trop hautes porteront des rameaux latéraux moins vigoureux que les pousses qui ont été écimées lorsqu'elles ont la bonne hauteur.
Les pousses qui n'atteignent pas une hauteur suffisante pour être écimées avant l'époque de la récolte sont en général laissées telles quelles. En effet, un écimage tardif a pour effet d'affaiblir les rameaux latéraux qui, ensuite, risquent de mal supporter l'hiver. Ne pas raccourcir pas les rameaux latéraux avant le printemps.
Ne pas écimer en été les cultivars Boysenberry ou les autres cultivars de mûriers de type sarmenteux .
Rabattage des rameaux latéraux
Les rameaux latéraux qui se développent le long des pousses à la suite de l'écimage d'été peuvent atteindre une longueur d'un mètre ou plus. Chez les framboisiers à fruits noirs ou à fruits pourpres, la plupart des bourgeons situés sur ces rameaux sont des bourgeons à fruit. Si tous ces bourgeons étaient conservés, la compétition serait trop grande, donnant des fruits de petite taille et de médiocre qualité. Rabattre (raccourcir) les extrémités des rameaux de manière à diminuer le nombre de fruits et à faciliter la conduite des plants. Il faut faire cette opération au printemps dès que l'on peut mesurer l'importance des pertes causées par l'hiver, mais avant que les bourgeons aient eu le temps de beaucoup se développer
Chez les framboisiers à fruits noirs, laisser huit à dix bourgeons sur chaque rameau. On peut laisser quelques bourgeons de plus sur chaque rameau chez les framboisiers à fruits pourpres. Les rameaux peuvent être taillés moins courts si les cannes ont seulement deux ou trois rameaux ou si les cannes sont peu nombreuses par touffe. On raccourcit les rameaux des mûriers à environ 30 à 45 cm. Il est conseillé de supprimer tout le bois mort pendant l'hiver.
Eclaircissage des cannes
Les framboisiers à fruits noirs ou à fruits pourpres ne produisent pas de drageons; aussi les nouvelles cannes se développent en touffes autour des plantes mères. Couper les cannes qui ont moins de 12 mm de diamètre. Faire ce travail au printemps en prenant soin de couper au ras du sol. Laisser cinq à huit cannes robustes par touffe.
Les cannes des mûriers se développent parfois en s'écartant du rang. Conserver les cannes robustes qui sont espacées de 15 à 20 cm. La base des rangs ne doit pas dépasser 30 cm de large, sous peine de compliquer la cueillette des mûres.
Suppression des cannes après la fructification
Les cannes meurent après avoir fructifié. Il est conseillé de les couper dès la fin de la récolte, surtout pour prévenir les maladies.
Mûriers à tiges sarmenteuses
Ne pas raccourcir en été les nouvelles pousses des cultivars Boysenberry ou des autres cultivars sarmenteux. Laisser les nouvelles pousses traîner sur le sol pendant leur première année. Les maintenir près des rangs. Elles peuvent parfois atteindre une longueur de 3 m ou plus. Au printemps, après l'enlèvement du paillis d'hiver, attacher à un tuteur les cannes les plus robustes, par groupe de huit ou dix. Celles-ci prendront le relais des cannes qui ont fructifié l'année d'avant et qui ont été supprimées après la récolte. Avant d'attacher les cannes au tuteur, supprimer les extrémités grêles. C'est la partie centrale de la canne qui porte le plus de fruits. On peut rabattre les cannes de moitié, au maximum, pour stimuler la production de grosses mûres. Le palissage des mûriers peut être constitué de deux fils fixés à des piquets, le premier fil étant à 120 ou 150 cm de hauteur, l'autre à 60 ou 75 cm. Il y a différentes manières de fixer les cannes aux fils. Choisissez celle qui permet d'utiliser au mieux l'espace sur les fils. Eviter une trop grande densité de cannes pour ne pas compliquer la cueillette.
Fertilisation
La richesse du sol en humus, produit de la décomposition de la matière organique, favorise le drainage, l'aération, et la rétention de l'eau. L'apport de la matière organique est le plus efficace quand il est effectué au cours de l'année précédant la plantation. Au printemps de l'année précédant la plantation, épandre 14 t/ha de foin ou de paille ou 45 t/ha de fumier. Avec le foin ou la paille, épandre de l'engrais (55 kg/ha d'azote) au printemps et de nouveau à l'automne. La culture d'un engrais vert est également intéressante à cet égard.
Engrais :
Les analyses de sol sont le meilleur moyen de déterminer les besoins en engrais. On peut se renseigner sur les analyses de sol en s'adressant aux bureaux régionaux du Ministère de l'Agriculture, de l'Alimentation et des Affaires rurales. Si le sol n'a pas été analysé, suivre les recommandations données dans la publication 360F du MAAO, Recommandations pour les cultures fruitières.Les objectifs généraux d'un programme de fertilisation sont les suivants : a) maintenir une teneur suffisante en matière organique; b) stimuler la croissance rapide des plants au printemps et au début de l'été; c) ralentir la croissance à la fin de l'été et à l'automne de manière à laisser aux tiges le temps d'aoûter et de s'endurcir suffisamment avant l'arrivée de l'hiver. Les analyses de sol sont recommandées pour déterminer la quantité d'engrais à apporter. Si le sol n'a pas été analysé,
Irrigation
L'irrigation est essentielle pour assurer une production élevée et constante. Les années où l'on peut se passer d'irriguer sont rares. Il faut que le sol soit bien pourvu en humidité pour que les jeunes pousses se développent vigoureusement au début du printemps et que les cannes donnent des fruits de bonne taille. Un manque d'humidité survenant au mois d'août peut nuire à la qualité de la récolte de l'année suivante en réduisant la croissance des plants. En revanche, l'excès d'irrigation peut se traduire par des framboises à chair molle, une mauvaise croissance des racines et le lessivage des éléments nutritifs au-dessous de la rhizosphère.
