Exigences edapho-climatiques
PH optimal entre 6,0 et 8,0
Le cerisier doux est exigent en froid hivernal pour lever sa dormance. Il est considéré comme l'arbre de haute altitude où les quantités de froid sont suffisantes (>1500 heures à t°<7,2°C) pour satisfaire les besoins de la plupart des variétés commerciales. Avec son feuillage caduque, cette espèce supporte la rigueur du froid en période de repos végétatif mais reste cependant sensible aux gelées printanières à l'époque de floraison. L’arbre est exigent en lumière et préfère des sols profonds, légers et perméables.
Façons culturales
Mode de semis
La gamme variétale en culture est relativement restreinte et se limite essentiellement aux groupes des bigarreaux (Burlat, Moreau, Van, Hedelfingen, Napoleon,...). Certaines variétés anciennes comme Cœur de Pigeon, Bingue, Cerisette, introduites à l'époque du protectorat, existent encore dans les veilles plantations. Cependant, la dominance revient aux variétés B. Burlat et B. Van dénommées respectivement ”Bigaro” et ”Hajjari”, en référence à leur calibre et à la fermeté du fruit. La variété Napoléon, dont les fruits sont de couleur jaunâtre, est adoptée en tant que pollinisateur pour surmonter les problèmes d'incompatibilité. Cette limitation est due à la non disponibilité de nouvelles variétés ayant confirmé leur adaptation. Les pépiniéristes continuent à multiplier et à diffuser le même matériel végétal sans se soucier de son authenticité et de sa qualité sanitaire.
La gamme des porte-greffes est également limitée à deux types: Sainte Lucie 64 et Merisier. Ils présentent l'avantage de conférer une certaine affinité et d'induire une mise à fruit rapide. Le premier type supporte les sols calcaires (25% de CaCO3) et le second s'accommode aux terrains profonds et bien drainés. La disponibilité du matériel végétal (rejets) et la facilité relative de sa multiplication, par bouturage ligneux, font que ces deux porte-greffes sont les plus largement utilisés.
Contraintes limitant le développement du cerisier
Bien que des actions de développement de la culture du cerisier ont été entreprises par l'Etat, en distribuant plusieurs milliers de plants, cette espèce reste cependant confrontée à divers problèmes l'empêchant d'atteindre ses potentialités de production dans ces écosystèmes de montagne. Ces contraintes sont d'ordre climatique ou relatives au matériel végétal.
Choix du terrain
Les sols à forte rétention en eau, où les risques d'asphyxie existent, et les bas fonds sont à éviter. En terrain plat, à forte hydromorphie (comme dans certaines régions d'Aïn Leuh), l'aménagement de drains est indispensable pour le ressuyage du sol et la réduction des risques de dépérissement des arbres. Cette opération doit être combinée avec l'utilisation du porte-greffe Saint Lucie 64, tolérant à l'hydromorphie.
Densité de plantation
L'arbre du cerisier, à croissance acrotone et rythmique, est exigent en lumière pour fructifier normalement. L'éclairement influe sur la croissance des rameaux, l'induction florale et la longévité des bouquets de mai. Les densités de plantation varient selon la nature du porte-greffe et la forme de conduite. Pour une forme en gobelet avec un porte-greffe vigoureux (SL 64) des densités de 6 x 5 (333 arbres/ha) à 6 x 4 m (416 arbres/ha) sont à respecter pour assurer une longévité correcte des arbres.
Conduite de culture (Champ conduit)
La floraison du cerisier s'observe à partir de la mi-mars et les fleurs sont essentiellement localisées sur les bouquets de mai et sur les rameaux d'un an. L'abondance des fleurs dépend de la densité des bouquets de mai, dont la production devient de plus en plus importante avec l'âge des arbres. La connaissance des périodes de floraison est nécessaire pour optimiser la pollinisation sur la base du choix d'associations compatibles et de mêmes époques de floraison. Certaines combinaisons variétales sont incompatibles comme par exemple Marmotte avec Napoléon et Précoce de Bernard avec Burlat.
