L'établissement départemental de Grugny : de dépôt de mendicité
à lieu d'accueil moderne.

D'abord asile pour vieillards, infirmes et enfants "anormaux", il devient EHPAD et lieu d'accueil pour personnes handicapées. 

Comment ce site, conçu à l’origine comme une "ville dans la ville" avec ses ateliers et sa ferme, a-t-il évolué depuis 1910 au gré des évolutions sociales, impactant ainsi le développement du village.

Le département achète le domaine de Fol Enfant au Comte Legonidec de Penlan en 1905

Les hommes politiques de la fin 19e-début 20e siècles prennent conscience du problème de la mendicité que la répression seule ne parvient pas à éradiquer. Les conseillers généraux de notre département imaginent un lieu d’accueil pour les vieillards, les infirmes, les malades incurables, les enfants « anormaux »  qui aboutit à l’ouverture en 1910, de « l’établissement départemental de Grugny ».

Le département achète le domaine de Fol Enfant au Comte Legonidec de Penlan en 1905, pour créer un « asile de vieillards et incurables, un dépôt de mendicité ».  Des surfaces bien supérieures sont nécessaires au projet. Diverses tractations et expropriations permettent de les obtenir.

La construction commence en 1906-1907. Il faut d’abord aménager les voiries et réaménager le parc. Le projet établi en 1899 par M. Lefort, architecte, évolue pour devenir moins répressif. Après les lois de 1905, c’est l’assistance et la bienveillance qui doivent prévaloir. Le travail que fourniront les mendiants, les enfants handicapés et les vieillards encore valides permettra à la fois leur réinsertion et d’équilibrer le budget de l’établissement. 

De 1906 à 1910, le chantier est gigantesque. On construit d’abord une briqueterie non loin du château. Les charpentiers vont utiliser les bois de la propriété. On construit tout ce qui est nécessaire à une vie presque en autarcie. Les dépôts de mendicité (pavillons hommes et femmes séparés), l’hospice des enfants, celui des vieillards, les dortoirs, les ateliers (sabotiers, cordonniers, bourreliers, menuisiers, serruriers…), la boulangerie, la boucherie-charcuterie, le pressoir, la grange, la porcherie, le cellier, les cuisines, les réfectoires, la buanderie, la lingerie, l’école, la ferme, la cidrerie, les potagers, l’infirmerie… et les grand locaux administratifs font de cet établissement une sorte de « ville dans la ville ».

Le modernisme entre partout sur le site : machine à vapeur pour faire fonctionner les ateliers (avec cheminée pour évacuer les fumées), eau courante provenant d’un puits, chauffage central. 

L’établissement est inauguré le 6 mai 1910. Mais d’autres travaux viendront compléter ces premières constructions.

La population du village passe de 188 habitants en 1901 à 657 en 1911 et 907 en 1921. 

L’ouverture de la ligne du tortillard Clères-Gueures en 1913 va considérablement faciliter les échanges, et surtout l’approvisionnement en matériaux de construction pour l’établissement.

L’établissement se transforme tout au long du 20e siècle pour devenir aujourd’hui un EHPAD pour 331 résidents ( + hébergement temporaire, + accueil de jour Alzheimer) et un lieu d’accueil pour 175 personnes handicapées (+ accueil médicalisé + foyer de vie).


Françoise Hénaut

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