Matériel :
Les framboisiers et les mûriers sont irrigués soit par aspersion soit par micro-irrigation (goutte-à-goutte). Les fournisseurs qui vendent ces deux sortes de matériel aident les producteurs à planifier leur réseau d'irrigation. Le bureau régional du ministère de l'Agriculture, de l'Alimentation et des Affaires rurales de l'Ontario peut fournir plus de renseignements.
Quand faut-il irriguer?
Le système de micro-irrigation apporte en permanence de l'eau aux plants. Avec le système d'irrigation par aspersion, l'apport d'eau est intermittent; on le met en marche en général quand la quantité d'eau utile aux plantes a baissé de moitié. Dans un cas comme dans l'autre, le producteur doit veiller à ce que les plants ne manquent jamais d'eau. Il ne doit pas attendre les premiers signes de flétrissement pour mettre en marche les asperseurs. A titre indicatif, on peut dire que les framboisiers ont besoin d'un apport d'eau de 25 à 35 mm par semaine. Par conséquent, quand il ne pleut pas, il faut arroser.
Quand faut-il cesser d'irriguer?
Un apport d'eau excessif est un gaspillage qui peut en outre s'avérer nuisible. Pour savoir si la terre est assez humide, on en presse une poignée dans la main; elle doit former une boule moite qui laisse un soupçon d'humidité sur la main; le sol est trop humide si de l'eau suinte à la surface de la boule.
Ennemis de la culture
Il est extrêmement important de débarrasser le terrain des mauvaises herbes vivaces comme les liserons et le chiendent avant de planter. Ce nettoyage est possible par les façons culturales, mais l'emploi d'herbicides peut s'avérer nécessaire. Voir la publication 75F du MAAO Guide de lutte contre les mauvaises herbes.
Fumigation du sol :
Certains sols hébergent des nématodes qui s'attaquent aux racines des framboisiers et propagent des viroses. Une fumigation du sol, effectuée de préférence à l'automne précédant la plantation, vient à bout de ces parasites. Consulter la publication 360F du MAAO, Recommandations pour les cultures fruitières, pour connaître les produits à employer, les doses et autres renseignements généraux.
Désherbage chimique :
La plupart des mauvaises herbes qui envahissent les plantations de mûriers ou de framboisiers peuvent être détruites par des herbicides.
Protection contre les rigueurs de l'hiver :
On gagne à protéger les plantations contre les effets du vent en hiver en installant des brise-vent. En outre, on réduit les lésions causées par l'hiver lorsqu'on favorise l'amoncellement de la neige sur les plants aussi haut possible. Dans le nord de l'Ontario, la pose d'un paillis en paille, en terreau, etc., à la fin de l'automne, présente une certaine utilité.
Récolte
La plupart des mûriers et des framboisiers à fruits noirs ou à fruits pourpres sont récoltés à la main. Des cueilleuses mécaniques ont été mises au point pour la récolte des mûres ou des framboises destinées à la conserverie. La formule de l'auto-cueillette est celle qui recèle les plus grandes chances d'expansion pour la production de ces fruits en Ontario.
Cueillette à la main
Il est difficile de trouver des cueilleurs pour récolter les fruits destinés à la vente en frais. C'est une des principales raisons pour laquelle la production et la superficie ont diminué ces dernières années. Lorsqu'on décide de la superficie à planter, il faut penser à la disponibilité de la main-d'oeuvre et aux demandes de main-d'oeuvre concurrentes de la part d'autres cultures.
Pour la cueillette, il est conseillé d'utiliser seulement des contenants peu profonds et de ne pas transvaser les fruits d'un contenant à un autre. Il faut également éviter de trier les fruits après la cueillette. Pour augmenter leur durée de conservation, les fruits doivent être réfrigérés de manière qu'ils perdent rapidement leur chaleur de récolte. Ne cueillir que les fruits déjà bien colorés. Les mûres ou les framboises parvenues à maturité se détachent sans peine du rameau.
Auto-cueillette
Les framboises noires, les framboises pourpres et les mûres se prêtent bien aux exploitations dans lesquelles les clients viennent cueillir eux-mêmes leurs fruits et cela d'autant mieux que ces fruits sont coûteux à récolter et qu'ils sont très périssables.
Il faut viser un rendement allant de 5000 à 5600 kg à l'hectare pour les mûres et les framboises pourpres. Les rendements des framboises noires sont légèrement inférieurs. Pour atteindre ces rendements, il faut être attentif à tous les détails de la culture. Les rendements moyens en Ontario sont bien inférieurs à ces chiffres.