Les géants sont une tradition bien établie dans le nord de la France. Celui qui nous intéresse est né en 2018 à Bousbecque, commune à proximité de Tourcoing.

Il s’agit de Ogier Ghislein de Busbecq, né à Bousbecque en 1522. Enfant naturel du seigneur de Busbecq, il reçoit la meilleure éducation et le meilleur enseignement et sera reconnu par son père en 1549.

Remarqué comme négociateur par Ferdinand 1er, empereur d'Allemagne, il est envoyé en Angleterre puis à partir de 1554-1555 comme ambassadeur de l’empereur d’Autriche auprès du Sultan ottoman Soliman le Magnifique.

Intellectuel brillant, découvreur de manuscrits chrétiens pillés par les turcs qu’il rachète et expédie aux érudits de l’époque, et, en 1555, de l’inscription du monument d’Ancyre qu’il fait connaître dans toute l’Europe par ses écrits.

Passionné par les animaux “exotiques” qu’il recueille dans sa maison d’Ambassadeur à Constantinople, tels singes, ours, chevreuils, cerfs, lynx... et oiseaux, aigles, corbeaux, perdrix, chouettes, canards… Ainsi que par des plantes, inconnues en Europe à l’époque. Il contribue à les introduire comme, par exemple, la tulipe, le lilas et le marronnier d’Inde.

Il consacre une partie de sa fortune à racheter aux turcs des esclaves chrétiens afin de leur rendre leur liberté..

De retour à Vienne en 1562, il est chargé par l’empereur de l’instruction de ses deux petits-fils, Rodolphe et Mathias, futurs empereurs eux-mêmes puis nommé, en 1576, intendant des affaires d’Élisabeth d’Autriche, épouse de Charles IX, roi de France et restera à proximité de Paris après son départ, à la mort du Roi en 1574.

En octobre 1592, âgé de 70 ans, ministre plénipotentiaire de l'empereur autrichien Rodolphe II, il obtient un congé de 10 mois pour visiter ses amis avant de se retirer dans sa ville natale en Belgique.

Voici ce qu’écrit, à ce sujet, M. de Beaurepaire dans le Tome V du bulletin de la commission des Antiquités de la Seine Inférieure):

« Se trouvant dans le bourg de Cailly où il reçut l’hospitalité, une troupe de soldats, accourus d’une station voisine, se saisissent de vice force de sa personne. Mais comme dans les sentiments de constance et de grandeur d’âme dont il est rempli, il se plaint de la violence qu’on lui fait subir et de ce qu’on le rançonne contre le droit des gens, lui revêtu de la dignité d’ambassadeurs, lui enlevant ses bagages, non par l’ordre le gouverneur de Rouen, comme ces brigands s’en vantaient mais par pur esprit de rapine, les soldats effrayés et troublés par les reproches de leur conscience lui font de grand matin, restitution complète et prennent aussitôt la fuite. Au gouverneur de Rouen excusant leur mauvaise action et promettant de les punir, il répond qu’il préfère la paix et la tranquillité à la vengeance de l’injure qu’il a subie.

Atteint d’une maladie qu’il prévoit devoir être mortelle, il se fait porter au château voisin de Mailloc, accueilli par Charlotte de Mailloc, femme d’une rare distinction et Dame du Lieu, près de l’église de Saint-Germain. 11 jours après, il meurt le cinq du calendrier de novembre (25 octobre 1592).

Son corps a été honorablement enseveli dans cette même église. Son cœur enfermé dans une larme de plomb a été porté à Busbecq dans le magnifique monument de ses ancêtres. »

On a de lui quelques ouvrages en latin, remarqués par la pureté et la vigueur du style, par la profondeur et la sagacité des vues qui y sont exposées. Ils ont été réunis dans un Elzevier, publié à Leyde en 1633, sous ce titre : « A. Gislenii, Busbequii omnia que extant cum privilegio ».

Ses lettres Turques ont été traduites en français dès 1646.

L’église de Saint Germain a été détruite dans le premier quart du 19ème siècle et l’ensemble de son mobilier transféré dans l’église de Cailly.

Quant aux restes de Ogier Ghislein de Busbecq ...

JC Parenty