Reportage : L'installation du nouveau clocher du Bocasse

Le mercredi 15 septembre 2021, la commune de Bocasse se préparait à vivre un événement exceptionnel : la pose d’un nouveau clocher sur l’église du village. Celui du 16ème siècle avait « fait son temps » et été démonté.

L’église Notre Dame de l’Assomption apparaissait corsetée d’échafaudages depuis décembre 2020. Elle attendait son nouveau clocher.

Le clocher du 16ème siècle, remanié en 1861, n’était plus étanche depuis longtemps. Il était grand temps de le remplacer. L’architecte, Frédérique Petit, de Rouen, a proposé de réaliser les différents ouvrages au sol. En décembre 2020, les premiers échafaudages sont arrivés, permettant à l’entreprise MDB (Métiers du bois, de Bretteville sur Odon) de commencer à démonter les bois défectueux et à récupérer les poutres encore en bon état. Les charpentes du beffroi et de la flèche ont été montées dans l’atelier de l’entreprise MDB puis le clocher, amené à Bocasse, près de l’église, le 28 avril et le beffroi le 23 juin. Les habitants ont pu suivre sur place la pose de la couverture du clocher réalisée par l’entreprise Gallis de Franqueville St Pierre en juillet-août. L’entreprise Lanfry a effectué les travaux de maçonnerie.

Fin juin, la cloche rénovée par l’entreprise Bodet, la croix et le coq ont été bénis, donnant lieu à une manifestation au village.

Le 15 septembre, c’était le grand jour : le beffroi, la cloche et le clocher allaient tour à tour être hissés sur l’église.

La grue venant d’Arras, attendue à 7 heures, n’est arrivée qu’à 11 heures. Nous avons eu tout le temps d’admirer les 3 éléments qui allaient être élevés dans la journée :

  • le beffroi, merveille de charpente : poutres de chêne assemblées à l’ancienne par tenons, mortaises et chevilles, sans clous, ni vis, ni colle.

  • Marie Albertine Zébédée, la cloche de 820 kilos fondue en 1861, remise à neuf, ornée de ses jolies guirlandes.

  • le clocher octogonal de 10 tonnes, couvert d’ardoises fixées avec des clous de cuivre, comprenant 8 jolies petites lucarnes de chêne, surmonté de la croix et du coq resplendissant, orné de rubans de couleurs.

Un diaporama présentait toutes les étapes du chantier de construction. Bref, de quoi nous occuper pendant cette heure d’attente !

Enfin, le gros camion grue est arrivé, accompagné de trois semi-remorques contenant différents « accessoires » de montage. Alors a commencé le ballet des chaînes et élingues après que le grutier ait déployé son bras sans fin. Les vérins, de chaque côté du camion, et les contrepoids posés au centimètre près sur le camion grue lui ont permis d’être parfaitement stabilisé.

D’abord, ce fut le levage du beffroi. Tous les spectateurs, les yeux levés vers le ciel, ont suivi le lent voyage dans les airs de cette tour jusqu’au chevêtre de l’église où des charpentiers l’attendaient. Quelle dextérité de la part du grutier qui l’a amenée exactement au-dessus de l’emplacement prévu et l’a fait coulisser doucement, sans à coups. Ensuite, vers 13 heures, la cloche s’est envolée à son tour jusqu’au faîte du beffroi ; vite fixée, un charpentier l’a fait résonner, pour le plaisir de l’assistance.

Enfin, vers 14h45, après un arrêt permettant aux autorités de procéder aux discours d’usage et à la foule de se restaurer, arrive alors le point d’orgue de la journée : le levage du clocher. Doucement, le grutier a soulevé la pièce maîtresse de l’église, harnachée de puissantes sangles. Elle s’est élevée lentement, majestueusement, pour pivoter au-dessus du beffroi, a amorcé sa descente et s’est posée avec délicatesse sur son « trône ». Les applaudissements ont fusé en entendant quelques coups de marteau frappés sur la cloche, concluant ainsi les manœuvres de cette installation tant attendue.

Lorsque tous les ouvriers sont descendus des échafaudages, une salve d’applaudissements a retenti, saluant la préparation minutieuse, le calme et la précision dont ils ont fait preuve, en un mot, leur professionnalisme. La joie et l’émotion étaient palpables chez les spectateurs qui avaient le sentiment d’avoir vécu un moment historique. J’ai été frappée par la jeunesse des équipes. J’ai alors pensé à tous les artisans qui les avaient précédés depuis le Moyen Age, à la transmission de leur savoir-faire, jamais interrompue malgré les guerres et les aléas de l’histoire. La relève était assurée : elle était là sous nos yeux. Quant au coq qui avait retrouvé son éclat d’antan, dominant le village de près de trente mètres de hauteur, il allait pouvoir veiller longtemps encore sur les quelque 700 Bocassiens et Bocassiennes.

Françoise Hénaut

Pour aller plus loin :

L'église du Bocasse (fonds Bizet)

Les cloches (fonds Bizet)

La pose du clocher - Vidéo des Métiers du Bois (Facebook)