Hippolyte Boissel de Monville
L'ascension et la chute d'un notable
L'ascension et la chute d'un notable
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Hippolyte Boissel de Monville : Un destin contrasté
Hippolyte Boissel de Monville (1794-1873), figure emblématique de Montville au XIXe siècle, a mené une vie aussi riche que tumultueuse, à l'image de son époque. Héritier d'un nom prestigieux et d'une fortune considérable, il a marqué sa commune natale par ses passions, ses engagements et ses revers de fortune.
Origines et héritage familial
Né dans une famille ancrée dans la noblesse normande, Hippolyte Boissel de Monville est le fils de Thomas Charles Gaston Boissel, baron de Monville et pair de France, et de Marguerite Charlotte de Bonnechose. Son père, maire de Montville de 1808 à 1821, laisse à sa mort un héritage conséquent, fruit d'une gestion avisée et d'une ascension sociale réussie.
Hippolyte, en digne héritier, épouse en 1823 Louise Lannes de Montebello, fille du célèbre maréchal Jean Lannes, duc de Montebello. Ce mariage renforce l'ancrage social de la famille Boissel de Monville au sein de l'élite de l'époque.
Un notable aux multiples passions
Hippolyte Boissel de Monville ne se contente pas de son statut de notable terrien. Passionné par la botanique, il se spécialise dans l'étude des cactus et rassemble une collection unique en son genre, qui attire l'attention du célèbre botaniste Charles Lemaire. Ce dernier décrit et illustre la collection dans plusieurs publications entre 1838 et 1847, reconnaissant ainsi la valeur scientifique du travail d'Hippolyte Boissel de Monville. La vente de cette collection, organisée à Monville en 1846, marque un événement notable dans le milieu des botanistes.
Parallèlement à la botanique, Hippolyte Boissel de Monville se révèle être un collectionneur d'art avisé. Il réunit au fil des années une collection éclectique d'objets d'art, témoignant d'un goût sûr et d'une connaissance approfondie de l'histoire des arts. Sa collection, remarquée pour sa qualité et sa diversité, comprend notamment des faïences italiennes, françaises et orientales, des émaux, des bronzes italiens des XVe et XVIe siècles, ainsi que des porcelaines de Chine et du Japon.
Un destin marqué par la ruine
Malgré sa fortune et ses réussites, Hippolyte Boissel de Monville ne peut échapper à la ruine. En 1845, une violente tempête s'abat sur Montville, causant d'importants dégâts matériels dans toute la région. Les industries des vallées de Malaunay et de Montville, où le baron possède des filatures textiles, sont particulièrement touchées. Cet événement, conjugué à un train de vie dispendieux et à des investissements hasardeux, précipite la chute du baron de Monville.
En 1847, ruiné et criblé de dettes, il est contraint de vendre tous ses biens, y compris le domaine familial, et de quitter Montville pour Paris. Il y meurt dans un relatif anonymat en 1873.
Après sa mort, le château et le parc du domaine de Monville sont acquis par Stanislas Adolphe Lefebvre, un industriel rouennais. Ce dernier, à sa mort en 1880, lègue la propriété à ses héritiers.
Un héritage contrasté
Hippolyte Boissel de Monville laisse derrière lui une image contrastée. Reconnu pour ses qualités d'administrateur, son engagement pour le développement économique de sa commune et sa générosité envers ses concitoyens, il contribue à l'essor industriel de Montville en y implantant des filatures textiles, faisant passer la population de 750 à plus de 2000 habitants durant son mandat de maire.
Sa ruine et sa disparition à Paris, loin de ses terres natales, témoignent d'une certaine incapacité à gérer sa fortune et à s'adapter aux mutations de son époque. Hippolyte Boissel de Monville incarne ainsi la figure du notable éclairé du XIXe siècle, tiraillé entre tradition et modernité, capable de grandes réalisations mais aussi sujet aux erreurs et aux faiblesses.