Il est à signaler que si la plupart des variétés de cerises douces sont auto-incompatibles, certaines sont autofertiles comme Lapins, Sunburst, Summit et Sweetheart et n'ont pas besoin de pollinisateurs pour fructifier. Les dates de maturité des variétés étudiées par l'INRA permettent d'étaler la production sur une période d'un mois. Celle de la variété Précoce de Bernard se situe pendant la première semaine du mois de mai et offre par conséquent un gain de précocité de 10 à 14 jours par rapport aux variétés Napoléon, Hedelfingen et Rainier qui sont les plus tardives.
Les valeurs de l'indice réfractométrique se situent entre 14 et 18, les faibles valeurs caractérisent les variétés précoces. Les fruits sont donc généralement assez sucrés et conviennent parfaitement à la consommation en frais. A l'approche de la récolte, un éclatement du fruit peut se produire à la suite d'une absorption directe de l'eau à travers l'épiderme. L'indice d'éclatement est fortement lié au poids et à la fermeté de la chaire du fruit. Les variétés Stella, Rainier, Van, Stark Hardy Giant, Ulster, Vista et Burlat présentent une légère sensibilité à ce phénomène; la variété Napoléon dont le taux d'éclatement est inférieur à 20 %, est considérée comme résistante.
Problèmes d'adaptation variétale
L'introduction du cerisier dans certaines zones, sans étude préalable de comportement, a enregistré des échecs après plusieurs années de plantation. Le manque d'adaptation variétale est à l'origine de ce problème qu'il convient d'élucider pour aider les arboriculteurs et les techniciens à mieux connaître la réaction du matériel végétal à un environnement inconvenable.
Fertilisation
Comme pour les autres espèces fruitières, le cerisier exige des quantités importantes en eau (3000 à 5000 m3) pour une croissance et un développement régulier. Dans plusieurs exploitations, les ressources hydriques sont souvent limitantes et les apports d'eau sont réduits après la récolte. Les arbres sont alors soumis à des stress hydriques qui affectent la mise à fruit et la fructification durant le cycle suivant.
La fumure de fond est destinée à corriger les déficiences du sol, décelées par les analyses physico-chimiques, et permettra à l'arbre de trouver des condition favorables à son alimentation. Des quantités de l'ordre de 150 à 200 unités de potasse et de 100 à 150 unités de phosphore sont à prévoir avant l'implantation du verger.
La fumure d'entretien (phospo-potassique) annuelle à apporter dépend de la richesse du sol, et de l'âge des arbres. Compte tenu des besoins élevés en potasse de cette espèce, les quantités à apporter peuvent se situer dans la fourchette 80-120 unités et pour le phosphore de 60 à 80 unités.
La fumure azotée doit tenir compte également des niveaux de la matière organique et peut varier de 30 à 80 unités, selon l'âge des arbres. Cet élément peut être fractionné en 3 apports: ¼ avant débourrement, ½ au stade nouaison et ¼ après la récolte pour reconstituer les réserves. Ces doses sont des ordres de grandeur et peuvent varier selon les analyses du sol et du végétal.
Ennemis de la culture
Les problèmes phytosanitaires connus sur cette espèce sont essentiellement liés aux dépérissements bactériens et au capnode. Le premier fléau affecte les vergers adultes, qui après plusieurs années de vie normale, cesse de produire, les rameaux et les branches se dessèchent progressivement (Photo). Les contaminations peuvent être limitées par l’application de traitements cupriques pendant la période de chute des feuilles.
Les larves du capnode sont également redoutable sur les racines et causent des dégâts importants dans les vergers qui soufrent du manque d'eau.
Le cerisier est sujet à des attaques de plusieurs maladies et ravageurs. Une attention particulière doit être donnée aux maladies du sol (Armillaria), au dépérissement bactérien et aux attaques du capnode. La moniliose, le coryneum, les pucerons et les acariens sont également fréquents sur la culture. Des traitements préventifs et curatifs sont à envisager et à adapter à chaque situation de culture à l’aide de conseils de techniciens spécialisés.
Récolte
Le rendement et les caractéristiques pomologiques du fruit constituent aussi des critères économiques importants pour le choix variétal. Un fruit d'une couleur attrayante, d'un calibre important (supérieur à 7 g), sucré, à chaire ferme et résistant au transport garantit le succès de la variété. La longueur du pédoncule est également importante pour faciliter la récolte de ce fruit, dont la maturité commence bien avant l'arrêt de sa croissance végétative.