La diligence ou le transport décarboné

Avant 1914, Théodore, dit Paul, Boucher (Mort pour la France - 1914) tient les rênes de la diligence de Cailly
propriété Georges Marest et son épouse, hôteliers, accompagnés ici de deux de leurs employées (collection privée)

Le réchauffement climatique, grande préoccupation du moment, est dû en partie à nos modes de transports. Nos ancêtres, qui ont pourtant parfois parcouru de longues distances, n’ont utilisé que des modes de déplacements doux, comme les diligences..

La diligence de Cailly vers 1900, appartenant à l'hôtelier Georges Marest et son épouse (présents sur la photo)

Quincampoix :
diligence ou omnibus automobile ?
Une
polémique dans la Dépêche de 1908.

Depuis des temps immémoriaux, les hommes se sont déplacés à pied, à cheval, en voiture à cheval puis automobile. Les coches, premiers « transports en commun » datent du 15ème siècle. Sous Henri IV, en 1603, le service des relais de Poste aux chevaux devient accessible aux missives des particuliers.

A Valmartin, sur le bord de la grande route, se trouve un bâtiment qui appartenait au 17ème siècle à la baronnie de Clères, et qui fut une immense taverne où s’arrêtaient, couchaient, buvaient, mangeaient tous les voyageurs de Dieppe à Rouen ; les relais s’y faisaient pour le coche, pour la marée, pour le sel apporté de Dieppe par fourgons. C’est là même que s’exerçait la gabelle : l’arrêt était donc forcé.

Sur la ligne de la Poste aux chevaux entre Rouen et Dieppe, le relais des Cambres ouvre en 1742 sur la paroisse de Fresquiennes. C’est alors le premier relais après Rouen, très bien équipé : situé sur les communes d’Anceaumeville et de Fresquiennes, le hameau dispose de deux hôtels et deux auberges, une forge et de nombreuses écuries, un bureau de tabac. Mais la ligne du chemin de fer entre Rouen et Dieppe ouvre le 1er août 1848. Le relais des Cambres ferme la même année.

Sur la nouvelle grande route de Rouen à Neufchâtel fut édifiée entre 1766 et 1772 la nouvelle « hôtellerie du Vergalant ». « La masure sur laquelle est établie ladite poste aux chevaux du Vergalant paroisse de St André sur Cailly est édifiée d’une grande maison avec deux pavillons, écurie de coté, autre écurie au fond, jardin derrière ladite écurie, lesdits bâtiments construits en brique, et couvert en ardoises, et forge à maréchal couverte en gerbes… Le tout borné en partie par la nouvelle grande route de Rouen à Neufchâtel …. ». (ADSM 2 E 6/147)

En 1839, des tempêtes de neige s’abattent, aux mois de janvier et de février provoquant un grave accident de diligence … La patache, qui assurait le service entre Rouen et Amiens, prise dans une tourmente, s’abîma dans un fossé au hameau du Vert-Galant… (D’après Robert Delamare. Rouen qui passe. Dépêche de Rouen. 1er février 1939).

A Cailly, jusqu’en 1914, la diligence, avec son coupé, suit son chemin avec son "impériale" couverte de paquets.

"La plus typique des diligences encore existantes, celle qui rappelle le mieux les antiques pataches du bon vieux temps, roulant cahin-caha par les ornières des vieilles routes de France, c'est certainement la voiture de Cailly…. Il faut la voir, dégringolant au trot de ses trois chevaux les tournants de la côte de Neufchâtel, basse sur ses roues crottées, large et trapue, ventrue et lourde. (Georges Dubosc. Les Dernières Diligences de Rouen. 1894). en 1884, elle stationnait devant l'hôtel Marest, où, sur la place du marché à quelques mètres de là, les enfants aidaient Léon Malandin à faire demi-tour avec le break de chasse transformé en voiture automobile par Edouard Delamare-Deboutteville (source famille Archeray).

La présence d’un service de diligences dans une commune est un bon argument de vente pour un bien immobilier : « cette propriété (commune de la Rue St Pierre) est distante de quatre lieues de Rouen, six de Neufchâtel... Par jour, trois voitures de Neufchâtel à Rouen, la diligence d’Amiens, la poste et d’autres voitures passant devant cette propriété, établissent des rapports très fréquents et très faciles avec ces villes, et procurent des moyens de transport très peu dispendieux. » (Journal de Rouen – 25/02/1822)

Sur la route de Rouen à Neufchâtel encore, vers 1900, un service d’omnibus à chevaux fait 5 trajets Quincampoix-Rouen dans les deux directions. Un omnibus automobile est expérimenté en 1908, mais ne semble pas avoir été mis en place pour un service régulier, comme en témoigne une protestation du maire adjoint de la commune dans une lettre publiée dans La Dépêche de 1908. Mais le photographe était là pour immortaliser l’évènement !

A Clères, au début du 20ème siècle, des diligences stationnées à l’auberge du Cheval noir transportent les élèves du collège de Normandie de la gare de Clères à Mont Cauvaire.

Nos écrivains régionaux ont souvent relaté les voyages, pas toujours confortables, qu’ils ont imaginés ou vécus. C’est le cas d’Eugène Noel ou de Flaubert .

Aujourd’hui, le transport d’élèves en voiture à cheval fait parfois son retour. Anecdotique ? Sans lendemain ? Ou le début d’un changement radical de mentalité ?

Pour aller plus loin :

Par ci, Par là – Les dernières diligences de Rouen par Georges Dubosc dans le Journal de Rouen du 09/12/1894 -