3 - Mobiliser l'or des Français

La guerre annoncée comme courte (quelques mois) s’installe. Elle est dure et coûteuse : coûteuse en hommes (300000 morts en 1914, 200000 durant les 6 premiers mois de 1915), coûteuse en matériel aussi. Il faut le renouveler, le fabriquer, l’acheter, le payer. Les Etats-Unis, vendeurs, notre principal fournisseur, exigent les paiements en or. Le franc, non convertible depuis 1914, ne peut plus servir au financement.

Il faut de l’or.

Si la Banque de France possède de bonnes réserves, elles sont insuffisantes pour assurer un financement qu’il faudra probablement répéter.

D’où l’idée de faire appel à l’or des français. Pas n’importe quel or, seul celui des pièces et des lingots est utile, pas celui des bijoux, mélangé à d'autres métaux et qu'il faudrait retraiter.

Le 2 juillet 1915, Alexandre Ribot, ministre des Finances lance un appel.

Une propagande se met en place pour solliciter les dons. Des comités son créés.

Des affiches sont placardées sur les murs des édifices publics, dans les villages.

Elle contient un double appel : civisme et patriotisme. L’ennemi surpris, apeuré, ploie sous la menace du coq agressif et dominateur

Des cartes postales sont émises : « Je donne ma vie, Versez votre or ».

(Musée national de l'éducation)

Les instituteurs sensibilisent leurs élèves à la nécessaire solidarité avec les soldats en donnant son or.

Les banques relayent le message.

Les slogans sont lancés dans la presse faisant appel à l’élan patriotique, à la culpabilité « votre or est improductif ».

Les journaux affichent des témoignages de « patriotes ».

Les comités de collecte, les particuliers donateurs sont félicités. En creux, ceux qui s’abstiennent sont montrés du doigt. Les rumeurs s’installent sur ceux qui ont peu mais donnent, ceux qui ont beaucoup mais qui ne donnent pas, ...

Les certificats donnés par la Banque de France en échange de l’or sont encadrés et affichés dans les maisons, bien visibles ; le message est une claire revendication : « Ici, nous sommes patriotes et solidaires de nos soldats ! »