François Duramé (1759-1798)
et sa bande de "chauffeurs”
et sa bande de "chauffeurs”
Au milieu du chaos de la Révolution Française émerge, dans la région, une figure inattendue : François Duramé, un tisserand de Bondeville dont le destin bascule vers une carrière de chef de bande.
Sous une fausse identité et avec une cruauté glaçante, Duramé et ses "chauffeurs" sèment la terreur jusqu'à Cailly, laissant derrière eux une traînée de crimes et de violence.
Au cœur de l'histoire normande, émerge une figure ténébreuse : François Duramé. Né aux alentours de 1759 à Bondeville, Duramé débuta sa vie comme tisserand. Rien ne laissait présager qu'il deviendrait le chef d'une bande criminelle redoutée, dont le nom allait bientôt semer la terreur dans la région, jusqu'à Cailly.
L'époque, il est vrai, prêtait au chaos. La Révolution Française avait profondément désorganisé l'État, et les vastes forêts offraient un refuge idéal aux malfrats de toutes sortes. Saisissant l'opportunité, Duramé se lança dans le brigandage. Il établit rapidement son repaire à Mesnil-Esnard, adoptant l'identité trompeuse de François Hamel, un rentier paisible et d'allure respectable. Mais derrière cette façade se cachait un homme déterminé à reconstituer une bande puissante, rivalisant avec les plus tristement célèbres de l'époque.
Duramé recruta des hommes sans foi ni loi, parmi lesquels les frères Thorel, Audienne, Chanterelle et même son propre fils. Sa bande grossit rapidement, mais ses ambitions étaient plus vastes encore. Il entra en contact avec les frères Féron, qui sévissaient déjà dans les environs de Rouen, et tenta de s'allier à eux. Bien que les Féron préférèrent conserver leur indépendance, ils acceptèrent de collaborer pour des "coups" d'envergure.
Les méthodes de Duramé et de ses associés étaient d'une cruauté inouïe. Ils étaient connus comme des "chauffeurs", un surnom glaçant qui rappelait leur sinistre habitude de torturer leurs victimes pour leur faire avouer où étaient dissimulées leurs richesses. Les fermes isolées étaient leurs cibles privilégiées. Surgissant au cœur de la nuit, ils enfonçaient les portes à l'aide de lourds soliveaux et terrorisaient les habitants. La torture, le viol et le meurtre étaient des pratiques courantes.
Cailly fut l'un des lieux où la bande de Duramé fit régner la terreur. La veuve de Jean Maillard, Marie-Anne Legrand, une fileuse de coton de Cailly, fut l'une de leurs victimes. Duramé et ses complices s'introduisirent chez elle, la brutalisèrent et la volèrent. Cet acte odieux marqua durablement les esprits des habitants de Cailly, dont la tranquillité fut anéantie.
Cependant, la justice finit par rattraper Duramé. Un billet compromettant, découvert fortuitement par un charretier, mit les autorités sur sa piste. Le procès des "chauffeurs" fut exemplaire, mené avec une rigueur implacable par le magistrat rouennais M. Thiessé. Le 23 janvier 1798, sur la place du Vieux Marché à Rouen, Duramé et sept de ses complices (Thorel, Bourdain, Vivien Thorel, Julien, Chanterelle, Audienne et Boutté) furent guillotinés. Ainsi prit fin la sinistre carrière de celui qui avait semé la terreur dans toute la région.