1.1 - Histoire locale

A cette époque, pas moins de 8 voies venant de Rotamagus (Rouen), Juliobonna (Lillebonne), Ritumagus (Radepont), convergeaient vers cette agglomération estimée, selon les infrastructures retrouvées, entre 5 à 10000 habitants dotée d’un amphithéâtre de 2000 places, dont les ruines ainsi que celles des villas, affleurent encore le sol. Les fouilles archéologiques importantes, s’étalant tout au long du 19ème siècle, en révélèrent la richesse et des « trésors » furent trouvés sur son territoire et une monnaie unique sur celui de la commune toute proche de Saint André sur Cailly. Un des lieux de la cité est même surnommé le Capitole.

C’est sur ce même Capitole, éperon dominant la vallée, que fut érigé, plus tard, un château fort dont les ruines sont encore visibles au début du 19ème, isolé du plateau calcaire par une large douve sèche. L’un de ses occupants, Guillaume de Cailly, cousin issu de germain de Guillaume le Conquérant, accompagné de quelques Caillais, participa à la bataille d’Hastings ou il fût cité pour sa vaillance et son courage. Il fit souche outre-manche et la famille qui porte encore son nom, dérivé toutefois en Sealy, porte aussi, comme la commune, sa sage devise (« Concipe spe certas » ou « Concoit ce qui est certain ») et ses armes.La présence d’un château, remanié, déplacé, reconstruit, centre d’un vaste et riche domaine occupé par des comtes et marquis, perdura jusqu’en 1914.

Un second château fort, situé un peu plus en aval dans la vallée, sur la commune de Saint Germain sous Cailly, à moins de 1 km du premier et dont les ruines sont encore visibles, fut le théâtre de batailles sanglantes pendant la guerre de cent ans.

Au 18ème siècle, pas moins de 10 paroisses, incluant le vocable sur/sous Cailly, témoignent également du rayonnement de ce bourg.

L’église, imposante, domine le bourg. Son clocher, roman, daté du 12ème siècle, témoigne lui aussi de l’histoire de ce bourg. La dévastation de l’édifice pendant la révolution, les caveaux des seigneurs ouverts et les restes dispersés, et son très large remaniement au 19ème avec l’élimination de deux des quatre chapelles latérales, ont fait disparaitre une large part des témoignages de son histoire.

Si les raisons du déclin de la commune ne sont pas connues, la très dure occupation anglaise pendant la guerre de 100 ans (il n’y eut aucun habitant pendant cinq décennies et les terres agricoles, retournées en bois, furent à nouveau défrichées au retour de la deuxième génération), ainsi que les dévastations par les troupes de Charles le Téméraire et des armées d’Henri IV pendant les guerres de religion, détruisant plusieurs fois, par « dépit », la plupart des habitations, et les multiples inondations et incendies eurent très probablement raison, entre autres, de la ténacité de bon nombre d’habitants.

Les 16ème et 17ème siècles

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Outre Guillaume de Cailly, déjà cité, quelques personnages remarquables ont jalonné l’histoire de la commune, comme en particulier : Ogier Ghislain de Busbecq (1522-1592), diplomate flamand, ambassadeur des empereurs autrichiens auprès du sultan turc, Soliman le Magnifique, écrivain, « découvreur » des tulipes en Hollande, du lilas en Europe. Attaqué par des ligueurs à proximité du village et recueilli par la dame de Cailly dans son château, il y décède quelques jours plus tard. Son corps est enterré dans l’église de Saint- Germain sous Cailly (disparue depuis) et son cœur, embaumé, transporté dans son village natal de Bousbecque en 1598.

Anne Delpech (1734-1803), dame de Cailly, marquise de Joyeuse, surnommée « la

lionne de Saint-Germain » par le Duc de Luynes dans ses mémoires occupe le splendide château du 17ème (disparu depuis mais encore occupé par Madame de Piperey en 1914). Elle y mène grand train avec ses 40 hommes d’armes. Mariée à 20 ans, séparée à 30, veuve 3 fois à 40, 49 et enfin à 51 ans, elle vend la totalité de son immense domaine en 1784 et elle hypothèque le château la même année. Elle mourra, entièrement ruinée à 69 ans.

S’il n’est pas certain que la connaissance historique des lieux soit partie intégrante de la mémoire des habitants, il faut toutefois se rappeler que les fouilles des ruines romaines des environs se sont terminées il y a moins de 40 ans, que Hippolyte Lemarchand, maire de Clères et natif de la commune et ancien greffier de Cailly a rédigé, en 1887, une histoire détaillée de la commune ainsi qu'une histoire complète du canton en 1891 (Histoire du Canton de Clères - Edition Association le Pucheux - 2002).