Date de publication : May 10, 2013 10:51:39 AM
www.ujf-grenoble.fr le 7 mai 2013
Franck Giazzi, enseignant-chercheur au laboratoire Pacte territoires (UJF/CNRS), s'intéresse à l'élaboration d'un dispositif de cogestion des ressources naturelles dans le Haut-Atlas marocain.
Franck Giazzi est enseignant-chercheur au laboratoire PACTE territoires (UJF/CNRS). Son projet de recherche qui a été sélectionné dans le cadre de l’appel d’offres 2012 du fonds d’intervention du pôle recherche Sciences humaines et sociales de l’UJF a pour objectif de réfléchir à l’élaboration d’un dispositif de cogestion des ressources naturelles dans le Haut-Atlas marocain dans une logique de développement participatif qui soit une alternative aux démarches actuellement entreprises.Sur quoi portent vos recherches ?Franck Giazzi. Mes travaux s’inscrivent dans les questions globales du changement climatique. Je m’intéresse au végétal. Je cherche à connaître les plantes, les pâturages et l’usage qu’en font les populations. J’ai longtemps travaillé avec les Touaregs du nord du Niger sur l’agro-pastoralisme, mais la situation politique m’a empêché de poursuivre mes recherches. Depuis un an et demi, je développe un nouveau projet dans le cadre du pôle de financement SHS. CoGEPAM* a pour axe de recherche l’usage de la végétation par les communautés berbères du Haut-Atlas marocain. Ce travail essaie de répondre à des questions de fond par rapport au risque climatique. Dans les régions sèches, l’asséchement s’aggrave depuis des années. Quid des activités pastorales ? Et de l’élevage ? Les questions qui se posent sont alimentaires, mais aussi culturelles. Les berbères seront-ils capables de s’adapter ? Dans quelle mesure pouvons-nous les accompagner dans cette période de mutation écologique ?
Comment procédez-vous pour répondre à ces questions ?
F. G. La phase initiale du projet a consisté à aller sur le terrain pour prendre des contacts et faire du repérage. On a fait des carottages dans les genévriers. Les arbres sont les témoins des conditions de milieu passées : ils peuvent par exemple nous aider à mettre en place un curseur sur le climat. Parallèlement, nous menons des enquêtes auprès des populations locales pour savoir quelles étaient les conditions climatiques passées. Nous travaillons également à l’élaboration d’une carte des paysages qui puisse à terme devenir un outil de gestion participatif. L’objectif final est de pouvoir proposer un modèle de cogestion des pâturages aux éleveurs et aux institutions. Cette expérience marocaine pourrait ensuite être testée ailleurs.
Quelles sont les difficultés rencontrées par votre projet ?
F. G. Nous avons défini un angle d’attaque : nous voulons nous appuyer sur les connaissances vernaculaires des populations locales. Les berbères ont développé de génération en génération un savoir-faire que l’on estime. Cependant, ces populations ont du mal à se projeter dans le futur. Pour les aider à faire face aux fluctuations climatiques, nous réfléchissons à de nouveaux modes de gestion des pâturages très souples qui permettront de combiner ces savoirs vernaculaires et un savoir scientifique. Nous sommes des chercheurs, nous élaborons des méthodes, mais nous avons besoin des institutions locales et des ONG qui sont sur place pour les appliquer sur le terrain.
*Cogestion des pâturages dans le Haut-Atlas marocain
Franck Giazzi - franck.giazzi@ujf-grenoble.fr