La solidarité sottevillaise : du moulin à l’hypermarché

Le moulin de Béarn, construit en 1827 par la duchesse de Charost, sur les terres des Comtes de Béarn au Tôt (hameau de Clères) a été racheté vers 1906 par la « Solidarité Sottevillaise », (Coopérative de consommation et de production) pour y exercer une activité de meunerie.

C’est le début d’une histoire qui dépasse largement le cadre clérois.


Le moulin de Béarn fut construit en 1827 par la duchesse de Charost, sur les terres des comtes de Béarn au Tôt (hameau de Clères), impasse du Moulin de Béarn. Vers 1906, la « Solidarité Sottevillaise » (Coopérative de consommation et de production) acquiert les lieux pour y exercer une activité de meunerie.

Rachetés par Arsène Nourichard vers 1926, les bâtiments sont en partie détruits pour laisser place à un moulin plus moderne dont il ne reste aujourd’hui que l’arbre de transmission au-dessus du bief qui détournait la Clérette.

La solidarité sottevillaise

À la fin du XIXe siècle, la ville de Sotteville-les-Rouen est l’un des berceaux des progrès sociaux (coopératives ouvrières, mouvement mutualiste). Après les élections de 1889, les ouvriers sottevillais, mécontents de l'attitude des commerçants vis-à-vis de leur candidat, décident de créer une coopérative de consommation. Influencé par la montée du socialisme mondial, Louis Lucas, pharmacien et quelques cheminots sottevillais fondent le 14 novembre 1890 « La Solidarité Sottevillaise », ensemble de magasins où l’on trouve des produits alimentaires à prix intéressants pour faire face au paternalisme patronal et aux commerçants ligués. On y fabrique également du pain. La coopérative acquiert le moulin du Tôt en 1906 et fait appel à de la main-d'œuvre locale : un minotier, un gérant, un garde du moulin, des journaliers (recensements 1921 et 1926), tous habitants du Tôt.

En 1901, Louis Lucas, devenu adjoint au maire, ouvre le restaurant coopératif « La famille laborieuse », dans la lignée de la Solidarité sottevillaise.

La Solidarité Sottevillaise fonctionne vers 1920 avec une centrale d'achats, une dizaine de magasins succursales à Sotteville, et une quinzaine à Rouen. Elle procède à la remise de réductions aux coopérateurs et à la redistribution des bénéfices. Elle mène aussi des activités sociales.

En 1927, elle achète des bâtiments sur Rouen, y crée son siège social et prend le nom d'Union des coopérateurs de Normandie (COOP). La mutualité de Seine maritime et la MATMUT sont aussi des enfants de la Solidarité sottevillaise.

En 1986, l'entreprise en difficulté lance son enseigne de hard-discount, baptisée Le Mutant.

En 1990, la coopérative de Picardie et la coopérative de Normandie fusionnent pour donner Les Coopérateurs de Normandie-Picardie. La société est implantée dans ses régions historiques, que sont la Normandie et la Picardie, et dans le Sud-Ouest, les Pays de la Loire et le Sud de la Bretagne. Le siège social de la coopérative déménage de Bonsecours au Grand-Quevilly en 1996.

Le 1er janvier 2009, la Coopérative Normandie-Picardie adhère à la Coopérative de commerçants Système U. Elle exploite alors des magasins à l'enseigne Hyper U (hypermarchés anciennement Rond Point), Super U (supermarchés), Point Coop (supérettes), Le Mutant, Mutant Express (hard discount) et Rosbif (boucheries).

En 2009, l'Hyper U du Grand-Quevilly est le plus grand de France.

Françoise Hénaut


Pour aller plus loin :

L’histoire de la Solidarité Sottevillaise et des Coop - Sotteville au fil du temps

Coop Normandie-Picardie - Wikipédia