L'hélicoptère d'Elie Clay

Grâce à son imagination et à son audace, faisant fi des phénomènes aérodynamiques, Elie Clay s’invente en 1909 un défi qui a du sens…construire un hélicoptère !  

Alain Dugard nous entraîne dans cette aventure pour le moins étonnante.

Crédit : Archives Alain Dugard

Grâce à son imagination et à son audace, faisant fi des phénomènes aérodynamiques, Elie Clay s’invente en 1909 un défi qui a du sens…construire un hélicoptère !  


Un intérêt pour les nouvelles technologies  

Sa famille est installée au village depuis 1880, où son père Théodule est peintre en bâtiment. Ils habitent l’une des dix-huit maisons construites le long du chemin départemental. L’adolescent, né en 1889, travaille à ses côtés et le seconde dans ses différentes tâches professionnelles. 

Durant ses loisirs, il réalise avec beaucoup de minutie de petits aéroplanes mus par des moteurs à caoutchouc. L’actualité aéronautique est marquée en 1907 par les exploits de Louis Charles Breguet et Paul Cornu. Ces réalisations nourrissent l’imaginaire du jeune peintre en bâtiment qui rêve d’imiter ces précurseurs du vol stationnaire. 


Une drôle de machine

Construire un hélicoptère semble une gageure pour beaucoup, néanmoins Elie Clay montre une détermination réelle d’aboutir. Il associe à son projet son frère Maurice afin de réaliser les plans et il confie à Amand Clatot les assemblages mécaniques. Cette petite équipe se retrouve le soir et les dimanches après-midi. L’atelier de montage est improvisé dans un bâtiment agricole de la famille Vianes-Sevestre. 

En 1909, le quotidien « La Dépêche de Rouen et de Normandie » décrit ainsi l’appareil : « Le fuselage en bambou est d’une grande légèreté et repose sur trois roues. Le pilote s’assied au milieu, entre deux forts montants au haut desquels se dresse l’arbre des hélices dont la base forme genouillère.

Cet arbre, en temps normal, est dans la position verticale. Il porte trois hélices en toile superposées. Quand ces hélices sont mises en mouvement, elles assurent la force ascensionnelle. Pour donner une force propulsive à la machine il suffit, à l’aide d’une commande, d’incliner en avant l’arbre des hélices qui ainsi prend au-dessus du pilote une position plus ou moins oblique. 

Les six pales des hélices forment une surface portante de 10 m2. Le gouvernail, dont la manœuvre est facile, a la forme de ceux qui sont adoptés pour les monoplans et ses plans horizontaux se replient automatiquement afin de n’offrir aucune résistance au mouvement ascensionnel au moment du départ. 

La longueur totale de l’appareil est de 5m50 et sa hauteur de 3m90 ». Lors de cette visite l’aéronef ne dispose pas encore de moteur. 


L’exposition des petits inventeurs

Créée à l’initiative de la Société libre d’Emulation du Commerce et de l’Industrie de la Seine-Inférieure, cette manifestation a pour but d’encourager les petits inventeurs. 

Elle se déroule du 1er au 30 avril 1910. Il installe son invention au cœur de l’hôtel des Sociétés Savantes rue Saint Lô à Rouen. 

Elie Clay obtient la médaille de vermeil de la préfecture, un diplôme de médaille d’or et 400 francs en espèces ! Malgré ces encouragements, son appareil ne volera jamais. La trop faible puissance de son moteur, celui d’une moto, ne permet pas de le soulever. 

Le défi est insurmontable pour le jeune inventeur. Sa faible connaissance de la sustentation (composante verticale de la résultante des forces aérodynamiques) et de la méthode permettant la stabilisation, ruinent ses efforts.

Alain Dugard

Pour en savoir plus :

L'article de 1980 d'Alain Hénaut : L'aviation - l'Hélicoptère d'Elie Clay