En 1845, une tornade dévaste Monville et fait plus de 70 morts

Tirage d’une lithographie paru dans la Revue de Rouen, d’après un dessin de Charles Franck (Collection J.P. Emo )Les nombreux tirages ont été vendus au profit des sinistrés.
Le trajet de la trombeCrédit : Wikipédia

L’ouragan Katrina aux Etats Unis, les tempêtes Xynthia et Alex en France provoquent un grand nombre de victimes et de destructions. Cependant, le dérèglement climatique qui multiplie les tornades, cyclones, inondations, canicules… n’est pas un phénomène nouveau.

En 1845, une trombe dévaste la vallée du Cailly, faisant 75 morts et plus de 100 blessés.

La trombe de Monville du 19 août 1845 a fait l’objet de nombreux écrits : tout d’abord dans le journal de Rouen à partir du 20 août, dans les textes des écrivains locaux contemporains de l’évènement, Eugène Noël et François Leblanc et de leurs successeurs Edmond Spalikowski et Placide Alexandre. De plus, un rapport très précis d’experts permet de mieux comprendre les causes et le déroulement des faits. Le résumé ci-après reprend des éléments de l’ensemble de ces écrits.

Le 19 août 1845 au matin, la journée promet d’être belle. Mais vers midi, un orage se déclare à Rouen avec de fortes rafales de vent, s’engouffrant ensuite dans la vallée du Cailly se mettant à tournoyer, formant une sorte de cône d’où jaillissent des éclairs qui, à partir du Houlme commencent à emporter des arbres, des toitures. Le « terrible météore » continue sa course en effectuant des zigzags, détruisant des usines textiles à Malaunay et Monville. Quatre s’écroulent comme des châteaux de cartes, faisant de nombreuses victimes parmi les ouvriers présents en ce début d’après-midi.

« L'effroyable nouvelle, en quelques instants, se répandit par toute la contrée : tout Rouen, en moins de deux heures, se transporta, se bouscula, s’étouffa dans l'étroite vallée. Partout les magasins, les ateliers se fermèrent: les travaux de déblayement pour retrouver les morts durèrent jusqu'au matin du 20 août. » (Eugène Noël).

Le médecin de Monville, Ferdinand Châtel, ainsi que les Docteurs Flaubert et Blanche accourus de Rouen dispensent les premiers secours.

Après Monville, la trombe perd un peu de sa puissance et ne fait plus de victimes. Néanmoins, on retrouve des planches, des ardoises et objets provenant des filatures jusqu’à St Victor et Torcy, à 25-30 km de Monville.

Immédiatement, la solidarité s’organise : des souscriptions permettent de réunir les fonds nécessaires pour secourir les familles les plus éprouvées.

Les propriétaires des filatures ont bien du mal à obtenir auprès de leurs compagnies d’assurances les indemnisations qui leur semblent légitimes. S’en suivront de longues enquêtes et procès auprès du tribunal de commerce de Rouen.

La misère s’installe pour plusieurs années dans la vallée. Des ateliers de charité, devenus ateliers nationaux en 1848 viennent en aide à quatre ou cinq cents ouvriers sans travail. Certains sont employés à “des travaux de terrassement sur le chemin de grande communication que l’on construisait de Monville à Isneauville. Les ouvriers gagnaient 85 centimes par jour ; c’était assez pour ne pas mourir de faim. Il est vrai aussi qu’ils n’en faisaient guère parce qu’ils n’étaient pas habitués à de semblables travaux”. (François Leblanc) .

Françoise Hénaut

Pour aller plus loin :

Montville - Souvenirs de la Trombe de Monville (Eugène Noel)

Montville - La Trombe - 19 août 1845 (Placide Alexandre)

Le rapport des experts